Pierre-Laurent Cassière
Artiste en résidence au CHIC Castres Mazamet dans le cadre du dispositif Culture & Santé
un partenariat DRAC/ARS
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« La formule la plus contraire à la raison, celle qui se moque le plus ouvertement des lois de la
pesanteur, est celle qui a le plus de chance de marcher auprès du public de Coney Island » Lindsay Denison, « The Biggest Playground in the world », Mundsey’s Magazine, août 1905, cité par Rem Koolhaas in New York Délire, 1978
Dans le cadre de cette résidence de création, L’Hôpital du Pays d’Autan s’est transformé en un terrain de jeux, d’expérimentations et de réflexions plastiques, d’où les réalisations ont émergé au fur et à mesure, sans projet préétabli. Loin des institutions muséales ou culturelles, ce contexte spécifique de travail avait toutefois été envisagé dès le début en relation au concept d’hétérotopie développé par Michel Foucault. Le statut particulier de l’hôpital comme un lieu autonome, détaché du reste de la cité allait me permettre de travailler à différentes tentatives perceptives, photographiques, sonores et vidéographiques, à partir des spécificités du bâtiment. Des domaines de recherche comme l’histoire des sciences et des techniques, l’urbanisme ou la sociologie se sont mêlés à des questionnements relatifs au lieu, tant sur les fonctionnalités de l’architecture, la place des corps, la perception des espaces ou les activités et flux invisibles. En variant les points de vue, des images évoquant les univers dystopiques de la science-fiction émergeaient peu à peu. Leur ancrage dans la réalité de l’architecture les ramenait pourtant à un rapport physique, dynamique, où affleurait quelque chose de l’ordre du divertissement. La relation aux premiers parcs à thèmes — notamment Luna Park inauguré sur Coney Island, à New York, en 1903, et son voisin Dreamland ouvert l’année suivante — devenait plus claire et jouait comme un paradoxe ludique et ironique dans le contexte de l’hôpital. Le travail de création devait ainsi se placer quelque part entre la rigueur de la science, les urgences, la réalité du risque, et la fiction sensationnelle de ce même risque, volontairement provoquée dans l’univers léger, futile, dans « l’utopie dégénérée »(1) du parc de loisirs.
Le parc forain et l’hôpital … Ces lieux que tout semble opposer ont toutefois en commun une activité basée sur le travail des corps ; Omniprésents ici, où on les soigne, les opère, les guérit, et là, où on les remue, les retourne, les fatigue. Ces organismes devaient pourtant disparaître des images et des sons produits, comme pour les abstraire, comme pour laisser le visiteur se projeter mentalement, seul, dans l’inquiétante étrangeté de ces espaces autres. Loin du documentaire ou du témoignage, Attractions propose ainsi quelques travaux plastiques contextuels, réalisés in situ et jouant dans ces interstices séparant la science et la fiction, la fonction et la forme, le lieu et sa perception, la réalité et ses possibles.
Pierre-Laurent Cassière
(1)Louis Marin, Utopiques : Jeux d’Espace, 1973
Rever,
vidéo HD noir et blanc, son stéréo, 20 min, 2017.
Captures d’écran
Photos ©ADAGP/Cassière
Hétérotopie (#1)
Photographie noir et blanc, encre pigmentaire sur papier, 50 x 70 cm, 2017
photo © ADAGP/Cassière
Hétérotopie (#3)
Photographie noir et blanc, encre pigmentaire sur papier, 50 x 70 cm, 2017
photo © ADAGP/Cassière