18ème édition de « des artistes chez l’habitant »
Titre : Frontières effrangées
Lieu : Fiac
Période : 08.09 > 10.09.2017
Vernissage : 08.09.216

Commissaire général : Patrick Tarres, directeur artistique de L’AFIAC
Commissaires invités : Annabelle Ténèze, directrice générale des Abattoirs-FRAC Occitanie Toulouse et Jackie-Ruth Meyer, directrice du centre d’art Le LAIT, Albi

FRONTIÈRES EFFRANGÉES

« Ce qui me semble le plus beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, […] un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible ». À l’époque où Flaubert veut écrire un livre sur rien, Edouard Manet peint une peinture littérale, des touches de couleur sans Moi ni narration.
Si la réflexion sur les frontières entre les genres artistiques ne nous permet pas d’appréhender à ce jour la notion d’art total, cette dix-huitième édition de des artistes chez l’habitant souhaite offrir une lecture féconde du dialogue entre la littérature et les arts visuels. Pour ce faire, il sera proposé à chaque artiste invité à participer à Frontières effrangées de choisir un livre ou un texte auquel il est particulièrement attaché et de proposer une projection de son imaginaire de lecteur sous la forme d’une oeuvre d’art. Ces lectures seront-elles fidèles aux nôtres ? Il ne nous restera qu’à lire les écrits choisis par les artistes pour nous en faire une idée.
Patrick Tarres

Les artistes ont forcément des liens aux textes. Certains en écrivent. Tous s’en nourrissent. Les textes alimentent les idées et l’imaginaire, transmettent la mémoire, produisent des images mentales, s’infiltrent dans notre identité. Ils permettent aussi d’échapper au réel et de le retrouver, en le traduisant.
Les écrivains et les artistes traquent le réel et créent des univers. Ce sont des capteurs sensibles et ils se déplacent constamment dans l’espace et le temps. Une phrase ou une oeuvre peuvent changer la perception du monde pour toujours. Les artistes et les écrivains n’ont pas de certitudes, ils construisent quelque chose qui apparaît soudain, entre des pages ou dans l’espace.
Nous avons invité des artistes à s’inspirer d’un texte de leur choix et à le transposer librement en formes visuelles. Son souvenir, sa lecture, sa matière, son sujet, sa langue, sa forme, tout peut être un point de départ pour le voyage. Les oeuvres se réalisent avec la complicité d’une famille du village, sur son lieu de vie, selon les règles de la manifestation.
Jackie-Ruth Meyer

Si le rapport entre les mots et l’art, entre le livre et la peinture, est une constante de l’histoire de l’art, l’art du XXe siècle a battu en brèche les frontières entre l’écrit et l’image : Dada, avec la poésie phonétique et son goût de l’absurde, a marqué une rupture avec le langage établi de l’art, tandis que l’art conceptuel a énoncé que l’idée, et donc les mots, précèderait l’oeuvre. Dans notre ère numérique s’ouvre une nouvelle multiplication des écritures, des réseaux sociaux au langage SMS. Comment peut aujourd’hui s’écrire une oeuvre plastique face au récit littéraire, le lieu de toutes les fictions et toutes les vérités, face au livre, ce répertoire de formes comme de sens, ou encore à la bibliothèque, la masse des récits rendue disponible à tous ? L’artiste est-il un lecteur ou un écrivain comme un autre ?
Annabelle Ténèze

 

les artistes de FRONTIÈRES EFFRANGÉES

Edwige Armand, Occitanie

Edwige Armand travaille sur la question du corps, du temps et de l’espace à l’heure du paradigme rhizomique. Son approche plastique s’articule avec des questionnements théoriques et ses créations relèvent le plus souvent d’interactions avec les milieux scientifiques. Elle a réalisé divers projets avec Valérie Bergoglio (INSERM) et Nicolas Langlade (INRA) qui interrogeaient la question du progrès, des représentations scientifiques et l’idée de ce que signifie être vivant. En collaboration avec Thomas Breton (IRIT, Vortex), elle construit une pièce dont le résultat plastique est indéterminé et intègre des algorithmes de vie artificielle. La question de l’indéterminé, une des caractéristiques du vivant et de la création, reste au centre de ses préoccupations. Son travail, bien qu’il découle d’interrogations personnelles est toujours le fruit d’une collaboration avec des domaines scientifiques, d’une co-création, où le partage des connaissances et des doutes de l’humain l’intéresse particulièrement.  Le doute de nos connaissances lié à nos limites corporelles est aussi une thématique récurrente dans sa pratique plastique.

