Aurélie HABEREY – + si affinité 2006

Aurélie Haberey

Fiac  2006  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Françoise Galtier, sa fille Marina Crespi, et ses petites filles Emma et Lucie

« Bienvenue Nelson», 2006

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Projet
C’est véritablement ma rencontre avec Françoise et nos longues discussions qui ont été le point de départ de cette installation. Très vite j’ai voulu questionner cette expérience. L’envie m’est alors venue de créer un parcours entre le privé et le public où aucun chemin n’est véritablement tracé. L’œuvre était l’amorce d’un récit à construire.
Avec un titre emprunté au prénom de l’animal domestique de Françoise et renvoyant à un personnage masculin d’épopées marines, je voulais créer un espace ouvert au possible.

Cette résidence, par sa forme atypique, m’a amenée à réfléchir sur l’espace dans lequel je me trouvais. Par le biais de la fiction, je voulais projeter des images dans la réalité physique du paysage. Je souhaitais ainsi transposer ma réalité dans l’espace et créer une sorte de frottement entre les deux.
Le personnage était là pour amorcer une histoire. La représentation du corps utilisé comme énigme (de dos ou caché) laissait place à l’imaginaire du spectateur.
Les photographies ont été réalisées à chaque fois à quelques mètres de l’endroit où elles ont été installées durant l ‘exposition. Il s’est mis en place tout un jeu de fausses perspectives permettant de mélanger les plans et de passer de l’un à l’autre. Les renversements d’échelles permettaient de projeter le spectateur dans l’image mais aussi de l’en éloigner.
Cette installation questionnait ce qui était donné à voir.

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Descriptif de l’installation

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Une image révélant un corps féminin de dos
Photo imprimée sur bâche (2m x 2m ) avec encadrement bois, fixée dans le sol du jardin

Une image représentant un corps humain dissimulé derrière un rideau
Photo contrecollée sur dibbon (121cm x 121cm) posée contre la cheminée du salon

