Francoise QUARDON- + si affinité 2006

Francoise Quardon

Fiac  2006  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Agnès Pintchman, Nicols Masure et leurs enfants Thomas, Marie et Emilie

« La mort de la phalène »

« Les phalènes qui volent le jour ne méritent guère le nom de phalène ; ce sentiment de nuit d’automne et de lierre en fleurs que suscite en nous le plus vulgaire des papillons de nuit, endormi à l’ombre du rideau, elles ne le font pas naître. Ce sont des créatures hybrides, ni gaies comme les papillons, ni sombres comme les créatures de leur espèce ».

Une famille, un couple de vétérinaires, trois enfants, un chat, un chien.De prime abord, ayant feuilleté les catalogues des manifestations précédentes, la grandiloquence sentimentale des uns et des autres me hérisse le poil. Drôle de lieu pour une “rencontre” !
Je pense immédiatement à Deleuze, à son dégoût des animaux “familiers et familiaux”, à son intérêt pour les petites sales bêtes (tiques, puces…).
Nous sommes étrangers les uns aux autres, mes hôtes et moi ; eux aussi sont un peu dubitatifs.

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Nous nous accordons très vite à un fonctionnement de bonne entente, distanciée et respectueuse. Leur maison est ouverte sur l‘extérieur, comme eux, avec simplicité. Le petit garçon de la maison me prête sa collection d’araignées en plastique…
C’est décidé, je me transformerai en Arachnée, peut-être la première femme-artiste, elle qui a défié la déesse, les canons du beau, l’éternité et pour cela a été punie et transformée en vilaine bestiole à huit pattes
Voici donc « La mort de la phalène », clin d’œil très sérieux à l’altérité, à l’animalité humaine, à la force de subversion de la femme, à la disparition.
Imprimée sur un voile traversé par la lumière, je disparais… un peu, je suis juste de passage, à cet instant.

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« Pourtant, après une pause due à l’épuisement, les pattes s’agitaient encore.
C‘était superbe, cette ultime protestation, si frénétique qu’elle réussit finalement à se retourner. Les sympathies, bien entendu, allaient toutes à la vie et j’étais étrangement émue – alors qu’il n’y avait personne pour s’apitoyer ou le savoir – par cet effort gigantesque d’une phalène insignifiante pour s’opposer à une puissance ainsi démesurée, afin de conserver ce qui n’avait de valeur pour personne, n’intéressait personne. Une fois de plus on voyait en quelque sorte la vie, une perle de vie très pure ».

Françoise Quardon, février 2007
Les passages en italiques sont extraits
de « La mort de la phalène » de Virginia Woolf

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