Collectif IPN
Lautrec 2014 -Des artistes chez l’habitant
Un événement de l’AFIAC
Commissariat général : Patrick Tarres
Commissaires invités : William Gourdin et Paul de Sorbier
Le collectif était reçu chez Colette et Jacques Mathieu
Implémentations, 2014
Découpe numérique, enduit et crépi, peinture de stade
Collectividualisme
Fondé sur Toulouse dans des anciens entrepôts du grossiste en linge de maison Boulet, près de la Gare Matabiau, le collectif IPN regroupe depuis presque trois années des artistes issus de l’École des Beaux-Arts de Toulouse (ISDAT) mais aussi de Paris, et d’autres formations, techniques et artistiques. C’est un espace d’atelier commun comprenant un atelier gravure, des ateliers individuels, des espaces de travail collectif et un show room pour accueillir résidences, expositions, performances et autres concerts expérimentaux. Une ruche artistique à l’image de celle formée par la famille des apidés, mais dont la reine serait uniquement la matrice créative individuelle au service d’un idéal collectif. Le Collectif Implémentation est un trinôme existant depuis 2011, il prend place à IPN, un collectif d’artistes partageant un grand atelier depuis fin 2012. Les projets d’Implémentation se forment souvent autour d’une commande ou de contextes d’exposition spécifiques ; ils abordent les questions du décoratif à partir des problématiques de la peinture et de la sculpture du xxie siècle. Les codes changent, les barrières entre les pratiques se rompent, le statut de l’artiste se transforme. Le trio se déplace, rencontre, apprend et répond en posant des questions ; est-on artiste ou artisan ?
Où est l’oeuvre et comment se montre-t-elle ? Les objets, les formes et les couleurs du quotidien sont exacerbées simplement pour donner lieu à des installations et des interventions in-situ.
Impossible dans le cadre d’AFIAC d’inviter l’ensemble de la vingtaine de membres du collectif IPN, le projet fut donc porté par Implémentation qui répondirent à l’invitation, en l’occurrence Laura Freeth, Julien Alins et Alexandre Atenza. Une participation triangulée qui fut accueillie en la demeure de Colette et Jacques Mathieu au sommet de la colline de Lautrec, au pied du moulin à moudre du xviie siècle – ses ailes déployées à plein vent – qui domine le site.
L’accueil et la passion de la famille et plus particulièrement celle de Gérard pour l’histoire permirent aux jeunes artistes non seulement de découvrir le village dans tous ses secrets, mais également d’avoir un total accès à la demeure ainsi qu’à leur jardin situé à quelques pas de la maison. Le résultat est une délicieuse mise en espace du salon et de la pièce de vie, ainsi qu’un travail sur la perspective et le paysage grâce à l’accès au potager de la famille.
Le motif central de cet apprivoisement du cocon familial se découvre subrepticement sous la lentille d’un microscope où a été placée une aile d’insecte dont le motif nous apparaît grossi. Il sera la matrice des moucharabieh créés pour l’occasion par le trio et installés dans les ouvertures du grand salon de Colette.
L’espace intime des occupants est investi avec subtilité, respectant les ouvertures et décrochements architecturaux de la pièce de vie, créant de nouveaux jeux d’ombre et de lumière, tel un patio andalou. La délicatesse du motif et du bois utilisé s’intègre totalement à l’espace. À tel point que le visiteur curieux passe souvent devant sans s’en apercevoir, comme si cette treille intérieure avait toujours été là.
À l’étage, sur la terrasse extérieure, un mur entier de la maison en cours de rénovation lors de la visite des artistes a été entièrement recouvert d’enduit et d’un tracé reprenant une nouvelle fois le motif de l’insecte ailé.
Enfin, pour finir la visite, nous sommes invités à nous rendre au jardin sur le flanc de la colline et à arborer une longue vue pour contempler au loin sur le stade de football – temple des nouveaux jeux du cirque – un dessin tracé sur l’ensemble de la surface du gazon. Un cheminement de l’infiniment petit vers l’infiniment grand qui mêle vie privée et vie collective, intérieur et extérieur, espace et perspective, dans la lignée des interrogations personnelles et collectives des artistes. Un travail croisé fait dans l’échange et le partage, où design, modulation d’espace, architecture, dessin s’entrecroisent à l’image du cheminement de l’art actuel en quête d’hybridations.
À ce travail sur l’espace s’ajoute une véritable complicité intellectuelle et sémantique entre les invités et leur famille, les uns proposant idées et intentions, les autres mettant tout en oeuvre pour la réalisation. Mouillant le maillot comme il est coutume de dire, mais s’éclairant mutuellement de leurs connaissances et savoirs, où le temps des discussions et des débats faisait partie intégrante de l’expérience. Un échange probant dont témoigne la mise en place pérenne de cette pièce chez les hôtes du collectif. Un témoignage du passage de l’AFIAC dans l’intimité de la famille comme il a quelquefois été le cas lors des précédentes éditions. La preuve une nouvelle fois que l’AFIAC permet une approche réelle de l’art dans la société et dans l’intimité de la vie. L’art pour tous se transformant alors en art chez tous dans l’esprit développé par cette jeune génération d’artistes (l’équipe d’IPN n’a pas 30 ans en moyenne).
William Gourdin
Commissariat
Commissaire général : Patrick Tarres
Commissaires invités : William Gourdin assistant de direction Frac Midi-Pyrénées, chef de projet d’exposition et de diffusion en Région, et Paul de Sorbier directeur de la Maison Salvan à Labège.
Les artistes à Lautrec
Julien Salaud, Pierre-Laurent Cassière, Nicolas Fenouillat, Denise Bresciani, Agnès Rosse, Suzy Lelièvre, Le collectif IPN, Collectif Ding, Benedetto Bufalino, Linda Sanchez.