Laurent MONTARON – + si affinité 2005

Laurent Montaron

Fiac  2005  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Rodolphe Collange

« “On the surface everything seems fine, underneath…there are many emotions that run deep in you »

Installation sonore

Laurent Montaron + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Bonjour Patrick,
Nous avons longuement discuté avec Laurent et n’avons rien décidé… ou plutôt, avons décidé de ne rien faire… On ne voit pas comment retranscrire une correspondance que nous n’avons pas vraiment eue, et l’idée même ne nous correspond pas, nous n’en avons pas trouvé d’autres, il est à New York, je suis à Bruxelles, nous aurons une page blanche…
Bises.
Rodolphe

On the surface everything seems fine, underneath… there are many emotions that run deep in you, 2005.
Installation sonore
“On the surface everything seems fine, underneath… there are many emotions that run deep in you” est une installation sonore au coeur de la forêt, réalisée, dans sa première occurrence, à Fiac, un village du Tarn situé près de Toulouse.
Le public était invité à pénétrer un sous-bois dans lequel l’oeuvre était diffusée, modifiant imperceptiblement l’atmosphère de la forêt.
Le volume sonore de l’installation accompagnant son parcours augmentait au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans le sous-bois.
Le chant des oiseaux, anormalement présent, avait été enregistré à une autre heure du jour puis rediffusé, le réalisme de la diffusion amenant les oiseaux à répondre à leur propre chant. Ce décalage ménageait une ambiance étrange où, paradoxalement, la forte présence de la nature frôlait le surnaturel.
Une note continue située dans le bas du spectre sonore, diffusée tel un bourdon, faisait vibrer les broussailles et les feuilles des buissons qui obstruaient peu à peu le chemin. Pourtant quasi inaudible, elle instaurait une tension pesante en recouvrant presque le champ de perception auditif. Au loin, la mélodie aiguë de violons se confondait avec la rumeur de la campagne environnante.
Le promeneur évoluait dans cet environnement sans pouvoir distinguer les sons artificiels des sons naturels, jusqu’à ce que la diffusion s’arrête brutalement, au bout de cinq minutes environ. Cette disparition abrupte, en libérant le champ auditif, provoquait une aspiration violente du bruit dans le silence, comme si le vide se faisait à l’intérieur du sous-bois. Le promeneur se rendait alors compte que ce qu’il entendait, quelques instants auparavant, était en fait un enregistrement.
Au coeur d’un silence presque assourdissant, il pouvait alors de nouveau percevoir l’improbable retour aux sonorités habituelles de la forêt, avant que la diffusion ne reprenne doucement. L’étrange sentiment d’oppression qu’il éprouvait auparavant trouvait alors son sens.
La forêt, motif récurrent dans le travail de Laurent Montaron, de La Sorcière ne vient pas à Forest of Sherwood et Viking’s Grave, est le lieu même du merveilleux, dans la tradition des contes et légendes. Ici, l’artiste parvient à la rendre inquiétante par l’adjonction d’un artifice, à la manière de bruitages cinématographiques.
Par cette post-synchronisation poétique, il crée un environnement à l’intérieur duquel l’impalpable d’une sensation acquiert la corporéité d’une expérience physique.
Marie Cantos