Des autocollants Nelson collés sur les murs du village et les alentours de Fiac

Des badges Bienvenue Nelson mis à la disposition du public

+ si affinité 2006 – Fiac

+ si affinité 2006

10 artistes        10 familles

 L’imaginaire au pouvoir

Un défi contemporain
PASCAL PIQUE
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Un défi contemporain
C’est à l’un des grands défis contemporains que le projet de Fiac s’est intéressé avec ses deux dernières éditions : faire rentrer l’imaginaire dans une autre relation au réel. Une relation enfin positive, constructive, projective. Ce mouvement s’est à l’évidence fortement développé ces dernières années dans l’art contemporain. Il se retrouve aussi dans d’autres domaines comme ceux de la philosophique, de l’anthropologie et de la recherche scientifique. Il s’agit bien d’un fait et d’un enjeu de civilisation on ne peut plus actuel et dont les potentiels sont à peine envisagés. A la clef, se trouve sans doute une meilleure compréhension des mécanismes de la pensée et de l’action. Et, par conséquent, des moyens inédits pour réinventer notre rapport au monde, à l’univers humain autant que cosmique. En somme une sorte de nouveau pouvoir ou d’énergie à mettre en œuvre sans plus tarder avec des implications sociales, collectives et individuelles prometteuses.
N’y a-t-il pas urgence ? Une urgence que Félix Guattari a parfaitement énoncé en formulant dès le début des années 90 la nécessité de l’invention d’une « écologie de l’imaginaire ».
S’autoriser l’imaginaire :
L’histoire du concept d’imaginaire est à la fois très récente et toujours en pleine écriture. L’universitaire René Barbier a repéré trois phases dans l’histoire de la pensée occidentale qui s’est développée sur une opposition entre réel et imaginaire. La première phase correspond à l’instauration de ce dualisme par la philosophie grecque à partir du Ve siècle avant notre ère. C’est par l’actualisation permanente de la pensée rationnelle et dans le refoulement de la fantaisie, du rêve, de l’affabulation et de l’art que ce dualisme fondateur va perdurer et traverser les siècles. Il connaîtra cependant des inversions comme dans la seconde phase dite de « subversion » identifiée par René Barbier au XIXe siècle avec la période romantique. Pour le romantisme, l’imaginaire l’emporte sur le réel et devient même sa condition de réalisation. Cependant, la dualité entre les deux termes subsistera jusqu’au milieu du XXe siècle.
C’est en partie avec le surréalisme que cet antagonisme va commencer à s’épuiser et qu’une nouvelle perspective va se dégager. André Breton fait référence à ce point de réconciliation qu’il nomme le point « gamma ». Mais l’un des premiers théoriciens de l’imaginaire reste Gaston Bachelard pour qui la « fonction de l’irréel » est psychiquement aussi utile que la « fonction du réel ».
La troisième phase correspond à la fin du XXe siècle à un rééquilibrage dynamique progressif du couple imaginaire/rationnel-réel. On assiste alors à un renversement de perspective. Cornélius Castoriadis propose un imaginaire, à la fois « psychique » et « social-historique », comme une sorte de préalable à toute réalité ainsi qu’à toute rationalisation. Mikel Dufrenne s’autorise sans conteste la pensée la plus radicale dans la résolution du divorce entre réel et imaginaire, jusqu’à fondre les deux notions. A travers ce qu’il nomme les « grandes images », l’imaginaire est vu comme une faculté naturelle qui nous permet de percevoir le réel : « ce n’est pas l’homme qui invente ou fabule mais la nature en lui et par lui : le réel échappe à lui-même et s’exprime comme pré-réel dans l’imaginaire ». A travers ces deux exemples, on assiste à une révolution de la pensée qui va trouver un écho, pour ne pas dire une confirmation dans les sciences cognitives qui font de l’imaginaire une faculté de connaissance et de constitution du monde.
Fiac au cœur du sujet :
Il reste difficile et périlleux de définir exactement l’imaginaire tant ses manifestations sont complexes. L’imaginaire comprend en effet à la fois les images perçues, déborde les représentations sensibles et concerne en même temps les idées abstraites qui structurent l’image elle-même. Le meilleur moyen de saisir la substance de l’imaginaire, au-delà de l’étude des archétypes, des symboles et des mythes, est sans doute d’expérimenter en temps et en espace réel la dynamique de l’imagination. C’est bien pourquoi l’aventure de Fiac est au cœur du sujet. Elle l’est d’autant plus que l’art contemporain est rarement convoqué dans ce débat. Fiac représente un espace rare et unique où s’exerce le pouvoir de l’imaginaire dans le dépassement de sa rupture avec le réel. C’est du moins dans ce sens qu’ont été envisagées les éditions 2005 et 2006. Les artistes ont été invités à faire interagir leur imaginaire propre avec celui de leurs hôtes, dans une relation étroite à la réalité concrète du contexte.
Ici, l’imaginaire se mêle et se confronte à la réalité extérieure, il peut y trouver des points d’appui ou au contraire un milieu hostile. Il agit autant sur le monde que le monde agit sur lui. Il résiste et dialogue en même temps avec le réel sans toutefois l’annihiler et se substituer à lui. Mais surtout, il recrée une réalité indépendante en laissant apparaître dans l’œuvre même sa propre structure et sa propre dynamique. Reste à voir quelles mises en œuvres les artistes font des buts et des stratégies que Lucian Boia assigne à l’imaginaire :
« dans un monde réel qui ne peut être que décevant, l’imaginaire joue un rôle compensatoire. Il agit partout et à tout moment, mais ce sont surtout les périodes de crises qui amplifient ses manifestations, appelées à compenser les désillusions, à faire écran contre les peurs et à inventer des solutions alternatives. »
Des femmes dans le paysage;
Qui mieux que des femmes artistes pouvaient corriger une injustice plus que millénaire :
se libérer de l’imaginaire masculin qui les a successivement cantonné dans des rôles subalternes, marginaux, voire maléfiques. L’apport et l’audience des artistes femmes est un phénomène nouveau et incontestable dans le renouvellement artistique actuel tant elles offrent d’autres voies d’accès au réel et à l’imaginaire. Aurélie Haberey, Gaëlle Hippolyte et Françoise Quardon participent pleinement à ce phénomène allant jusqu’à figurer un seuil à la fois symbolique et physique en plaçant des images de femmes dans la réalité du paysage naturel ou domestique.
La femme d’Aurélie Haberey est à la fois à l’intérieur, invisible, cachée derrière un rideau dans le salon et à l’extérieur campée dans le paysage, de dos, quasi monumentale, la tête coupée comme happée par le ciel. A aucun moment, on identifie exactement la maîtresse des lieux qui vous accueille. L’artiste suggère une histoire ouverte où le réel et le fictif sont fondus dans une étrange atmosphère empreinte de présence et d’absence entremêlées. Les deux femmes se sont bien sûr entendues pour garder le mystère.
La jeune femme de Gaëlle Hippolyte elle aussi est à la lisière. Il s’agit de Marivyne la fillette de la maison. Entre deux âges, entre deux mondes, elle s’abstrait de l’enfance pour accéder à l’adolescence et à la réalité adulte. C’est ce passage à une réalité inconnue, mystérieuse, qu’à traduit l’artiste en surdimensionnant un dessin en sculpture. Comme dans Alice au Pays des Merveilles, l’enfant devenue géante, contemple l’intérieur de sa maison-jouet devenue inaccessible. On la retrouve plus loin à la surface d’un grand panneau photographique planté dans le champ de blé jouxtant la maison. De dos, sereine, en pleine métamorphose, elle marche vers un ailleurs indéterminé.
La femme de Françoise Quardon est d’un tout autre genre puisqu’il s’agit d’un hybride d’humain et d’animal sous les traits d’une femme-arraignée. Au centre de sa toile, elle menace de sa présence un papillon pris au piège. Cette figure à la fois réelle et symbolique renvoie au mythe d’Arachné, simple mortelle mais néanmoins artiste qui a osé défier Athéna dans un concours d’image tissée. Ayant égalé la déesse de la sagesse, elle a été punie et transformée en araignée par cette dernière. Ici, Françoise Quardon prolonge assume et dénonce dans un même mouvement le fonds de mépris mêlé de crainte qui a souvent conduit à diaboliser le genre féminin, de surcroît quand il touche à l’art. A la fois inquiétante et fascinante, elle joue de l’attraction et de la répulsion au centre de la symétrique entre réel et imaginaire.
Caresser l’intimité du désir
Dans ses derniers écrits, Félix Guattari insistait sur la nécessité de reconstruire une économie du désir. Cette recommandation expresse participe de l’écologie de l’imaginaire et du mental qui aura pour fonction, si nous parvenons un jour à l’appliquer, de déjouer les violences qui résultent des non-dits et des inhibitions. C’est pourquoi Guattari assigne à l’imaginaire un rôle clef dans les processus de subjectivisation qui sont les garants de la construction individuelle et sociétale. C’est pourquoi aussi, l’imagination associée au désir, au fantasme et à l’érotisme, représente l’un des champs d’expérimentation et d’expression privilégié de l’hybridation réel/imaginaire.
Aurélie Dubois est une grande exploratrice de ces contrées. Habituellement par le biais du dessin, qui représente un terrain idéal pour les rencontres parfois osées du fantasme et de la réalité. Mais son projet a pris ici d’autres formes. Il s’est élaboré sur la base d’une série d’aveux très intimes que ses hôtes ont été invités à lui faire par courrier. Jouant du voyeurisme et de la confidence, elle a transformé la maison en une « réserve de charmes » où les non-dits, les addictions, les frustrations et les libertinages se sont transformés en vérités à la fois très humaines et très touchantes. Jusqu’à mettre au jour et en œuvre le jeu complexe des rapports entre nos désirs, nos fantasmes et leurs réalités.
C’est à un exercice de caresse littéral que Thomas Israël a invité ses hôtes et ses visiteurs. Son travail traite souvent de l’intime, de l’émotion et de la sensualité en proposant des sortes de rêves éveillés dans lesquels il immerge son spectateur. Ce dernier peut interagir avec les images qu’il diffuse dans ses installations. Avec Caresse-moi, il est invité dans une tente à effleurer des images de corps nus d’un homme et d’une femme qui semblent léviter dans l’espace. A la frontière du virtuel et du réel, le visiteur est avant tout mis face à ses propres désirs et fantasmes, voire à ses ambiguïtés.
Les comportements humains, le désir, la sexualité, les fantasmes sont aussi au centre et à l’origine du travail de Cyril Le Petit. Avec ses performances, il met en scène une gestuelle de l’altérité, de la responsabilité et de la conscience de l’individu. A Fiac, pendant trois jour, il est apparu sous la forme d’une sorte d’ange androgyne, accompagné d’un papillon en lieu et place du sexe. Métamophosé en être diaphane, l’artiste s’est livré à des « papillonnages », c’est-à-dire une sorte de rite de peinture qui a consisté à réaliser des petites toiles dans l’entre jambe de ses visiteurs volontaires. Chacune de ces petites toiles est supposée enregistrer et restituer l’énergie vitale et naturelle de l’individu. L’artiste intercesseur réalise ainsi une synthèse primordiale du masculin et du féminin confondus.
Le fantastique du quotidien
Le fantastique est l’une des expressions les plus radicales de l’imaginaire. Pour Roger Caillois, « Le fantastique manifeste un scandale, une déchirure, une irruption insolite, presque insupportable dans le monde réel ». Le fantastique s’appuie, donc, sur l’apparition de l’inadmissible dans le quotidien, de l’irrationnel dans l’établi et ne donne pas la possibilité de comprendre le phénomène grâce à des explications scientifiques. En cela il offre un antidote aux excès de l’objectivisme, du matérialisme et du déterminisme qui caractérisent la pensée rationalisante. En conclusion de son ouvrage Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Gilbert Durand, milite pour une philosophie transcendantale de l’imaginaire qu’il nomme « la fantastique ». La fonction fantastique doit permettre de rééduquer l’imaginaire sur la base d’une pédagogie de la paresse, du défoulement et des loisirs où l’œuvre d’art est considérée comme une « hormone et un support de l’espérance humaine ». Face au processus généralisé de démystification, il s’agit d’engager une action inverse de remystification, c’est-à-dire une action de recharge de nos capacités et de nos fonctions imaginantes.
C’est ce que pratique et propose Armand Jalut avec sa peinture. Chacun de ses tableaux s’établit dans le croisement d’une base d’images extraites de la réalité à partir de photographies de lieux, de personnes ou de situation et d’une forte impulsion imaginaire. Ses images sont difficiles à traduire et n’ont rien d’allégorique. Elles appartiennent à un univers fantasmagorique étrange, ambigu et parfois dérangeant qui s’impose pourtant dans une véritable évidence picturale. C’est à partir des chevaux de la famille et du paysage environnant la maison de ses hôtes qu’il a réalisé plusieurs toiles énigmatiques. Accrochées sur les murs du salon, elles provoquent une d’intrusion du fantastique dans le décorum domestique.
Le geste d’Alexandre Ovize procède aussi d’une intrusion assez fracassante dans la réalité. Invité non pas dans une maison mais dans un camping car, il a détourné et abîmé le véhicule dans un parc comme s’il était tombé du ciel et s’était encastré dans le sol. Des lambeaux de tissu épars qui flottent au vent ou jonchent le sol renforcent l’impression de catastrophe climatique, de glissement de terrain ou de naufrage. La valeur d’usage de l’objet, de même que le paysage du parc, basculent de concert dans une image déviée de la réalité. Une sorte de confusion s’instaure entre un événement improbable et l’espace environnant qui s’en retrouve contaminé.
Le quotidien, le domestique et le ménager constituent la matière première de Jean-Luc Favero à laquelle il applique un imaginaire composite. Il revendique autant le mental présumé des chasseurs-cueilleurs que l’appartenance à une culture contemporaine paradoxale. Sa pratique artistique est intimement liée à l’idée d’adaptation au milieu, de vie et de survie, tout en critiquant les excès et les dérives de la société de consommation. Son intervention a consisté à escamoter au regard les outils, machines et véhicules qui se trouvaient dans la grange de ses hôtes, pour leur substituer leur emballage de carton. En résulte un univers à la fois familier et étrange constitué de fantômes de ces objets quotidiens. Les dessins exposés à l’étage laissaient clairement transparaître le besoin créer et de développer un imaginaire contemporain sur la base de nouvelles mythologies.
Vers de nouveaux rituels ?
La prise en charge par un artiste, Laurent Moriceau (avec la participation poétique de Pierre Giquel), du rite du repas d’inauguration n’est pas anodine.
En effet, le lieu et le temps du rituel cristallisent ce qui est de l’ordre de l’imaginaire et de la réalité quotidienne selon des formes multiples. Qu’il soit sacré ou profane, collectif ou privé, le rituel peut intervenir pour marquer des transformations, surmonter des ruptures et des discontinuités à des moments critiques dans le temps des individus et des groupes sociaux. Les rituels s’inscrivent dans le quotidien ou se réfèrent à des calendriers et à des temporalités spécifiques. Ils sont chargés d’une efficacité et d’une expressivité qui leur est propre : comme donner sens au désordre, à l’accidentel, à l’incompréhensible, à l’immaîtrisable.
Ils peuvent ainsi offrir à leurs acteurs et à leurs spectateurs, les moyens symboliques de maîtriser le temps ou la violence des rapports sociaux et surtout, de formaliser et de vivre de nouvelles configurations imaginaires.
La société contemporaine à indéniablement besoin de nouveaux rituels qui soient à même de déjouer la dévaluation culturelle de l’imaginaire. La création contemporaine est sans doute partie prenante de ce renouvellement. C’est vrai à Fiac, où l’on imagine déjà des développements futurs qui ne manqueront pas de surprendre.

