Florent DUBOIS

Le cygne triste et le crocus mordoré

Artiste en résidence de création à l’école primaire Claude Nougaro, Damiatte
Route de Graulhet 81220 Damiatte

Vernissage 13.04.2018 >>>18h
Exposition ouverte au public 06.05.2018. 10h>12h – 14h>18h

 

Né en 1990 à Besançon, diplômé de l’ENSBA de Lyon Florent Dubois est basé à Toulouse, où il vit, enseigne, et travaille.

Le travail de Florent Dubois pourrait avoir le charme d’un cliché touristique ; un goût que l’on devine pour la fétichisation du kitsch : ou comment faire du neuf avec du vieux (kitschen) et transfigurer l’art d’accommoder les restes. Des agencements bariolés, qui seraient ceux d’un glaneur-amoureux réifiant par appropriation, assemblent, comme dans Debutante’s Ball, les débris d’une fête où se figent, dans des objets scintillants et trompeurs, le mouvement de pom-pom girls épuisées et de majorettes adoratrices des hennins de magiciens disparus.
Peut-être que je me trompe, peut-être que je projette, mais c’est justement là le bénéfice de ces objets qui je l’admets, ont un véritable effet vaudou ou veau doux si vous permettez ce mauvais jeu de mots duchampien. Des objets-vélins donc, des objets-supports pour récits sculptés entre jeux de stationservice, tissus foirefouille, et attractions tir-aux-canards du Lunapark local. En somme des histoires folk, suffisamment berçantes pour nous hypnotiser et nous faire inventer des détails qui n’existent certainement pas.

Et puis il y a les dessins de Florent Dubois. Mi-bestiaire mi-herbier. Une collection de choses inachevées et comme prisonnières de son propre vouloir: celui de terminer ou non la ligne, de colorier ou non la joue. Des dessins de choses inexistantes ou détournées, comme des convocations un peu magiques. Évidemment il y traîne l’air léger de ces rituels wiccanesques et ricanesques, une danse des esprits qui placerait d’office Dubois dans les limbes de l’art brut. Mais justement non, ce serait trop simple (ou trop élaboré). On observe plutôt ici les gestes d’un conteur exquis, un « danseur de java » (si vous connaissez la chanson un peu oubliée de Dominique Dalcan), celui qui justement esquive exquisément.
Ce travail s’initie encore ; ce sont des passes dans le vide, celles d’un torero ayant compris qu’il ne sert plus à rien de tuer l’animal, mais plutôt de sublimer la desplante face au rien. On pourrait croire que les pièces une fois posées deviennent inactives, inaudibles. Elles sont pourtant, je le crois, chargées de duende. Ce dernier parallèle à la tauromachie s’en éloigne pourtant et rappelle ce très beau texte de García Lorca sur le jeu et la théorie du duende, intraduisible esprit frappeur qui habiterait les choses : où comment faire le portrait de l’artiste en envoûteur.

Catherine Guiral, août 2013

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