Paul de Sorbier | Insect-Like / Like-Insects

AFIAC-Like / Like AFIAC

Quelle joie ! En 2014, il revint à la Maison Salvan d’être sollicitée par l’AFIAC. Tout programmateur, aux prises avec son propre environnement, ne peut que rêvasser au sujet d’un tel contexte de travail : un véritable conte de fée du milieu de l’art contemporain midi pyrénéen… Il était une fois dans le Tarn, dans un village de 850 âmes, des personnes aux rapports très variés à l’art contemporain qui accueillent, dans leur intimité, des artistes en résidence puis le public le temps d’un week-end. + si affinité… des artistes chez l’habitant… Ces intitulés disent si bien la nature du festival.

………………………….la suite …………………………..
Souvent, l’exemplarité d’un projet ne fabrique pas le modèle permettant de l’expliquer, a fortiori de le dupliquer. Les dynamiques ne sont pas reproductibles car elles ne sont pas linéaires. Qui peut décrire aujourd’hui les raisons faisant que le festival est si bien implanté, qu’il peut même se risquer à changer de date en 2015, à être mobile une année sur deux, à oser des thématiques qui feraient frémir toutes structures à l’urbanité certaine… La beauté de l’AFIAC repose dans ce mystère que seul connaît in extenso Patrick Tarres et, certainement, quelques habitants du village de Fiac. Sa beauté repose aussi dans sa généreuse ouverture : chaque année, des commissaires invités viennent y apporter un peu d’air de chez eux.
« L’utopie est un ailleurs à réaliser présentement et non pas un futur à venir » écrivit Thierry Paquot. Peut-être faut-il introduire un peu d’aventure fiacoise dans le quotidien que l’on retrouve au retour de Fiac. Pour la Maison Salvan, il reste un souvenir global et tenace : avoir participé à un morceau de vie total dans lequel s’affairaient des artistes, des habitants, des bénévoles, du public…
C’est d’ailleurs sur ce point précis que peut se comprendre la façon dont a été appréhendée la thématique. La notion « d’écosystème autre » a constitué le coeur de la réponse. Elle permettait à la fois de penser le festival pour ce qu’il est et de réagir à la question des insectes. Ce qui est fascinant avec ces bestioles à trois paires de pattes, c’est tout ce que nous ne voyons pas d’elles, c’est tout ce que nous ne savons pas non plus, avec leur incroyable capacité d’adaptation au froid, au chaud, aux milieux doux ou salins… Partout autour de soi, sous la moindre pierre, le vulgaire morceau d’écorce, une multitude de « sociétés » fantômes participent au grand tout de la planète. Au fond, il s’agissait d’aborder la thématique des insectes, peut-être un peu « bêtement », comme une métaphore du festival : AFIAC-like / Like AFIAC. Ce festival est une portion du monde de l’art bien connu et indispensable au fonctionnement de l’écosystème artistique global, et ce en ayant fabriqué ses propres règles esthétiques et sociales, ses propres règles adaptatives en quelque sorte.
Ainsi, c’est à la manière d’un scientifique, qui aime regarder à la loupe, que trois expériences ont été finalement proposées, à la fois artistiques mais aussi humaines. Deux artistes et un collectif ont été conviés dans l’aventure. Leurs démarches esthétiques n’avaient a priori rien à voir avec le thème d’Insect-like / Like insects. En revanche, ils semblaient pleinement à même de rencontrer les caractéristiques du festival fiacois décentralisé à Lautrec, en puisant pleinement dans ses promesses. Jean-Paul Labro et Lyn Nekorimaté sont friands des contextes moteurs. Ils montrent un talent toujours renouvelé pour aviver les ressources locales, mobiliser les collaborations et finalement intégrer pleinement la communauté qui les reçoit. Chez Linda Sanchez, l’avancement des projets s’opère par rebonds empiriques. Il était pour le coup stimulant de lui offrir un contexte et, peut-être, de biaiser presque malgré elle un moment de l’avancement de sa recherche. Enfin Benedetto Bufalino aime proposer des déplacements formels ou sémantiques dans les lieux où ils s’implantent.
En quelque sorte, il colonise artistiquement les espaces et fait basculer leur fonctionnement. Dorénavant, il reste à patienter que vienne à nouveau le tour de la Maison Salvan. Heureusement, l’AFIAC est une tout aussi riche expérience de regardeur, « d’usager » de l’art et de la vie entremêlés…

Paul de Sorbier


Commissariat

Commissaire général : Patrick Tarres
Commissaires invités : William Gourdin assistant de direction Frac Midi-Pyrénées, chef de projet d’exposition et de diffusion en Région, et Paul de Sorbier directeur de la Maison Salvan à Labège.

Les artistes à Lautrec

insect-like-content002Julien Salaud, Pierre-Laurent Cassière, Nicolas Fenouillat, Denise Bresciani, Agnès Rosse, Suzy Lelièvre, Le collectif IPN, Collectif Ding, Benedetto Bufalino, Linda Sanchez.