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Les artistes

Aurélie Dubois, Jean-Luc Favero, Aurélie Haberey, Gaëlle Hippolyte, Thomas Israël, Armand Jalut, Cyril Lepetit, Laurent Moriceau, Alexandre Ovize, Françoise Cardon

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Le commissariat

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

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 Fiac OFF 2006

Remerciements- + si affinité 2005

Remerciements :

Odile Foucaud, Françoise Lortholary, Dolores Djafe, Elisa Espen, Sylvie Dumont, Pascal Bréchet, Rodolphe Collange, Bénédicte Portal, Marianne Saïd, Isabelle Bacquet, Pépita Cambron, Jean-Marie Vigny, Jean-Yves Nédélec, Dominique Caussé, Christophe Monroy, Odile Berthon, Béatrice Davault, Anna Burlet, Sophie Vautier, Caroline Huc, Cathy et Laure Schincariol, Pauline Lebellenger, Mathilde Rebullida, Stéphane Burlet, Gérard Bronner, Adrien Delmas, Alain Vilotte, José Sabot, Thierry Cougot, Michel Odurau, Pépinières Jarry, Henry Cazelles, Gérome Duris, le GMEA, HTV, Otonöm Kolectiv.
Les trois jours de la manifestation + si affinité ne pourraient être cette réussite continue sans la forte implication des dix artistes, des dix familles qui les accueillent et de tous les bénévoles dévoués et désintéressés qui ont fait vivre ce moment en particulier et l’AFIAC toute l’année.
Merci encore à toutes celles et ceux qui contribuent à régler les nombreux détails participant à la qualité de l’accueil.
Que chacune et chacun soit très chaleureusement remercié(e).

Le mot du Président – + si affinité 2005

Le Mot du Président

Chaque année depuis 6 ans, le dernier week-end de Juin a lieu l’exposition plus si affinité, pendant laquelle 10 artistes reçu chacun par une famille du village conçoivent réalisent et présentent une oeuvre.
La réussite de cette manifestation est difficile a comprendre, elle tient probablement d’une alchimie hasardeuse de rencontres entres des individus qui semblent n’avoir rien en commun et qui au détour d’un repas, d’un regard, d’un sourire découvrent une sincérité profonde et réciproque.
Cette émotion est contagieuse et se propage rapidement pour bientôt devenir la règle, cette béatitude ambiante et bienfaisante est source d’échange et de partage.
Mais tout ceci n’est que le mélange, manque le catalyseur pour qu’une réaction se déclenche, et la soif de découverte des hommes entre eux est remplacée par le besoin de découverte des « oeuvres ». Des émotions nouvelles en naissent et sont source d’un élan ou chacun cherche a découvrir ce qu’il a ressenti en le transmettant en toute convivialité à travers des mots simples et emprunts d’une émotion toute fraîche et débordante.

Chacun met a nu une part de son intimité et contemple avec pudeur celle qu’on lui fait partager.
Dans ce climat ou une frénésie collective libère les individualités, tout devient possible, une marée de bougies scintillantes ondulant dans un parc au clair de lune… souvenir tenace d’une soirée inénarrable.
Comment partager ces rencontres, ces émotions, cette ambiance, cela me semble impossible par les mots.
Les artistes eux mêmes se laissent aller à cette candeur et oublient les réserves et la distance qu’on leur conseille habituellement.
Et finalement c’est peut être ça la clef, cette simplicité, cet abandon, loin du quotidien et si proche en même temps.
L’aventure ‘comme chez soi’, pour les artistes, pour les familles, pour le public.
Une rencontre aux tréfonds de notre campagne si sympathique, loin des lieux conventionnels réservés à un usage unique. Au contraire, au milieu d’un village charmant mais anodin, une exposition qui bouleverse et qui puise sa force dans les entrailles de notre quotidien et de notre humanité profonde, la rencontre, le partage, l’émotion donnent des résultats aussi imprévisible que différents.
Vous retrouverez quelques traces de tout ceci dans les textes de ce catalogue, si la chaleur humaine y transparaît toujours, si le partage des repas et des idées, témoins de l’humanité quotidienne y sont largement évoqués, ce n’est sans doute pas un hasard.
Si vous souhaitez connaître cette expérience, n’attendez pas qu’on vous la décrive dans les détails, ceci ne vous aiderait en rien a comprendre, il vous faut oublier toutes vos convictions et accepter le risque de vous révéler sans retenue et tous les visiteurs, tous les artistes, tous les habitants du village vous aideront à vérifier que l’utopie mérite d’être vécue.

Alain Davault

Ghislaine PORTALIS – + si affinité 2005

Ghislaine Portalis

Fiac  2005  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Eva Gustafsson et Jacques Monllau

Chez Eva et Jack / 3 espaces, 3 projets à caractère intime, sensuel / La cuisine, le salon, la chambre.

Ghislaine Portalis + si affinité 2005 Fiac

 

Ghislaine,

Comme tu le sais peut-être déjà, Patrick a demandé aux familles et aux artistes de l’AFIAC 2005 d’échanger par courrier autour de l’exposition et de l’événement pour les besoins du catalogue à venir. Je dois dire que son idée m’a déplu dans un premier temps : il me semblait difficile de reparler “à froid” d’un événement que nous avons vécu aussi intensément, autant “à chaud”.
D’une certaine manière tout y était déjà en direct-live : la découverte d’une approche artistique en générale, la découverte d’une partie de ton travail en particulier, la dimension humaine avec ce que nous avons vécu pendant trois jours et avec la rencontre d’un public qui n’arrêtait pas de défiler, même quand nous essayions d’avaler un morceau vite fait en guise de déjeuner.

