Floryan Varennes | Straight Battlefield | Résidence de territoire Fiac/Graulhet | 2017-2018
Commissariat Patrick Tarres
Dispositif soutenu par la DRAC Occitanie, la Mairie de Graulhet et la Mairie de Fiac
//// WIP + Conférence + Expositions ////
06.02.2018 >>> 27.04.2018 – Work In Progress
Vous pourrez suivre le Work In Progress de Floryan Varennes à l’espace AFIAC | 6 Place du Four 81500 Fiac
Du mardi au vendredi : 10h-12h / 14h-18h
16.03.2018 >>> 27.04.2018 – Straight Battlefield
La deuxième partie de l’exposition sera ouverte au public
Maison des métiers du cuir |33 Rue Saint-Jean, 81300 Graulhet
Du lundi au vendredi 9h30-12h / 13h30-17h30
15.02.2018 – 14h30
Conférence de Floryan Varennes Parure, Parade & Médiévalisme au cinéma VERTIGO
L’artiste présentera son travail et l’avancement de son projet à Fiac et à Graulhet.
CINÉMA VERTIGO | 15 Plaine de Millet 81300 Graulhet
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– Straight Battlefield –
Reliques du futur
Pour l’exposition Straight Battlefield, Floryan Varennes a choisi de déployer le fruit de recherches prenant leur source dans une certaine approche de l’univers médiéval. Son travail est centré sur les relations entre les formes du corps et les traces laissées par son effacement. Les unités de base des oeuvres, sont la ligne et le signe.
Des éléments extraits de l’univers sociétal mis en scène par le biais de parties de vêtement, se sont imposés jusqu’ici dans son travail comme des reliques sans nom. Précision du détail, violence contenue de certains matériaux, tout dans son univers exprime une interrogation essentielle sur les liens entre symbole, corps et matière. Chaque ensemble d’œuvres a questionné la relation que nous entretenons avec nous-même lorsqu’elle s’exprime à travers des codes prégnants, étranges, puissants.
Dans cette exposition, le médiévalisme s’impose comme le cadre général d’un ensemble d’installations épurées et symboliques. Ce monde, dans notre imaginaire, est peuplé de tournois, d’étendards, de combats singuliers, de couleurs, de désir et de sacré. C’est à cette source que puise Floryan Varennes pour nous entraîner dans son univers étrange peuplé de sculptures à la fois épurées et extrêmement évocatrices. Les sources de cette exposition se trouvent dans une gravure d’Holbein le Jeune intitulée Bad War ainsi que dans La bataille de San Romano de Paolo Uccello. Les lances de cette gravure dressées, vers le ciel ou jonchant le sol, dessinent un mouvement ressemblant au déploiement forcené et violent d’une idée devenue abstraite, celle d’un combat. Quant aux bannières, elles mettent en scène chez Paolo Uccello un rapport d’appartenance basé sur la puissance du symbole.
Dans un premier temps, pendant du plafond, se présentent neuf étendards, Codex Novem. Trois styles, trois modes, trois pointes, trois fois trois, neuf grilles flottant dans l’air évoquent le souvenir, dans l’ambiance abstraite d’aujourd’hui, des neuf preux de l’histoire médiévale. Chaque étendard est une forme presque évidée de la puissance du symbole qu’il est censé porter et la grille qui le définit se met à raconter une autre histoire, celle de la captivité et du désir. Il s’est mué en une grille, un piège visuel et psychique au moins aussi puissant que ne l’était, autrefois, un symbole. Les étendards nous offrent donc une vision renouvelée de l’imaginaire médiéval. Ils projettent dans un réseau de segments imprégnés de notre époque, des questions qui ne cessent de hanter les corps anonymes mais excessivement vivants que nous sommes. Floryan Varennes, il est vrai, est hanté par des spectres qu’il anime d’une manière aussi exigeante que subtile. Il ne les représente pas, il les fait exister à travers l’ombre portée du monde des formes symboliques médiévales.