Photo : « Endophonie Mécanisée », 2012
Installation Interactive-organique réalisée dans le cadre du Master Création Numérique à Toulouse 2 Jean Jaurès ©Sandra Garcia

 

Emma Dusong, Ile de France

À travers la voix humaine, parlée ou chantée, Emma Dusong recherche des expériences vivantes. Telle une respiration, sa voix suit les émotions, se transforme et devient pour nous la source vivante d’un mouvement intérieur.
Née en 1982 aux Lilas, Emma Dusong vit à Paris. Diplômée de l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris avec les félicitations du jury en 2008 puis résidente au pavillon du Palais de Tokyo, elle présente son travail en France et à l’étranger depuis le début des années 2000. Elle réalise des œuvres à regarder, à écouter, à manger ou à sentir sous divers médiums : son, vidéo, installation, objet, gravure, chocolat, photographie et performance. Elle est également docteur en sciences de l’art et esthétique, maître de conférences à l’université de Picardie-Jules Verne et écrit sur le chant dans l’art contemporain et le cinéma. Son travail est représenté en Suisse par la galerie Laleh June. En 2016, elle expose Suivre sa voix au CRAC Languedoc-Roussillon à Sète, Source sonore au CAIRN, Centre d’art à Digne-les-bains, et également Robines dans le cadre de l’exposition Polyphonies au Centre Pompidou à Paris. En mars 2017, Annette Messager choisit Emma Dusong parmi ses cinq coups de coeur qu’elle présente lors d’une exposition virtuelle sur Arte, dans un documentaire de Claudia Müller. Suite à une résidence au sein de la Maison Bernard (dont l’habitologue est Antti Lovag), son oeuvre sonore Et O rejoint la collection du Fonds de dotation. Elle fait également partie de la collection du Musée Gassendi et du FRAC Languedoc-Roussillon. Dans le cadre de In Situ Patrimoine et art contemporain, son oeuvre vocale En haut est exposée au sein du chevalement de la mine de Decazeville dans l’Aveyron du 6 juillet au 17 septembre 2017. vers le site de l’artiste

Photo : « Robines », juin 2016
Installation vidéo sonore,  Collection Musée Gassendi, 1/3

 

Jean-Baptiste Janisset, Val de Loire

La démarche de Jean-Baptiste Janisset s’ancre dans une recherche autour d’une mémoire collective complexe liée à l’histoire de la France, et notamment de la colonisation, à travers sa manifestation dans les sculptures publiques. Ces traces et restes qui continuent à manifester ces faits historiques. La mémoire collective se joue dans la sculpture, dont les formes visuelles et sensibles, la puissance, la charge donnent présence à cette histoire. Souvent sous une forme spectrale, voire fantomatique.  Il élabore des processus et des gestes qui relèvent d’une volonté presque animiste de charger un matériau inerte d’une volonté propre, de rassembler des forces contraires en tension pour conférer à la sculpture une énergie « vitale ». Il s’agit de lui donner une puissance de résistance, de considérer son processus de croissance et de réduction, d’élévation et d’affaissement, son champ de force et d’action. Et ce afin de générer des expériences, des situations, des réflexions. vers le site de l’artiste

Photo : « Monkey*Poppy », Zinc, Étain, Cuivre, Plâtre, Bois 132x98cm, 2017 et « Reine*Rose_Bleu », Zinc / Étain / Cuivre / Plâtre / Bois 164x82cm, 2017 – Exposition-lancement de la revue Point contemporain #5 « SENSIBILITY » Villa Belleville, Paris

 

Eva Galtier, Provence Alpes Côte d’Azur

Diplômée de l’école des Beaux-Arts de Lyon en 2012, Eva Galtier mène une recherche autour des esthétiques populaires. Elle développe des formes qui valorisent une forme de kitsch, trouvées dans des éléments de décoration que l’on peut considérer «de mauvais goût». Ses dernières installations fonctionnent à la façon d’un display ; les différents éléments peuvent être disposés et choisis de façon différentes selon les espaces d’accrochage. Ces displays sont élaborés de façon à jouer avec la surenchère décorative afin de créer des ensembles dans lesquels les contraires seraient harmonieusement possibles. Qu’elles soient documentaires ou décoratives les formes qu’empruntent ses réflexions sont traversées par les notions de domestique, de jugement et de vernaculaire. vers le site de l’artiste