Je ne voyais pas ce que pouvait amener une “médiatisation” de notre vécu, à nous d’abord mais aussi au public pour qui ça ne peut être qu’une piètre retranscription, alors que cela nous a tellement fait vibrer et vivre intensément. D’autre part, la correspondance par écrit me semble être profondément intime et correspondre pour être lu par plus de personnes que le destinataire frôle quelque part la perversion à mes yeux. Tout ceci pour mes réticences ! Fidèle à mes habitudes, j’exagère évidemment en parlant de perversion.

Et puis hier soir, lors d’un café d’art contemporain au village, le thème étant l’art et la nourriture, l’intervenante Stéphanie Sagot nous parlait de son travail et surtout nous montrait des réalisations géniales autour du repas. Sur le chemin du retour, ton travail m’est revenu à l’esprit et avec lui l’exposition de cet été. C’est justement le repas et tout ce qui se passe qui m’a fait repenser à ton travail et qui m’a donné envie de t’écrire. Je repensais aux bols du petit déjeuner, à la vidéo et au tableau où le “fil rose” était justement le repas. C’est une grande chance pour moi d’avoir pu participer un peu à l’élaboration de cet ouvre mais surtout d’avoir eu l’occasion de vivre avec pendant trois jours. Ca m’a permis de mieux ressentir l’ouvre et de laisser les premières impressions évoluer vers une compréhension plus profonde.
Il me reste toutefois des interrogations, notamment en ce qui concerne ton approche, en tant qu’artiste d’art contemporain, de la vidéo. Tu nous avais montré ce que tu as fait depuis que tu as commencé à t’intéresser à la vidéo et j’ai trouvé que les deux petits films, la toupie et le seins suintant, était captivants. Comme nous nous sommes amusés avec Jacques à faire chacun un montage à partir des rushes enregistrés pour l’occasion de ton travail à l’AFIAC 2005, je me suis aperçu que mon approche de la vidéo reste très classique. Je pense en terme de plans isolés constitués de son et d’image reliés au montage pour donner du sens et même pour raconter une histoire. Et je me suis dit que ce serait très intéressant pour moi, mais peut-être aussi pour un public plus large, d’avoir ton point de vue sur l’image en mouvement dans ton travail. Qu’est-ce que tu cherches dans les rushes ? Est-ce le temps, la couleur, le mouvement, le son, le tout ou autre chose ou pourquoi pas rien ? Pourquoi un plan plutôt qu’un autre, quel rôle tient le montage, le son ?
Comme je n’ai aucune culture d’art contemporain et que la rencontre avec toi, ton travail et l’AFIAC m’ont donné envie d’aller plus loin dans la compréhension, je serais curieuse de savoir.
Et comme c’est l’image en mouvement qui est le domaine artistique qui m’est le plus familier c’est aussi là que les questionnements apparaissent le plus naturellement.
Je ne sais pas si ça t’intéresse de te lancer dans ce petit échange de courrier en vue d’être lu plus largement que par le destinataire mais en tout cas j’espère que tu te portes bien et que l’année 2006 sera une belle année pour toi.
Amitiés,
Eva

Ghislaine Portalis + si affinité 2005 Fiac

Bonjour Éva.
C’est vrai que c’est difficile de décrire ses émotions longtemps après cet événement particulièrement créatif… Néanmoins je vais essayer de répondre à tes questions.
Mon travail est souvent intuitif au départ. Quand je trouve des objets, des formes qui correspondent à mes préoccupations, je les compose, je les mets en forme jusqu’au résultat qui semble me satisfaire.
C’est en 1998 dans une exposition au musée de Gray en Côte-d’Or que j’ai imaginé mon premier repas sensuel avec mes objets roses et noirs posés sur nappe en tissu-éponge rose.
Cette approche de l’érotisme m’a conduit à découvrir “la jatte de la laiterie de Rambouillet”.
Que faire avec cet objet si connoté ? (première vidéo) c’est en mettant la pointe du sein en équilibre sur un miroir que le mouvement tournant fut lancé. (2° vidéo) les préservatifs remplis de lait percés, installés sur une pile de serviettes roses évoquent l’allaitement, la fécondation….
La même représentation pour la 3° vidéo. Toute cette description pour te montrer que la vidéo de FIAC est récurrente dans mon travail. Quant à la technique, je l’ai élaborée de la même façon, prise de vue très simple sans surcharge, la composition des personnages (vous) un peu statique doit évoquer les portraits de genre du 18° siècle.
La couleur rose domine, le son de la chute du lait séquencée provoque un fort contraste dans le film.
Ce fut un bonheur d’échanger et de travailler ensemble dans votre maison. Je vous en remercie sincèrement.
J’espère avoir répondu à tes questions. Si tu as besoin d’autres informations, dis-le moi.
Je n’ai jamais pu ouvrir sur mon mac vos vidéos, je ne comprends pas pourquoi ?
As-tu une réponse ? A bientôt amitiés,
Ghislaine

Ghislaine Portalis + si affinité 2005 Fiac

Ghislaine Portalis + si affinité 2005 Fiac

POESON…
Au pied de mon hêtre
je visais Zorro
Près du capitaine quand vint à passer Guylaine
Palsembleu nous eûmes
deux bols magistraux
Deux seins bols, symboles de souveraine
De Marie-Antoinette
Sein chaud du matin réchauffe l’indigène
Merci madame… l’es-tête !

Une châtelaine
Nous porta calices
Six sabots fourchus portant le téton de la reine
Déjeuner filmé
Fut le synopsis
Trois jours durant des mains auraient voulu
tâter de l’auréole
Mordiou hasard, royal il eut fallu
Nous eûmes plus de… bol !

Jacques, sur l’air “Les sabots d’Hélène”
merci à Georges B.

Ghislaine Portalis + si affinité 2005 Fiac

Chez Eva et Jack
3 espaces, 3 projets à caractère intime, sensuel.
la cuisine, le salon, la chambre.

la cuisine
cuisine moderne intégrée lumineuse, au centre de la pièce une table ronde que j’ai recouverte d’une nappe souple rose juponnante comme un moule à tarte “alèse imperméable” au centre deux bols côte à côte renversès s’exhibent comme une poitrine (des jattes XVIIIe siècle en porcelaine de Sévres de la laiterie de Marie-Antoinette à Rambouillet).
Cette installation qui renvoie au martyre de Sainte-Agathe (peinture de Zumbaran) refus de possession, du désir, d’amour charnel. C’est aussi l’évocation de la maternité, d’un repas sensuel dévorant…

le salon
un canapé moelleux, une table basse, une télévision diffuse en boucle des images d’un petit déjeuner de mes hôtes. Repas en apparence calme, sérieux. Dans un demi sommeil, eva et jack prennent à deux mains les jattes/seins remplies de lait, entourés de pots de confiture, de miel, de pain, de beurre… Des images de gouttes de lait sur les rebords de la nappe rose tombent dans les joints du carrelage. Ces moments s’intercalent à plusieurs reprises dans la vidéo. Cette scène d’intérieur me fait penser à une nature morte qui serait à la fois classique et contemporaine.

la chambre
un grand lit, une armoire à glace, une fenêtre avec des rideaux de dentelle dans l’intimité de leur chambre au dessus du lit, un tableau intitulé “moucharabier” composé de deux parties.
Deux grandes images retenues par des aiguilles de tapissier.
La première représente un morceau de gravure du XVIIe siècle d’Abraham Bosse : un repas de femmes en l’absence de leur époux. le texte original de la scène qui n’est pas reproduit, parle de conversations de femmes joyeuses, moqueuses, lubriques. La deuxième image placée au premier plan est une composition d’un modèle de lingerie actuel coloré et découpé qui fait apparaître la scène de repas des femmes.
La visite se termine volontairement dans la chambre. Le passage du repas au lit mène à tous les fantasmes possibles. Rituel immuable.

