Virginie Loze
Fiac 2005 – + si affinité
Un événement de l’AFIAC
Commissaire d’exposition : Pascal Pique
Directeur artistique : Patrick Tarres
L’artiste était reçu chez Nicolas Pack
« Fat Freddy LSD »
Virginie Loze, 2005 / Vidéo, muet, 1mn 35 / Régie vidéo Sébastien Taillefer
Mardi 27 décembre 2005, en Vieulelle, Caraman.
De Virginie Loze à Nicolas Pack.
Te souviens-tu, Nico ? Patrick nous a présenté.
Du café, nous sommes allés chez toi ; cette maison que tu loues avec Seb, sur les hauteurs de Fiac. une habitation construite dans les années 80, avec de la pelouse devant, une haie de lauriers et un Catalpa un peu triste. Sur le côté, un grand arbre nous a abrité plus tard du fort ensoleillement de juin. Et puis, le chaos de bûches et de troncs sectionnés et déchargés là, un peu avant la pente et la limite du terrain. Pour te chauffer, tu m’as dit, et rester au coin du feu l’hiver, comme de profiter du panorama face aux Pyrénées, l’été.
Tu m’as montré la « plante-crevettes » sur le rebord de la fenêtre, les néons violets qui fond de la lumière noire, la poubelle odorante utilisée pour préparer le rhum, les enceintes, ta table de mixage, le reste du matériel pour les free parties.
Au salon, je t’ai dis que j’aurais voulu lors de notre première rencontre t’approcher déguisée en fée, la peau nacrée, du bleu sur les paupières, accoutrées vraiment comme une fée et te dire que j’exaucerais tes voeux. Dark Vador était adossé au mur.
J’ai vu ta collection de canettes, le coffret d’Alien, l’affiche des Simpson, l’énorme téléviseur à écran plat, l’ordinateur de Seb, les canapés usagés, de tout partout dans la cuisine, une petite table basse souillée de cendres et de bout de tabac.
Je t’ai dis qu’à fumer autant doser afin d’être en état hallucinatoire. Le regard empli de complicité, tu m’as raconté ton unique expérience du LSD, à l’âge de dix-sept ans.
Tu avais absorbé un « Fat Freddy » nom d’un personnage de bande dessinée américaine des années 1970, crée par Gilbert Shelton. A travers la série des Freak Brothers, l’auteur a raconté le quotidien de trois personnages dont l’occupation principale était de se droguer et trouver le moyen de se procurer cette drogue, sur le ton de la désinvolture et du « je m’enfoutisme ».
J’ai recueilli ton témoignage, tu disais : « Le conducteur de notre véhicule est apparu avec un masque blanc de Comedia d’El Arte souriant comme un diablotin…
En marchant, le macadam s’est assoupli comme de la barbe à papa… A Albi, au niveau du rond point où figure la sculpture de Casimir Ferrer, une jungle est apparue…
Dans l’habitacle du véhicule, à travers le pare-brise, une nuée d’insectes ou peut-être des flocons de neige se sont approchés… Des flammèches blanches ont traversé la route le long du trajet… Le contrevent d’une des maisons scintillait comme du métal…
Au-dessus des voitures en stationnement, de hautes fumées violettes sont apparues…
J’ai rapetissé au point de devenir minuscule…
La perspective de la rue s’est intensifiée comme les lignes fuyantes d’un tunnel et les façades ont ondulé comme dans un mirage ».
Plus tard, j’ai agencé ces visions en images. J’habite non loin de chez toi.
Je venais te montrer comment successivement, j’envisageais le déroulement des plans visuels. C’est par la télé, sous la forme de vidéo DVD que j’imaginais projeter tes visions, en raison de ton habitude à te détendre devant les programmes audiovisuels.
Au moyen d’effets spéciaux vidéo, du dessin et l’aide technique de Sébastien Taillefer, j’ai réalisé une minute d’images de film d’animation qui ne sont pas l’exacte représentation des phénomènes visuels que tu as perçu mais la mise en forme de tes mots.
Puis, on a diffusé le film sur le téléviseur du salon durant tout le temps de « + si affinité ».
De bons moments, des extra…
A next.
Virginie
De Nico à Virginie,
Comme je te l’ai auparavant dit
L’écriture n’est pas mon exercice favori
Mais je vais m’essayer à coucher sur papier
Quelques mots pour exprimer mes pensées.
En relisant ta lettre, je me suis arrêté sur un point troublant. Tu évoquais le fait que tu aurais voulu m’approcher lors de notre première rencontre, déguisée en fée, « du bleu sur les paupières » et me dire que tu exaucerais mes voeux.
Rien d’inquiétant jusque-là. Ce qui a attiré mon attention, c’est que récemment lors d’une soirée déguisée j’avais choisi pour m’accoutrer le personnage d’une fée, de bleu vêtue, avec du bleu comme couleur de maquillage (notamment sur les paupières).
Voilà déjà quelque chose de plus croustillant !
Plus intéressant encore, j’étais ce soir-là équipé d’une baguette magique scintillante de bleu (en réalité un de nos « sabres laser » fabriqués pour la soirée dans les bois, récupéré pour l’occasion), et je me proposais d’exaucer les voeux des personnes que je rencontrais.
Et c’est là qu’en moi ont commencé à se dessiner les scénarios les plus malicieux, aurais-tu joué sur mon subconscient ? Ne serais-je qu’un pantin manipulé par quelques fils dont tu détiendrais le contrôle du bout de tes doigts agiles, lien entre tes pensées et tes dessins, guidés par quelques pulsions créatrices (dont je serais le jouet ?!!!).
Je tentais de reprendre le contrôle lorsque pour m’achever, je me suis rendu compte que cette soirée déguisée s’était sûrement déroulée au moment où tu écrivais ta lettre.
Voilà une petite anecdote racontée sur le ton d’un polar, bien sûr aucune de ces sombres pensées ne reflètent la réalité. Au contraire je garde un agréable souvenir de notre rencontre.
Au plaisir…
Nico