Photo : « L’hippocampe terne et la méduse constellée », en collaboration avec Benédicte Thoraval et Florent Dubois, Espace GT, Marseille Février 2017

 

Michèle Magema Ile de France

Michèle Magema est née à Kinshasa, en République démocratique du Congo, en 1977 et vit en France, à Paris, depuis 1984. En 2002, elle est diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et participe ensuite à de nombreuses expositions, Africa Remix au Centre Georges Pompidou, Global Feminisms au Brooklyn Museum, New- York, Parade and Procession au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington DC.
Son travail est un dialogue permanent entre les histoires individuelles, l’Histoire, l’histoire de l’art et la mémoire collective Elle réalise des mises en scène qui se déploient dans divers espaces extérieur et intérieur. Son médium privilégié est la vidéo, mais elle utilise également le dessin, les installations et très régulièrement la performance. Une dernière en date, Picturing (THE) stories, présentée dans le cadre du Festival SUD au Cameroun, met en exergue des éléments marquant la période coloniale camerounaise que l’artiste s’est appropriée, pour donner à voir un tableau coloré, se déployant dans l’espace. vers le site de l’artiste

Photo : « L’envolée, un pas vers le ciel » – Mono vidéo- 6,5 mn- Michèle Magema©2017

 

Chloé Mathiez, Nouvelle Aquitaine

Dessinatrice, Chloé Mathiez a étudié à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême et à la Villa Arson de Nice. Elle utilise principalement le stylo-bille parfois réhaussé de couleur au crayon. Son interêt se porte sur l’expression de personnages, les détails et les motifs qui occupent nos champs de vision. Elle publie des pages pour différentes revues graphiques et artistiques notamment Freak Wave (Paris), Gestroco Club (Angoulême), Le Crachoir (Paris), Hopital Brut/Le Dernier Cri (Marseille), Mon Lapin (Paris), Équilibre Optimum (Paris), l’Armée Noire (Lille/Nantes) et réalise des fanzines, parmi lesquels Donald dépasse les frontières (2009). Elle est également co-auteure de la bande dessinée Guerriers amoureux (adaptée du roman de J.-L. Costes), sortie en 2016 chez Eretic-Art.

Photo : « Yekini », stylo bille noir sur papier A4

 

Camille Savoye, Occitanie

Aux Fourneaux du centre d’art et de design La cuisine, Camille Savoye explore l’alimentation à travers une pratique qui mêle médiation et création. Sa formation de cuisinière et de muséographe l’amène à tisser des liens entre les produits travaillés, les saveurs assemblées et l’espace de dégustation.
Attachée au plaisir de manger, son travail culinaire est à la recherche d’un équilibre entre la mise en scène et la gourmandise.

[Partenariat avec le centre d’art et de design La cuisine]

Photo : Vernissage de Marché noir, biennale de l’ISCID de Montauban, à La cuisine, centre d’art et de design, 2017 ©Lucie Guitard

 

Jeanne Susplugas, Ile de France

Jeanne Susplugas vit à Paris. Son travail est représenté par les galeries Valérie Bach (Bruxelles), Iragui (Moscou), Wild Project (Luxembourg) et New Square (Lille). De la vidéo à la photographie, de l’installation au dessin, Jeanne Susplugas évolue dans un univers aussi séduisant qu’inquiétant avec comme préoccupations principales nos addictions et autres aliénations. Sa démarche engagée aborde toutes les formes et stratégies d’enfermement tant pour interroger les relations de l’individu avec lui-même qu’avec l’autre. Sa façon de traiter les pathologies du monde contemporain s’applique à en traduire les signes et les symboles dans le champ des arts plastiques. vers le site de l’artiste

Photo : « All the world’s a stage », installation, production Centre d’art Le LAIT, Albi, 2013 © Jeanne Susplugas

 