Ghislaine Portalis + si affinité 2005 Fiac

Ludovic CHEMARIN- + si affinité 2005

Ludovic Chemarin

Fiac  2005  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Elisabeth Henry et David Putnam

Descriptif du projet : le départ de l’intervention commence par un parcours labyrinthique imposé…

Ludovic Chemarin + si affinité 2005 Fiac

Mon expérience à Fiac.

Ce fut la première fois que l’on m’invitait (grâce à ce vieil hollandais volant Nieck Van de Steeg), pour intervenir à la campagne, ce qui pour moi, petit-fils de paysan m’a motivé d’autant plus que toute autre expo en galerie, centre d’art et compagnie.
Tout cela a commencé par un séjour de cinq jours pour découvrir Fiac, ma famille d’accueil et les personnages de l’association et du village par un café à thème.
La première des rencontres avec Liz et David “les ricains” a vraiment été excellente, le choix de « l’ami Patrick l’homme au sixième sens » s’avéra juste.

Ces jours, nous les passâmes à discuter de nos de vie respectives et surtout de leurs parcours, ce qui au bout de ces cinq jours allait déterminer le futur projet pour + si affinité 2005.
En l’occurrence leur volonté de quitter l’Amérique pour regagner l’ancien continent et y refaire leur vie, loin d’une politique qui sérieusement leur faisait peur.
(Bien avant de venir en pays de cocagne, je savais que ma famille était américaine, ce qui m’a permis de fantasmer sur les choix de sujets que je pourrais exploiter pour ne pas trop flipper. Bien évidement et comme on m’avait prévenu, cela ne servit pas à grand chose et mon flip s’accentua.)

Ludovic Chemarin + si affinité 2005 Fiac

Les présentations passées, les discussions s’engagèrent sur différents terrains passant des courses d’endurance à cheval, aux chevaux eux-mêmes, par les différentes expériences de vie de David : soldat traumatisé par le Vietnam, festivals de musiques, suite à son retour, expériences illicites, son départ de l’Amérique pour aller se former avec un maître artisan japonais menuisier, sa passions des chevaux, ses origines indiennes et européennes…
J’avais devant moi un livre ouvert me racontant une certaine Amérique, une Amérique qui dans mon regard d’européen correspondait à mes fantasmes : un mec qui se casse de son pays par opposition, qui a vécu là les années soixante, un mec à moitié indien, du pain béni pour vieux plouc du charolais brionnais comme moi.

Ludovic Chemarin + si affinité 2005 Fiac

 

Durant ces cinq jours, il a fallu emmagasiner toutes ces informations pour en retirer quelque chose qui soit plastique, sensible et cohérent. Et miracle, ce fut le cas. Nous prîmes le parti, les ricains et Moi, de faire un parcours traçant et retraçant leur histoire et mon interprétation de leur l’histoire ; un parcours fait de stations qui utiliserait leur savoir faire et leurs matériaux, pour illustrer plastiquement cette histoire anciennement américaine et nouvellement fiacoise.
Voilà ce qui fut déterminé et réalisé suite à cette première rencontre avec Liz et David.
La suite des évènements sera un tout petit peu plus compliquée et je ne tiens donc pas à en parler.
Je tiens à rester sur ce qui fait ce projet de rencontres : ces fameux cinq jours de préparation qui se déroulèrent bien avant l’expo.

Ludovic Chemarin + si affinité 2005 Fiac

 

EVOR – + si affinité 2005

EVOR

Fiac  2005  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Daisy Alvergne, Serge Créci et Axel Luberne

« Daisyderata  (2005) Source d’eau noire…»

Evor + si affinité 2005 Fiac Tarn

Bonjour Evor,
Merci pour ta carte, bien que je ne connaisse pas Nantes, j’ai trouvé sympa que tu me montres où tu habites. J’ai pris du recul par rapport à l’expérience que nous avons vécue, ce fut très enrichissant. J’ai l’habitude d’accueillir chez moi beaucoup de monde mais là, l’enjeu était particulier. Nous devions partager un projet pour aboutir à une exposition. Ce qui a été fabuleux c’est ta rencontre. L’expérience artistique, qui au départ pour moi était primordiale, est passée au second plan, puis te connaissant un peu plus, le projet a refait surface. Ce n’était plus toi mais l’artiste qui devait s’exprimer et cerise sur le gâteau, réussir son expo !
Pendant les trois jours de l’exposition, ma maison n’était plus la même, ça m’a bousculée, j’ai mis huit jours à m’en remettre, j’ai eu du mal à retrouver mon espace de vie, soudainement si vide, je peux même te dire que quatre mois après, j’ai réaménagé l’espace, je suis de nouveau chez moi.
Tout ça a été très positif pour moi, mais bon « ça déménage ».
GENIAL !!!
Quand tu veux, on recommence, je t’embrasse très fort.
Daisy

Evor + si affinité 2005 Fiac Tarn

Dear Daisy,

je suis encore étonné de notre rencontre !
J’appréhendais ce contexte particulier de création : investir le lieu de vie d’une personne qui m’était inconnue. Très sceptique sur le plan esthétique, j’espérais ne pas atterrir dans la petite boutique des horreurs et surtout que “le courant passe” !
C’était sans compter sur notre entremetteur, Patrick, qui très judicieusement nous a fait nous rencontrer. Je suis surpris à quel point nous nous sommes sentis bien ensemble, en confiance. Ton écoute et ta générosité y sont pour beaucoup.
Un équilibre et une complicité parfois silencieuse ont très vite rendu possible notre échange.
Ce terme d’échange est essentiel. Il résume assez bien cette expérience qui de part et d’autre a malmené nos a priori respectifs. Je suis heureux que tu aies pu décortiquer, comprendre la genèse d’une oeuvre et voir que tout cela n’était pas gratuit mais nourri de sens.
Mon sentiment c’est que je te dois complètement cette oeuvre puisqu’elle s’est inspirée de ton lieu de vie, de ta sensibilité, ton rapport à la nature et aux éléments.
C’est pour cela que “Daisyderata” est en partie, un portrait, une interprétation de ta personne.
Je suis très touché par ton investissement dans les préparatifs de l’accrochage : sans que je te le demande tu as pris l’initiative de repeindre les murs de ton salon que tu as vidé entièrement. Mille mercis pour cette disponibilité, ton ouverture d’esprit et ton accueil !
A très bientôt
Evor

Evor + si affinité 2005 Fiac Tarn

Coucou Evor,
Merci pour tous ces compliments, c’est réciproque. Je suis très heureuse d’avoir pu approcher d’aussi près le travail d’un artiste en train de se faire, de voir comment le regard d’un artiste se pose sur la vie pour en faire une oeuvre d’art.
Comment as-tu fait pour sentir et cerner autant de choses sensibles en si peu de temps ?
Les artistes sont-ils doués d’une sensibilité particulière ? Tu as eu plusieurs idées, une seule a vu le jour. Comment as-tu fait le choix?
J’ai vu quelques unes de tes pièces avant de te rencontrer, j’ai tout de suite senti ta délicatesse et ta précision. Effectivement j’ai fait le maximum pour préparer ma maison afin qu’elle puisse accueillir ton travail.
Pour Daisydérata, tu as vraiment mis la main à la pâte (creuser la falaise, remuer la terre…), est-ce dans tes habitudes ?
J’aimerais vraiment savoir ce que tu es en train de faire, quels sont tes projets.
Je t’embrasse très fort beaucoup.
Daisy

Evor + si affinité 2005 Fiac Tarn

 

