Jimmy RICHER
LE SPECTACLE DU REGARD CONTRARIÉ
Artiste en résidence de création au SAMSAH La Planésié, Castres
Ce projet s’inscrit dans le dispositif Culture Handicap et dépendance un partenariat DRAC/ARS.
Vernissage 05.07.2018 >>>18h
Jardin d’Empare | 15 rue d’Empare 81100 Castres
Exposition 05.07.18 > 05.09.18 | tous les jours
« Jimmy RICHER, artiste plasticien, diplômé de l’Ecole Supérieur des Beaux-Arts de Montpellier (Félicitations du Jury) est accueilli en résidence depuis le 7 mai au SAMSAH de la Planésié. Il nous plonge au cœur d’un univers difficile à circonscrire : mythologie, magie, contes, sciences, savoir populaire. Avec une certaine audace l’artiste pioche dans ces récits d’où surgira tel un cadavre exquis une œuvre hybride, intemporelle, proche d’une « petite cosmogonie ».
Le travail de Jimmy RICHER révèle les croyances enfouies et les imaginaires communs à tous les peuples excluant l’idéal, le modèle, le maître. Les différences s’additionnent et valorisent une pensée en mouvement, un savoir en perpétuelle mutation. Construction et déconstruction rythment et contrecarrent science et sapience, frayant la voie à un nouveau savoir, inconnu, en devenir.
Pour cette sixième résidence d’artiste, Jimmy RICHER nous propose de réfléchir à la notion de différence sans édulcorer son propos. A travers l’histoire du cirque, de la fête foraine, il s’en va explorer le rapport à l’autre. L’exposition à venir « Le spectacle du regard contrarié » nous conduit sur les traces des FREAKS (énergumènes) shows, des bêtes de foire, des zoos humains qui légitimaient le spectateur effrayé, frissonnant, en quête de jubilation. Ces monstres (femmes à barbe, nains, hommes tatoués, siamois, infirmes, hermaphrodites …) étaient exposés (monstre : étymologie montrer) pour divertir les populations. Ces pratiques largement répandues d’abord aux Etats Unis puis en Europe délimitaient « ce qui physiquement était différent de nous », des normes ! Depuis les années 80/90, il n’y a pas si longtemps, ces spectacles se raréfient. Toutefois d’autres figures du monstre ont succédé à ces usages immoraux qui fascinaient le début du siècle.
Cependant la théorie du stigmate est encore active dans les représentations du handicap en général. La notion de handicap prend des formes différentes au fil des siècles, se transforme. Je vous laisse apprécier, par vous-même, les origines du mot handicap issu d’une course de chevaux. La loi 2005 pour l’égalité des droits et des chances est l’une des principales lois sur les droits des personnes handicapées. N’est-elle pas le reflet de cette origine « Hand in cap » ?
XVIIIe – Course de chevaux « Tous les chevaux sont admis à y prendre part, chargés d’un poids qui leur est assigné par le commissaire des courses, en raison des qualités qu’on leur suppose […] Ce genre de course a été imaginé afin de laisser, même aux propriétaires de chevaux médiocres, la chance de gagner un prix. En effet, il peut arriver dans un handicap que tel cheval connu par son mérite porte le double du poids qui a été assigné à un cheval médiocre, ce qui égalise les chances ». (Définition du Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle de Pierre Larousse).
Jimmy RICHER, tout en subtilité, interroge un sujet sensible qui malgré notre contemporanéité, les progrès scientifiques, l’évolution des représentations (du malheur au sacrifice) ne se réduit à aucun savoir ou connaissance. L’autisme en est le paradigme. Quelque chose du sujet « handicapé » résiste à l’ensemble des discours, aussi avancés, érudits, soient-ils.
La singularité des personnes accueillies dans nos institutions est irréductible au savoir. C’est cette énigme que l’artiste met au-devant de la scène. Le spectateur ébloui que nous serons bientôt face à cette œuvre, sera, malgré lui, dans l’obligation de renoncer aux illusions de la connaissance.
Nous remercions infiniment la municipalité de Castres pour sa coopération. Jimmy RICHER exposera au jardin d’Empare, un petit jardin secret, à l’abri des regards. Et pour ne pas conclure je laisserai la parole à Jean Christophe qui nous a dit : « On nous verra ». »
Isabelle VASILIC, référente des projets Culture / Handicap et Dépendance
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