Il s’est pour cela, approprié le cuir qu’il fait chatoyer dans des couleurs incernables et iridescentes en le découpant en bandes fines, segments qu’il fait s’entrecroiser comme un grillage qu’il installe entre ciel et terre, et dans l’autre partie de l’exposition, au sol. Le cuir holographique des étendards est une sorte de « vrai faux » matériau. Ce cuir synthétique vient prendre à son piège le souvenir lancinant de l’amour courtois, du tournoi et des lances qui se brisent, du combat à l’épée. Ici les étendards qui faseyent dans la lumière du soir projettent au-delà du vrai et du faux des ombres qui se conjuguent, dans une nouvelle réalité visuelle avec celle, transhistorique, de l’art.
Dans un second temps on trouve, au sol, deux rectangles de couleur bleu, blanc et gris de la taille d’une piste d’escrime, Scrima Ex Scrima. Floryan Varennes, réinterprète les lignes et les trajectoires à partir du combat de référence qu’est l’escrime qui, pour lui, constitue la source de l’appareil formel et le principe d’engendrement des lignes qu’il déploient et qui, cette fois, se croisent au sol. Striant l’espace du tapis où se règlent les combats, les segments écartelés parlent la langue du duel. Le duel est la forme strictement codée d’une rencontre entre deux corps masqués, anonymes, lancés dans la bataille originelle, inoubliable parce qu’inscrite dans la mémoire de la chair qui veut la dépense, l’effort, le tremblement, la victoire ou la mort. Incidemment, l’air ambiant s’est empli d’une brume dans laquelle chacun se retrouve immergé. On se retrouve comme prisonnier dans la bataille d’une guerre passée, et l’on comprend que ce faux-semblant ne cesse de nous perdre.
Ce travail se déploie le long de ce fil invisible qui sépare les élans de la chair et des os, des vêtements qui les couvrent et relient la violence de la pulsion à la rigueur codée des gestes de l’échange. Le corps est une pensée qui se cherche dans les formes répétitives qui signalent l’existence d’un ordre. Il y a donc lutte, mais de quel ordre est ce combat, cette joute, qui se présente à la fois comme amoureuse, sexuelle et armée ? Aux lignes droites la délimitant répondent des stries, lignes produites pas les corps de ceux qui le parcourent, épée à la main. Il y a aussi, disséminés comme le signe d’une appartenance mentale, des anneaux, des boucles de ceintures disant l’attente des corps d’être libérés et enchaînés en même temps.
Le symbole évidé nous implique dans une projection incarnée. Chaque pièce réalisée dans ces cuirs complexes vient à nous comme une relique du futur qui s’impose comme son incarnation la plus actuelle. Si le souvenir ici est pure présence, tout ce qui apparaît se donne à la fois pour insaisissable et pour réel. Chaque pièce de ce dédale mental médiéval et contemporain explose dans l’espace de l’exposition en une théophanie. Ce que nous donne à voir Floryan Varennes, c’est un espace qui ne préexiste pas à la vision mais qui nous envahit telle une découpe dans une forêt de signes qui hantent notre inconscient collectif.
Jean-Louis Poitevin
Écrivain, Critique d’art, rédacteur en chef de TK-21 LaRevue
www.TK-21.com
– Work In Progress –
« En empruntant la démarche de l’historien, je fais appel à des investigations trans-historiques, celles du médiévalisme (souvenirs et reliques de l’ère médiévale). Pour déployer ma pensée, j’interviens alors sous forme de recherches basées sur des épiphénomènes datés (effets de modes, maladies, miracles, peintures, miniatures…), couplées à des symboles persistants (croix, losanges, cercle…). Cet intérêt pour les détails passés convergent dans mon iconographie à travers des systèmes d’attaque et de défense qui manifestent toujours un entre-deux, séduction et agression.
Ces fragments temporels sont greffés dans l’installation Straight Battlefield à Graulhet et à Fiac, où sculptures et installations puis objets, dessins et reproductions de miniatures agrandis expriment des questions de (re)présentation, de conflits et de duels.
Dès lors, dans le Work In Progress de Fiac – laboratoire de recherches évolutif – au sein d’un dispositif sculptural, mon rapport aux savoir-faire, à la répétition d’un même motif, est au cœur de mes réflexions sur la parure et ses hybridations. L’installation castrale se construit autour de l’élaboration d’un médiévalisme relatif au sport, l’escrime, avec ses règles, ses couleurs, son espace et ses codes : deux pistes d’escrime transformées en tapis et des étendards ajourés et alignés sont alors présentées de manière fragmentée. »
Floryan Varennes
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