Daisy,

Pour répondre à ta dernière lettre, je pense effectivement que les artistes font preuve d’une sensibilité particulière.
Non pas parce qu’ils sont supérieurement sensibles mais parce qu’ils choisissent d’être très attentifs à des idées et à des questions en général évacuées parce que problématiques, complexes ou gênantes…
Cette exploration du ressentir s’attache souvent à mettre en lumière des détails d’importance.
Ce temps de réflexion et d’action n’est pas régi par une exigence de rendement, de productivité !
Sa logique est toute autre et s’autorise le luxe de l’hésitation. Pour Daisyderata, un seul des trois projets de départ a subsisté.
Et ça n’était ni le plus spectaculaire, ni le plus démonstratif !
Ce qui a orienté mon choix c’est qu’il soit en adéquation avec ce que j’ai cru percevoir de ta sensibilité et de ton état d’esprit; pour répondre à cette rencontre.
Nous n’avons pas eu à discuter préalablement de ce qu‘était ou pouvait être une oeuvre, une démarche artistique et tant mieux !
Tu l’as remarqué, notre échange a été plus intuitif que verbal.
J’ai donc conçu cette oeuvre en respectant ta manière de t’exprimer, de transmettre : peu mais du concentré, avec tendresse sans pour autant exclure les sujets douloureux.
Je suis heureux qu’en découvrant le reste de mon travail tu aies relevé ce souci de délicatesse et de précision !
Ce sont quelques uns des critères qui articulent mon travail, mais pas seulement !
J’aime à la fois que des éléments de fragilité, de douceur cohabitent avec un danger potentiel, parfois avec cruauté.
Et peut-être qu’en ce sens mes oeuvres se situent juste avant que l’un ne supplante l’autre.
La source d’eau noire ne pouvait pas avoir un débit trop important, trop brusque.
Je l’ai souhaité doux et reposant, il a donc pris la forme d’un goutte à goutte dont la sonorité, le rythme invitaient à une méditation apaisante.
Et pourtant cette noirceur de l’eau crée un doute et apporte un basculement nécessaire, une ambiguïté.
Au-delà, l’oeuvre est livrée à la sensibilité et à l’interprétation de chacun.
Tu as vu comme les réactions sont différentes !
Tu évoques la réalisation technique de Daisyderata et je dois dire qu’elle fut relativement simple car la roche était friable.
J’aime mettre la main à la pâte, c’est un petit plaisir égoïste mais aussi une contingence souvent d’actualité.
Certes il faut savoir déléguer certaines réalisations à des techniciens et artisans compétents mais là où la réalité dépasse la part poétique de l’oeuvre c’est que sa réalisation et son efficacité, son rendu dépendent aussi des budgets de production !
Heureusement + si affinité a permis cet exercice périlleux d’optimisation !
Actuellement, je réalise des portraits hybridant humain, végétal, animal ave une attention particulière sur les regards de telle sorte qu’il se dégage de l’ensemble un fluide sensuel, une vision totémique, onirique…
Je réfléchis également à des sculptures-objets, pourquoi pas accessoires ou architectures, magnifiant certains gestes, suggestifs et emblématiques, parfois en contraignant ce geste, en le prolongeant…
Mais il est encore trop tôt pour en dire plus.
Ai-je répondu à tes questions ?
En attendant, le monde et l’actualité étant ce qu’ils sont… j’ose tout de même me permettre cette fantaisie désuète mais sincère : je te souhaite une année pleine de plaisirs et d’espoir.

à bientôt

Evor

Evor + si affinité 2005 Fiac Tarn

 

Lors de la 5ème édition de « + si affinité », j’ai rencontré Daisy Alvergne, mon hôte.
Séduit par le rapport symbiotique qu’elle entretient avec la nature, les éléments, le sur-naturel et inspiré par la surprenante falaise avec laquelle on tombe nez à nez en sortant de son salon, j’ai eu envie de me livrer à une supercherie : dans cette roche se trouve un creux du à l’érosion. Il pourrait s’en écouler une source et Daisy en serait la détentrice. Elle influerait sur son débit et son tarissement. J’ai donc réalisé cette source factice qui a pris la forme d’un goutte à goutte au rythme apaisant.
Son eau est noire et imprègne la pierre.
Daisy fait partie intégrante de l’oeuvre en récoltant ce liquide aux vertues mystérieuses.
Elle devient en quelque sorte la sorcière, la rebouteuse du village qui élabore élixirs et poisons…
… dans son salon est accroché un dessin-portrait composé entre autre de son regard.
Il en jaillit également une source, plus vive. Posé au sol, une jarre en verre transparent renferme l’eau noire.

La Cellule – + si affinité 2005

La Cellule

Fiac  2005  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez le cellule familiale

« La pièce démontée »

installation paysagère et performance

La Cellule Becquemin et Sagot + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Chère cellule familiale épicurienne recomposée,

Entre vous et nous, depuis le début, c’est une histoire de goût, n’est-ce pas ? De tables espagnoles, en apéros déjeuner, de dîners en plein air en fêtes dans les grands prés…
Une atmosphère douce pendant ce temps de latence… Un été débutant. Quel beau souvenir que ce premier déjeuner à l’ombre d’un grand arbre, où nous étions accueillies avec une telle évidence que nous semblions déjà nous connaître : l’impression de faire, en quelques heures, partie de « la famille » : les discussions animées sur le menu du repas, les fiches de cuisines sorties des tiroirs d’Odile, l’expérience rassurante de Béné, les recettes de chacune, avec les commentaires de ces messieurs (« oh oui, ta soupe aux petits pois, elle est vraiment incroyable ! »).
Patrick qui regardait tout cela d’un oeil amusé et gourmand, Alain qui manageait le groupe de gamins excités que nous étions, et pendant ce temps là, les bouteilles de vins, les tartes, les caviars de légumes, les gougères, les cerises, les gâteaux au chocolat… un ballet !
Quelques heures plus tard, assises dans le grand parc, à l’ombre des sapins, sur l’herbe verte, en débardeur, regardant les lignes d’horizon dessinées par les arbres, nous réfléchissions toutes deux à la surprise que nous pouvions vous faire pour animer cette fin de repas.
Ainsi que nous vous l’avions expliqué, nous questionnons, dans notre démarche artistique, le protocole de la table. Et, à un dîner formulé selon le principe du « plus si affinités », nous envisagions un dessert un peu particulier. Aussi, sous la fraîcheur printanière de ces grands arbres, nous évoquons les gâteaux traditionnels de repas de fête… « La pièce montée, oui, vraiment, c’est le dessert qui s’annonce pompeusement, qui fait toujours son effet »… rapidement, notre regard de designer nous pousse à analyser cette pâtisserie sous différents aspects : fonctionnellement parlant, les choux s’écrasent dans l’assiette, gustativement, le caramel, qui assure la liaison entre les choux, peut se révéler indigeste. Et puis, la pièce montée, comme son nom et ses usages l’indiquent, entretient des liens avec la scénographie et le théâtre.
L’équation de ces différents constats nous a ainsi semblé évidente : démontons-la !
La pièce démontée est ainsi née de la magie du lieu, en une fin d’après-midi pendant ce premier week-end de rencontres.
Nous avons choisi de la traiter selon deux angles d’approche : d’une part en tant que gâteau collectif à « démonter » dans le goût, dans la forme et dans l’espace, et d’autre part, en tant que « pièce » finale du repas entretenant des liens avec la scénographie. «
L’ordre habituel sera“perturbé” au nom de la théâtralisation de ce moment. La pièce montée n’arrivera pas au spectateur, ce sera à lui d’aller la chercher : les visiteurs seront conduits à l’orée du grand parc communal aux arbres centenaires et majestueux, par des hommes de l’ombre (personnages récurrents dans notre travail… reste à trouver les volontaires !).
Un paysage étonnant, fantasmagorique, se révèlera alors à eux : 500 lucioles lumineuses disposées aux embouts des branches protégeront en leurs coeurs des choux aux saveurs variées à cueillir. Au fur et à mesure de leurs découvertes, les invités pourront butiner, à l’aide d’une longue paille souple, un nectar épicé disposé dans des fioles suspendues çà et là. »
Le scénario était écrit, restait la lourde mise en place…
L’organisation de ce fameux repas, coordonnée par la grille méthodique de Domi, se fait en quelques tours de main : Gestion du matériel, commandes, locations, la mise en place d’un repas pour 250 convives n’est pas simple, mais chacun y met du sien.
Si nous sommes probablement parvenues à créer l’émotion souhaitée auprès de notre cellule familiale et des convives présents ce soir là, elle fut également plus qu’intense de notre côté : une fois dans le parc, les 300 invités s’approprient également cette installation (qui emprunte aux codes de la performance et du land art) en détachant les lucioles, créant ainsi une animation lumineuse se mouvant lentement.
Frayeur du ratage, étonnement, lâché prise…
Le lendemain matin, au réveil, cette expérience avait pris la forme d’un rêve, d’une parenthèse, loin de nos problèmes quotidiens, de nos stress fabriqués par la société du travail et par le monde de l’art dans lesquels nous évoluons : une bulle, un horsmonde pendant 3 jours : nous étions ailleurs…
Nous sommes reparties de Fiac avec quelque chose qui nous a construit artistiquement et qui nous rend plus fortes humainement.
Aujourd’hui, malgré quelques images plus ou moins satisfaisantes dues à la noirceur de la nuit, les « restes » de cette pièce démontée n’existent que par les mots… Aussi, le catalogue est un moyen pour nous d’en retrouver une trace et de lui donner une nouvelle forme de vie.
Aussi, chacun d’entre vous pourrait-il, en cinq six lignes, écrire « sa » pièce démontée ?

