Romuald Dumas-Jandolo | Plastic Queer

Romuald Dumas-Jandolo

Fiac 2015 – Des artistes chez l’habitant

Un événement de l’AFIAC
Commissaire général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Magali Gentet, Directrice et commissaire des expositions du Parvis, centre d’art contemporain et Karine Mathieu, Chef de projet d’exposition et de diffusion en région / les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées

L’artiste était reçu chez Dorine Nogues, Christophe Larroque et leurs enfants

 

Avant que l’ombre ne passe

Installation in situ
Tissus à sequins, paille, bois, vidéo

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Enfant de la balle, Romuald Dumas-Jandolo a passé ses premières années de jeunesse sur les pistes du cirque ambulant de son père où il était contorsionniste. C’est cette histoire personnelle que l’artiste met régulièrement en scène, centrant son propos sur un monde de l’enfance qu’il imagine fantasmatique et sur la représentation d’un corps hors normes, qu’il travestit et transforme, pour rendre ainsi compte de la diversité des genres.
Le travail de Romuald Dumas-Jandolo est polymorphe. Il est constitué de dessins, d’installations, de vidéos “auto-filmées”, de sculptures, de comédies, de chants et de performances inspirés de la culture populaire, du monde du cirque en particulier, qui confère à sa pratique une dimension quasi autobiographique. L’artiste, qui fait coïncider les antagonismes du féminin et du masculin, de l’enfance et de la mort, de la culture populaire et savante, du tragique et du comique, opère par coutures et collages de matériaux précieux et communs, tels les perles et paillettes, les bijoux, plumes et tissus, les artifices de maquillage qui évoquent homme et femme à la fois. Acteur, voyeur et spectateur de lui-même, Romuald Dumas-Jandolo met régulièrement son propre corps à l’épreuve dans des situations souvent angoissantes de claustration et de contorsion, qui n’évacuent pas pour autant une certaine esthétique “glam rock”.

C’est donc un univers riche et complexe, sombre, burlesque et baroque à la fois que déploie Romuald Dumas-Jandolo et qu’il fait découvrir à la famille Nogues-Larroque, chez qui il a puisé son inspiration.

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Dans l’étendue qui figure le jardin de leur maison, se trouve une toute petite cabane qui abrite les jeux et les rêves des deux petites filles de la famille, Lùna et Anouk. Des rêveries auxquelles les enfants donnent corps avec toute la puissance de leur imaginaire et que l’artiste va revisiter à travers la dialectique de l’humour et de l’effroi. Customisée avec de la paille qui recouvre son toit, la cabane de Romuald Dumas-Jandolo ressemble à celles des contes de fées. Pourtant un monstre semble l’habiter. À travers la fenêtre de la maisonnette, le spectateur aperçoit en effet, dès l’extérieur, un géant qui s’agite et chante avec sa voix de castrat un hommage au timbre médiéval de Klaus Nomi.
Il s’agit d’une projection de la vidéo Baptême, que l’artiste propose de découvrir en poussant la porte de la petite habitation. On y voit alors un Romuald Dumas-Jandolo performer un étrange jeu de gesticulations. Le visage barbouillé de rouge à lèvres, l’artiste est filmé en plan fixe, nu et recouvert de mousse, dans une baignoire sabot trop petite pour son corps. En transe, il exécute jusqu’à l’épuisement différentes figures de contorsion dont le potentiel de
dangerosité nous semble soudain évident. Défiant en effet les lois de la gravité, tête en bas pieds en l’air, le corps recourbé à peine reposé sur la faïence glissante, une chute pourrait bien lui être fatale. Avec cette vidéo, Romuald Dumas-Jandolo met à l’épreuve ses propres limites physiques et psychiques et interroge les rôles traditionnels du masculin et du féminin.
À l’extérieur, entourant la cabane, une dizaine de membres du Ku Klux Klan grandeur nature accueillent les visiteurs. Immobiles, fichés sur des meules de foin, ils sont vêtus de leurs traditionnels costumes toutefois agrémentés de paillettes rose et or. Un comble, les membres du Ku Klux Klan seraient devenus fans de disco ??!! Pour l’artiste, ces figures inquiétantes, mais drôles également, évoquent une sorte de “Gloria Gaynorisation” du Klan et sont une manière ironique de critiquer une des plus tragiques périodes de l’histoire américaine à travers l’icône gay de la pop music US. Mais le plus étonnant ici est que cette caricature de la cruauté anticipe et dénonce l’hypocrisie de la société actuelle, qui voit aujourd’hui l’avènement d’un président américain élu en partie sur les voix des suprémacistes blancs. Or, tel est le pouvoir des artistes, comprendre le monde actuel et pressentir celui de demain.

Magali Gentet


Commissariat général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Karine Mathieu, Chef de projet d’exposition et de diffusion en région / les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées et Magali Gentet, directrice et commissaire des expositions du Parvis, centre d’art contemporain

Les artistes

Anna Burlet, Hélène Mourrier, Tony Regazzoni, Evor, Jean Biche, Pascal Lièvre, Romuald Dumas-Jandolo, Red Bind, Delphine Balley