Des artistes chez l’habitant à Fiac
Commissaire général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Arnaud Fourrier, Directeur du centre d’art, Pavillon Blanc, Médiathèque / Centre d’Art, et Valérie Mazouin, Directrice de la Chapelle Saint-Jacques
Spectaculaire aléatoire
par Patrick Tarres
Difficile d’évoquer le spectaculaire sans convoquer directement ou indirectement la pensée de Guy Debord qui, dans La société du spectacle, critiquait le fétichisme de la marchandise pour dénoncer le pouvoir aliénant de cette dernière au service du capitalisme. Nous ne nous y attarderons pas car nous devrions aujourd’hui en être convaincus.
À l’heure où tout ce qui peut faire image fait spectacle, le champ de spectacularisation s’étend au-delà de toute éthique, posant ainsi la question esthétique qui sépare le spectaculaire du sublime, au sens de pouvoir et effectivité de l’oeuvre d’art. Les artistes invités à participer à cette 14e édition de + si affinité ne font pas spectacle, pourtant ils jouent avec nos sens jusqu’à les troubler, ils peignent le grandiose pour le dépeindre ou le dessinent à dessein, invoquent le merveilleux comme le monstrueux, érigent le minimal en monumental ou l’inverse, installent des décors et pratiquent le faux, utilisent le son, l’image et les nouvelles technologies, leur palette d’effets semble empruntée au cinéma comme au spectacle vivant.
En terre étrangère
par Arnaud Fourrier
La visite du festival + si affinité laisse généralement un souvenir étonné et joyeux des pratiques autochtones. Une fois par an, une association (AFIAC) invite des commissaires d’exposition. Eux-mêmes invitent des artistes à résider chez une dizaine d’habitants du village. Chaque année, de parfaits inconnus sont invités dans l’intimité des chaumières par d’autres étrangers, pour le simple motif qu’ils sont des artistes. Chaque année, avec presque rien, cette situation fédère des énergies insoupçonnées. Car une fois acceptés comme artistes, les étrangers s’embarquent dans une aventure qui les conduit à manger à la table de leurs hôtes ; à occuper une partie du salon ou du jardin ; à emprunter du matériel et souvent les bras et le temps des gens chez qui ils résident. Et puis, ils transforment un endroit du golf à l’abandon, un bric-à-brac de vieilles poutres assemblées entre elles où un parpaing taillé en forme de pierre tombale, de rien, au statut d’oeuvre d’art. On comprend qu’il faut une générosité et une audace particulières aux familles pour accueillir ainsi un inconnu dans leur vie. L’étranger n’est pas seulement le bienvenu, il est aussi l’inventeur, le signe annonciateur de la fête et le vecteur de la rencontre.
En 2013, on a pu voir une famille installée depuis six mois dans le village rencontrer des dizaines de voisins dans son jardin…
Fragile-précis
par Valérie Mazouin
Avancer avec détermination sur des petits bords étroits et glissants. Froissées, les idées incertaines ne se destinent pas à un itinéraire précis mais se mêlent à d’éphémères brèches, de douces convivialités.
Les architectures fabriquent les propositions. Les oeuvres se permettent une relecture des lieux. Maison de bois, maison ouvrière, maison de village, Lionel Sabatté, Marie Dainat et Ingrid Obled ont conversé avec leurs hôtes pour saisir et construire.
Débris d’ongles et de poussières, traits et lignes, ombres et sons, de l’intention s’impose l’instabilité du geste, telle une petite violence soignée. D’ici s’échappe l’infinie répétition, le mouvement perpétuel des vies, mouvements de bascule toujours faits d’abandons successifs.
Les artistes à Fiac
Abdelkader Benchamma, Gaël Bonnefon, Hugo Verlinde, Ingrid Obled, Laurence Cathala, Laurent Lacotte, Lionel Sabatté, Maeva Barrière, Marie Dainat, Remi Groussin