La Cellule, Stéphanie Sagot et Emmanuelle Becquemin

lacellule2

 

De : cellule familiale épicurienne recomposée
A : la cellule
Objet : Re Chère cellule familiale épicurienne recomposée
Traces de Pièce Démontée
Pièce jointe : Synopsis
Texte : Salut les filles,
A défaut d’album photos et pour « retrouver la trace » avec les mots, seuls « restes » de la Pièce Démontée, nous avons, ensemble, remonté le scénario de l’événement.
Les quelques interventions de chacun de nous tentent de traduire les plaisirs, les émotions, tout le bonheur partagés grâce à vous.
Epicuriennement,
Votre Cellule Familiale Epicurienne Recomposée
« PIECE REMONTEE » Divertissement en 3 actes
ACTE III : Waaoou !
La scène est à l’entrée du parc puis à l’intérieur, la nuit
du samedi 25 juin.
Le thème : découverte de la Pièce Démontée.
SCENE – LA FOULE, LA CELLULE FAMILIALE
D – … ! … ! … !
I – Magie de la scène : … Réminiscence de l’enfance… Histoires où les elfes se manifestent auprès des humains comme des lucioles, ils n’existent que dans la forêt et seuls ceux qui ont encore un cœur d’enfant peuvent les voir et communiquer avec eux… mais attention si tu manges quelque chose peut-être ne pourras-tu plus t’échapper de leur monde ; tant pis je transgresse… et du coup la fatigue, les courgettes… pfuitt envolés… Magie de l’instant…
O – Ouf !
D – Regardez ce cadeau !… Nos deux artistes designers voulaient nous faire une surprise ! C’est réussi. Magnifique !… Ça valait vraiment le coup de s’activer pour aboutir à cette apothéose féerique.
Fini le stress ; me voilà immergée dans une image vivante de livre d’enfant !
O – Ouf Ouf Ouf
C – Foule imposante aux choux.
P – Un par personne et moins si affinité !…
M – Un moment de magie, d’effervescence. Une mer de petites lucioles virevoltantes… où sont les choux ? Vous avez vu les choux ? Il paraît qu’il y a aussi à boire dans les cèdres… faites-moi une place autour de la dame-jeanne… J’ai ma paille !
B – Oups, Ah, Oh, Wouaw, AhAhAh …
G – Magique ! Une mer ondulante et dansante de lucioles.
JY – Me voilà, Homme de l’ombre entrant le dernier dans toutes ces lumières qui s’agitent partout.
Magique ! Je ne crois pas que ce soit ma peau de grenouille qui me donne des frissons.
ACTE II : On s’active
SCENE III. – CELLULE FAMILIALE, SERVICE
La scène est dans la cuisine de l’école pendant le service du repas, samedi 26 juin, à partir de 20h.
Le thème : Bonjour le stress !
B – Globalement, il manquait aussi de la soupe à la tomate et des poulets mais tout s’est bien passé.
Non ?? !!
G – Repas convivial, esthétique et bien servi !
Pari tenu !
C – Forte impression aux convives.
P – Très jolies les boulettes à la “Rosy” mais il aurait fallu les faire carrées pour ne pas qu’elles roulent dans les assiettes !!
D – Les poulets ! Où sont passés les poulets !
Je compte et je recompte… 205, 206, 207… 213, il en manque !! Qu’est-ce qu’on fait ?
B – Attention Jean-Yves, Alain, vous devez recharger vos bandes phosphorescentes !!! Ah lala, toujours à la bourre…
O – Pour la décharge d’adrénaline, y a pas mieux !
M – Action ! Dans le jus durant 1h30. Faut le vivre
! Elles sont belles nos soupes froides… Et tous ces petits fromages multicolores à positionner sur les feuilles de figuier…
D – Regardez, ça marche ! Le partage se fait naturellement, simplement : les convives goûtent la soupe de leur voisin ! Et vive + si affinité !
O – Qui a un entonnoir ? La table 3 n’a pas de soupe.
JY – Tous les verres de soupe sur la table ! magnifique !
I – La famille a su recevoir ses hôtes… La joie des ces derniers se reflète en miroir sur le visage des autres.
SCENE II. – STEPHANIE, ODILE, BEATRICE, DOMY,
CHRISTOPHE, MARIANNE, EVA, …
La scène est dans le parc de Rivals, durant l’après-midi du vendredi 24 juin.
Le thème : et si on se faisait peur !
D – Utiliser une perceuse pour planter des bâtons! quelle idée saugrenue ! Et puis, tu comprends toi où il faut les mettre ? Et à quoi ça va servir ?… Pour devenir bâtons de lumière… ?
E – Dis maman, pourquoi on plante les petits bâtons dans ce parc ?
M – Des centaines de petits bambous à enfoncer dans le sol… on avait prévu des pieux et des grosses massues de peur que le sol ne soit trop dur… mais ça allait… J’ai du mal à m’imaginer ce que cela pourra donner…
O – Les bâtons de lumière, ça marche comment ?
… et au fait, ils sont où ?… Gloups, dans le container à poubelles ?
D – Dis Stéphanie, pourquoi tu tousses comme ça ?
C – Forage intensif au champ.
SCENE I. – BENE, BEATRICE, DOMY, GHISLAINE,
ISA, JEAN-YVES, MARIANNE, ODILE, PEPITA, VERO
La scène est dans la cuisine d’été, du jeudi 23 juin au
samedi 25 juin. Le décor : soleil chaleur.
Le thème : on cuisine pour 250 !
M – Je n’avais jamais participé à une telle organisation culinaire. Rouler les petits fromages pour 250 personnes, préparer les poivrons, les flancs, organiser leur cuisson, les brochettes de poulet, le riz qui cuit un peu trop longtemps et qu’il faut reprendre… Un réel travail d’équipe sous le soleil dans la cuisine d’été aménagée pour l’occasion. Emmanuelle et Stéphanie viennent nous encourager et participent activement au travail collégial.
O – Distance entre l’extrémité du tuyau et le robinet : 20 m ! La chambre froide est à 2 km !
G – Dix kilos de riz collant à jeter et tout à recommencer en plein cagnard ! Et 250 personnes à nourrir !
Trop fort !
B – Et les filles, comment on rattrape du riz trop cuit ?… oh pardon, le garçon et les filles…
P – Autant de courgettes que de fromages à préparer en compagnie d’Isabelle et de ses délires.
I – Faut creuser le sujet : Qu’y a-t-il dans la courgette qui produise autant d’effet… Peut-être est-ce l’effet masse…
D – Qu’il fait chaud ! Mais qu’il fait chaud !… Et les boulettes de fromage qui commencent à fondre !…
C – Fallait-il autant cuisiner ?
D – Allez, petite pause rafraîchissement pendant que les flans-boulettes cuisent… Ne trouvez-vous pas extraordinaire notre fonctionnement ? Deux artistes arrivent, nous insufflent leurs idées de repas et de mets surprises, de partage, et voilà la troupe autogérée que nous sommes devenue, bourdonnante d’effervescence mais heureusement, constamment rassurée par la tranquille assurance de Béné ! Quels plaisirs !
ACTE PREMIER : On se prépare
SCENE II. – ALAIN, MADAMEBEN, EMMANUELLESTEPHANIE,
AFIAC, M.A.LOCATION VAISSELLE, DOMY,
ODILE, JEAN-YVES, GHISLAINE, MARIANNE,
ISABELLE, BEATRICE, VERONIQUE, ROSY.
La scène est sur la toile, les : 18/06 ; 14/06 ; 13/06 ;
13/06 ; 7/06 ; 07/06 ; 4/06 ; 29/05 ; 28/05 ; 20/05
Objets :
– Cellule FE planning jours J
– Cellule CFE
– Cellule oukon nen né CFE
– Cellule oukon nen né
– Re : ca bouffe aussi à l’afiac !!!
– Ça bouffe aussi à l’afiac !!!
– Re : Fam épicu
– Fam épicu
– Commande tubes
– Re: La cellule
– Commentaires sur la CEE DIT OUI à l’afiac
– Voici des nouvelles fraîches concernant la pièce
démontée : 1) nous avons eu le mail de Béné avec des propositions plus « concrètes » de recettes – 2) nous t’envoyons en pièces jointes 3 tableaux pour recruter les petites bonnes mains et gérer le planning de tout
le monde – 3) emmanuelle a quelques factures (déjà)… – 4) … nous avons trouvé le fabricant des tubes phosphorescents… – 5) nous nous chargeons de la déco de tables – 6) voici un budget prévisionnel…
Choeur en écho des acteurs, chacun devant son écran :
– OULALA LALA LALA !!!
– Propositions repas afiac
– La CEE DIT OUI à l’afiac
SCENE I. – CELLULE EPICURIENNE ETRIQUEE,
STEPHANIE, EMMANUELLE, PATRICK
La scène est à l’ombre sous les arbres, autour d’une table conviviale, le samedi 28 mai.
Le thème : la rencontre
O – Ouf. Béné est partante.
D – Super le travail de ces deux artistes ! je sens monter la jubilation ! c’est le top, faire de l’art avec la nourriture… tous ensemble !
B – Mais que se trame-t-il sous cet arbre ? On picore des cerises et les idées arrivent, déjà heureux à l’idée de se retrouver plusieurs fois.
C – Fiac invente autre chose.