Delphine Trouche, Ile de France

« Delphine Trouche construit des ponts et des espaces de transition pour accéder à d’autres états de conscience. À travers la performance et la peinture, elle explore les possibilités de ces médiums afin d’évoquer des sujets relatifs au genre, à l’identité, et plus généralement à une transformation de notre manière d’être au monde (…). Sur ses muraux en papier, elle appose des posters qui sont des espaces de projection. Accrochés dans la chambre d’un adolescent ou dans les toilettes de la maison, ils reprennent des images publicitaires telles une plage déserte ou un coucher de soleil. Ces posters sont aussi des fenêtres sur le monde et permettent de s’extraire du quotidien et de l’existence. L’artiste singe des signes déjà rencontrés dans l’histoire de l’art – chez Supports/Surfaces ou De Chirico – de manière burlesque afin de mieux les détourner. Elle s’affranchit des codes esthétiques imposés mais aussi de l’héritage pictural. Il ne s’agit plus tant de parler de peinture que de passer dans une nouvelle dimension de l’esprit. Elle s’amuse également à transgresser les normes dans ses performances, comme lorsqu’elle se revêt entièrement de poils laissant seulement ses seins apparents, où lorsqu’elle enfile un costume d’escargot, hermaphrodite de sexe masculin et féminin. Le caractère subversif et amusant ainsi que le mélange des genres et des références dans son travail sont autant de preuves que le désir ne se construit plus seulement entre les lignes qu’ont dessinées les hommes, mais bien dans les formes que se sont appropriées les femmes. À travers la sexualité, l’amour et la spiritualité, elle invoque un nouvel état mental libéré du carcan masculin. Chez elle, le caractère jouissif du travail est essentiel. « Je prends plaisir à peindre, ce n’est pas forcément cérébral », dit-elle ». Marion Vasseur Raluy vers le site de l’artiste

Photo : « Riverrun, past Eve and Adam’s », 2017, peinture murale, gomme laque et acrylique sur papier, dimensions variable, Exposition « Peindre, dit elle 2 » musée des Beaux-Arts de Dole 2017

 

Erwan Venn, Nouvelle Aquitaine

L’ensemble de la pratique artistique d’Erwan Venn repose sur une exploration mémorielle et sensible, à partir d’archives, de motifs, d’histoires, qui font mémoire. Son souci est de «Faire image», c’est-à-dire de trouver ce « petit sentiment d’extase que l’on éprouve quand nous retrouvons des souvenirs enfouis au sein de notre mémoire ». (…). Parallèlement, il pointe du doigt la prégnance de cette idéologie profondément ancrée dans les strates du contexte sociopolitique actuel. Une pensée moraliste basée sur une conception galvaudée de la nature humaine qui continue à dresser des barrières entre les individus en excluant toute forme de différence. En ce sens, l’artiste se démarque d’un héritage familial auquel il a refusé de se conformer et revendique son appartenance aux subcultures, aux marges. Dans les espaces numériques qu’il fabrique, il questionne, détourne et bouscule les méandres d’une histoire à la fois personnelle et collective.  Julie Crenn
vers le site de l’artiste

Photo : « Pierre », mine graphite sur papier aquarelle, 45 x 45 cm, Erwan Venn  @2013

 

les habitants de FRONTIÈRES EFFRANGÉES

Martine et Jean-Pierre Garouste reçoivent Michèle Magema
Alexia Grimalt et Dominique Lecorney reçoivent Delphine Trouche
Guilaine du Manoir et Jean-Yves Nédélec reçoivent Chloé Mathiez
Yasemin Henden et Julien Martinet reçoivent Eva Galtier
Nathalie Puech reçoit Emma Dusong
Mélanie Couraud et Olivier Delattre reçoivent Edwige Armand
Brigitte Cartier et Francis Bidault reçoivent Jean-Baptiste Janisset
Judith Ajchenbaum et Erwan Bonté reçoivent Jeanne Susplugas
Alain et Jean Sudre Bech reçoivent Erwan Venn

 

les infos pratiques de FRONTIÈRES EFFRANGÉES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vivre le festival

Pendant trois jours, le public est invité à visiter, sur le mode d’une déambulation libre, les dix lieux répartis sur la commune pour y rencontrer les artistes, leurs hôtes et découvrir les oeuvres réalisées pendant la résidence. Un dialogue s’engage alors : étonnant, enrichissant, parfois même catalyseur d’un changement sensible de son rapport à l’art, à l’esthétique et au(x) vivant(s).

L’exposition peut se parcourir à pied au gré de la journée ou du week-end – possibilité de restauration et gîte sur place ou dans les villes et villages alentours.
Infos auprès de l’Office de tourisme du Lautrécois – Pays d’Agout Tél. : 05 63 97 94 41 www.lautrectourisme.com

Entrée libre et gratuite sur les lieux d’exposition