Christophe Keller
Fiac 2008 – + si affinité Trans-Rituel 2
Un événement de l’AFIAC
Commissaire d’exposition : Pascal Pique
Directeur artistique : Patrick Tarres
L’artiste était reçu chez Nicole et Jean-Louis Cartigny
« la grande arche »
Installation extérieure, ballons atmosphériques gonflés à l’hélium, 400 x 150 m + série diapositives “Arches archaïques”
Quand je suis arrivé pour la première fois dans la maison de la famille Cartigny, qui est située un peu à l’extérieur du village de Fiac, ma première idée a été de connecter visuellement le site de mon intervention artistique à celui du village, centre de l’exposition. J’ai bien aimé le concept de Fiac depuis le début dans la mesure où il inverse le rapport habituel entre culture et urbanisme. La plupart du temps, la culture est représentée dans les grands centres urbains par les musées et les monuments, en laissant la campagne de côté. Je voulais parler de cette relation et c’est ainsi que l’idée a évolué vers la construction d’une énorme Grand Arche de Fiac. L’Arche étant à travers le monde, et plus particulièrement en France, un symbole de l’urbanité et des centres de ville. Mais cette Grand Arche de Fiac était supposée avoir 400 mètres de long et 150 mètres de haut.
Elle commencerait à la maison des Cartigny et finirait dans une petite forêt magique à proximité. L’idée étant, que si l’on comparaît avec la Grande Arche de Paris, le château d’eau marquant le centre du village de Fiac, serait juste à l’autre extrémité de Champs-Elysées imaginaires.
Ce plan audacieux ne pourrait être accompli que dans les limites des moyens et du budget impartis et avec la conviction déterminée des gens de Fiac. L’arche a été réalisée à l’aide de 28 grands ballons atmosphériques bleus gonflés à l’hélium et dessinant une parabole de 400 mètres. Chaque ballon était relié au sol par une cordelette dont la longueur a été calculée spécialement. Une autorisation a dû être demandée à la sécurité aérienne.
Nous n’aurions pas de seconde chance : sur les 30 ballons à notre disposition nous en avons testé deux le premier jour de l’installation. Dans la nuit, un orage a fait exploser les deux ballons. Alors que nous mettions en place la ligne complète nous n’avions aucune assurance que cela fonctionnerait. Miraculeusement cela a marché. Malgré les coups de vent assez forts qui poussaient les grands ballons atmosphériques dans tous les sens, la forme d’une arche parabolique était clairement visible dans le ciel bleu. Comme si quelqu’un avait dessiné une ligne avec un crayon. En approchant de la maison des Cartigny, on voyait donc l’arche géante qui venait de sous terre. Le mouvement des ballons, comme dans un mobile issu de l’enfance, laissant les visiteurs comme hypnotisés en contemplant le ciel.
Dans la grange à côté de la maison – à l’une des extrémités de l’arche, il y avait une projection de diapositives, d’une série d’arches marquant les centres urbains à travers le monde. Ces images projetées tête en bas avaient les couleurs inversées. Ceci en référence à l’arche des portes ou des voies d’accès, l’une des structures architecturales les plus anciennes de l’humanité, bien avant les maisons qu’elles anticipent.
L’arche représente le passage d’un monde à l’autre et symbolise la division des sphères terrestres et célestes dans nombre de sociétés chamaniques. De nos jours, l’arche est le symbole du pouvoir politique et culturel.
Il contient toujours la valeur symbolique de sa provenance archaïque.
Christoph Keller