La Cellule Becquemin et Sagot + si affinité 2005 Fiac

Carole DOUILLARD – + si affinité 2005

Carole Douillard

Fiac  2005  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Sabine Bernaud et Christophe Tellez

« NONE, objet vivant pour un couple »

Carole Douillard + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Action live vidéo
Photographie, 120 X 90 cm, tirage Lambda sur Dibbon,
Courtesy G. Shwartz, Toronto
NONE, objet vivant pour un couple
Un projet en 3 actes
Acte 1 : action live en public.
Acte 2 : vidéo de l’action live, extension visuelle de l’action live.
Acte 3 : photographie, fixation du projet en une image unique.

Action Live

Christophe, saxophoniste professionnel, improvise, de face, une mélodie épurée et déconstruite, Sabine, de dos effectue une partition gestuelle sobre et sensuelle.

Mise en place
Je rencontre Christophe et Sabine une première fois le temps d’un week-end.
Après cette entrevue, je leur propose d’être eux-mêmes la pièce de l’exposition.
J’écris pour eux un scénario performatif. La pièce vivante prend place sur un socle incrusté de deux néons latéraux construit dans leur salon, à même l’espace.
La forme se construit In Situ, en très étroite collaboration avec les acteurs.
Le couple joue son propre rôle, surjoue sa relation, sa proximité amoureuse.
La pièce fonctionne comme une image en mouvement, une mise en fiction de 12 minutes.
Et puis quoi ?
Chaque détail de la performance est réglé en orfèvre : je pousse Christophe à retiré les notes superflues, j’étudie la moindre position des talons de Sabine sur le sol, modifie la moindre posture de son corps, de ses bras, de ses doigts, régente le tombé de ses cheveux…
Je vire l’armoire du salon et retire tous les tableaux du mur.
Merci à Sabine, Christophe, leur tendresse, leur talent d’acteurs, Patrick et toutes les forces très vives du village de Fiac.
CD

Carole Douillard + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

 

Carole Douillard + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

 

Carole Douillard + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Carole Douillard + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Carole Douillard + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

 

 

Aïcha HAMU – + si affinité 2005

Aïcha Hamu

Fiac  2005  –  + si affinité

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique

Directeur artistique : Patrick Tarres

L’artiste était reçu chez Martine et Jean-Pierre Garrouste

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Haïcha Hamu + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Transe Panique
Née de la brutale rencontre des forces telluriques et cosmiques au travers des grands troupeaux de boeufs médiateurs.
Emballement orbital, fête animale venue du fond des nuits.
Message viscéral à nos mémoires enfouies.
Jean-Pierre Garrouste

Haïcha Hamu + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

La demeure est coquette : un mas, une étable, des près, une végétation luxuriante rappelant celle du sud-est, des vaches, des veaux, une mule, un chien, des chats, des enfants, des petits enfants et, tout ça, chéri à la même enseigne et juché sur la seule colline calcaire des environs. La vue qui donne sur la vallée et le village de Fiac nous donne l’impression que tout est immobile, paisible. Martine est un peu nerveuse. Elle a rangé la maison de fond en comble, balayé la grange, rentré le foin, enfilé une jupe et disposé des rafraîchissements sur la table de bistro qui trône devant l’entrée. Tout est prêt. La tension monte. Seul Jean-Pierre est serein et continue son train-train avec les gestes lents et gracieux qui le caractérisent.

Haïcha Hamu + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Il fait terriblement chaud, l’ombre est rare et, très vite, ils commencent à arriver par dizaines puis par centaines. Ils envahissent le jardin, cherchent, essaient de pénétrer dans la maison mais Martine est là pour rappeler que rien ne se passe à l’intérieur.

Haïcha Hamu + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

« Servez-vous un rafraîchissement… vous pouvez vous promener dans le jardin… ça va commencer et si vous avez des questions, l’artiste se fera un plaisir d’y répondre. » Tout à coup, un grondement vient se mêler à l’accent chantant de Martine. Tous les regards se tournent vers les hôtes mais très vite le bruit des sabots sur la terre devient trop lourd. Ils arrivent, ils sont de plus en plus proches et forment un mouvement circulaire autour de la maison. Ils sont sûrement des dizaines, des centaines. Le sol tremble et soudain, sous nos pieds, il se froisse en un tourbillon. Tout le monde se met à les chercher et pourtant ils doivent être tout prêts. Les visiteurs tournent autour de la maison, cherchent derrière les arbres, dans la plaine, sans succès.

Haïcha Hamu + si affinité 2005 Fiac (Tarn)

Ils sont sur le chemin en contre bas de la maison, c’est la seule possibilité. Dans un élan de courage, je décide de m’en approcher, me penche pour apercevoir sans être vue et là…

Haïcha Hamu + si affinité 2005 Fiac (Tarn)