Mohamed El Baz
Viterbe 2010 – + si affinité Fantasmagoria
Un événement de l’AFIAC
Commissaire d’exposition : Pascal Pique
Directeur artistique : Patrick Tarres
L’artiste était reçu chez la famille Bardou
C’est une chanson qui nous
ressemble… ça passe mon coeur
peu à peu oubliera… si tu crois
un jour que tu m’aimes… rien n’est
jamais acquis à l’homme… le temps
d’apprendre à vivre… laissez-moi
danser, laissez-moi… le vent nous
portera… je suis venu te dire que
je m’en vais… ne me quitte pas…
emmenez-moi, emmenez-moi…
Je suis arrivé de Casablanca une fin
de semaine, je crois…
Alain Berthon m’attendait à l’aéroport
et nous sommes partis vers Fiac…
Je me rappelle de la radio, du jazz
et on a parlé de Marciac, de Toulouse,
des environs… Fiac devenait plus
précis dans ma petite géographie…
Vite, je demande à Alain des infos
sur les gens, tous les gens…
J’étais sûr d’avoir reçu un livre de
Patrick Tarres en échange d’un
des miens… Je demande
des nouvelles de Pascal Pique…
Finalement, vient la question qui
m’habite depuis une semaine
presque… Je vais chez qui ? un peu
gêné, je demande… Vous pouvez me
parler de ma famille, de ma famille
d’accueil… Des musiciens, me dit
Alain… Et sur la route, il me raconte
un peu les Bardou…
A ce moment, je repense aux
fameuses chansons… cela fait
des années que je veux faire un travail
à partir de chansons populaires,
comme on dit, de celles qui rythment
une existence… Autant les grandes
que celles qu’on ne cherche pas
et qu’on entend à un moment ou un
autre, juste autour de nous…
J’étais venu avec la manifestation
comme projet, maintenant je savais
que nous allions aussi chanter…Ensuite tout est allé très vite…
autour de la table, nous avons
mangé, nous avons parlé,
nous avons chanté…
Au fur et à mesure, la clairière
s’est remplie de mots, de bâtons,
de panneaux, de chansons.
Mohamed El Baz
Il y a quelque chose dans l’air, suspendu. On l’entend dans la clairière. Des airs connus, des refrains. Cheminer vers la musique des mots. Vous connaissez la chanson ? C’est qui qui chante ça ? Rester aux abords ou entrer dans le cercle. Écouter, voir les mots s’afficher en forêt. Espace intime, espace ouvert au ciel. Échappés du cercle de famille, des airs de famille. Mots bas, mots forts, comme une ondulation, une mélodie en canopée. Des rondes de mots qui nous accrochent les uns aux autres. Lire les mots un à un ou côte à côte, se balader dans les mots dressés, affichés, à contourner, incontournables. Les enfants jouent à cache-cache, trouver les mots, les effleurer du regard. Des mots droits dans les yeux, des gros mots, des mots doux, des airs dans la tête. Cachés, protégés, de tout temps répétés, proches ou lointains ils attirent, ils aimantent ou répulsent. Désir de savoir, de comprendre. Choisir de parler ou se taire.
Être happé, accroché ou indifférent, comme une rencontre qui marche ou ne marche pas. Voix nues, présences sensibles de ceux qui habitent ici, de l’artiste qui passe et d’autre chose ; il y a des voix dans la clairière, des arbres vivants et morts, des mots et des musiques plantés en terre et vibrants dans l’air, qui nous rassemblent, nous ressemblent de mémoire. Un legs, un don dont on ne connaît pas l’origine.
Entrer et sortir, approcher le son, toucher les mots et s’en éloigner. Repartir, les laisser là, comme une survivance, une permanence. Y revenir, comme un air en tête.
Monique Gatti et Mathilde Bardou