William Gourdin | Insect-Like / Like-Insects

AFIAC-ement Vôtre

Dans la diversité des lieux dédiés à l’art contemporain en Midi-Pyrénées, il en est un – AFIAC – dont il est difficile d’appréhender s’il est un lieu de résidence, un centre d’art, un Artist Run Space, un show room à ciel ouvert ou une scène performative. Peut-être tout cela à la fois, me direz-vous, tant sa diversité programmatique en fait un lieu unique. Cette spécificité fiacoise – liée à une personne, Patrick Tarres, que je tiens à saluer et remercier profondément ici, et à un territoire, le Pays d’Agout, qui souvent me fait penser à cette Toscane vallonnée soufflée par le libeccio – a été délocalisée en cette fin juin 2014 sur la commune de Lautrec. Cette nouvelle édition intitulée Insect-like / Like Insects nous prouve une nouvelle fois l’utilité de ces rencontres.

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Ainsi Patrick décida de m’inviter pour cette nouvelle édition et me détailla de prime abord le thème sur lequel il s’était arrêté : les insectes. Avec cet axiome Insect-like / Like Insects comme titre générique. Un titre dont la dualité ne me permit dans un premier réflexe que de lui répondre :
« Tu sais Patrick, moi les insectes,
ils ne sont pas trop mes amis.
Je les fuis plus que je ne les mange… »
Mon milieu professionnel ne me permettait point en effet de les apprécier outre mesure. Mon quotidien au teint nordique – tirant plutôt vers le rouge flamboyant dès les premières chaleurs – en rajoutait beaucoup dans ce Midi aux étés chaleureux si hospitaliers pour les hexapodes. Le sujet ne m’exaltait donc guère, je le confesse, mais je le resituai immédiatement dans ce contexte d’AFIAC ; c’est-à-dire dans ce projet un peu fou où se rencontrent artistes et habitants dits ruraux au coeur du pays de Cocagne.
Je resongeai également aux travaux d’Hubert Duprat, de Jan Fabre et de Peter Koogler, présents dans la collection des Abattoirs et dont j’avais pu admirer à plusieurs reprises le travail lors d’expositions et dans nombre d’ouvrages. De l’un, je gardais en mémoire ses formidables larves de phryganes, du second la symbolique à laquelle il rattachait les scarabées sacrés d’Égypte, du dernier je me rappelais ses incursions digitales de formicidae. Je me laissai donc tenter par l’aventure. Patrick me donna rendez-vous à Lautrec et me fit visiter cette formidable cité qui était prête à accueillir cette nouvelle édition. Une visite studieuse où patrimoine et vie associative se mêlaient d’une façon vivifiante et qui finissait de me décider à embarquer dans l’aventure.
Se profila alors le moment du choix. Ce choix curatorial des artistes devant participer à cette péripétie si particulière qui propose de se confronter directement à la vie quotidienne et intime d’une famille pour y construire un projet in situ. Une double invitation vers l’inconnu, résultat d’une rencontre fortuite en quelque sorte, qui d’un mariage forcé accouche d’un monstre à la maison. Un art social qui tend à reprendre l’idée que l’art peut et doit être partout et pour tous. Un défi fou qui à l’aune du troisième millénaire caractérisé par un individualisme génétiquement modifié résonne comme une profonde et sincère utopie : faire se rencontrer le monde de l’imaginaire avec celui du quotidien. Le choix devait être subtil et je me décidai alors à inviter Suzy Lelièvre, Agnès Rosse et le collectif IPN.
L’insecte, ce dinosaure qui résista à 25 millions d’années d’évolution, que nous craignons et dont nous saisissons encore avec difficultés l’utilité environnementale, devenait le centre d’un intérêt impromptu. Cet être aux pouvoirs cachés et aux symboliques perdues serait – j’en étais persuadé – appréhendé par ce trio d’une manière ou d’une autre avec intelligence, patience, surprise, jeu, sincérité, que sais-je encore. Ce prétexte iconographique et sémiologique ne restait plus qu’à être exploré et sublimé. Les rencontres se firent – en voici la restitution en images.
Ainsi, dans la lignée de la sculpture sociale décrite par Beuys, cette édition de l’AFIAC réussit une nouvelle fois à tisser des liens entre la réalité du quotidien de familles lautrécoises et celle toute créative des artistes invités.
À mon plus grand plaisir et au vôtre, bien sûr.
Qu’ils en soient tous ici remerciés du fond du coeur.

William Gourdin


Commissariat

Commissaire général : Patrick Tarres
Commissaires invités : William Gourdin assistant de direction Frac Midi-Pyrénées, chef de projet d’exposition et de diffusion en Région, et Paul de Sorbier directeur de la Maison Salvan à Labège.

Les artistes à Lautrec

insect-like-content002Julien Salaud, Pierre-Laurent Cassière, Nicolas Fenouillat, Denise Bresciani, Agnès Rosse, Suzy Lelièvre, Le collectif IPN, Collectif Ding, Benedetto Bufalino, Linda Sanchez.


Patrick Tarres | Insect-Like/Like-Insects

Insect-Like/Like-Insects

De La Cigale et La Fourmi à Sucker, de la fable au cinéma en passant par la poésie et la bande dessinée, auteurs et réalisateurs prêtent à l’animal des sentiments, des états d’âme, une intelligence voire une conscience. Il est fréquent que l’humain social, en de nombreux points comparable à l’insecte éponyme, n’hésite pas à poser ce dernier en miroir, lui conférant des valeurs morales semblables aux nôtres. Ces créatures à six pattes sont des sujets idéaux comme symboles et métaphores de l’existence humaine, quand bien même les comportements infanticides, fratricides ou matricides sont légion dans ces sociétés organisées, hiérarchisées et laborieuses.

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D’autres bêtes de la même famille trouvent plus difficilement grâce à nos yeux, elles hantent nos cauchemars, phobies et delirium tremens. Bien que situées aux marges de la perception, elles sont partout, elles constituent à peu près 80% de la faune terrestre, habitent jusque dans nos maisons, nos cheveux et nos poils pubiens pour les plus invasives. Elles sont installées dans notre langage : nous avons le cafard, nous tombons comme des mouches, les gobons parfois, au xviiie siècle, les femmes de la haute société en collaient sur leur peau pour mettre leur pâleur en valeur, nous avons des fourmis dans les jambes et la puce à l’oreille…
Un grand nombre d’artistes se sont intéressés à leurs qualités plastiques, graphiques et symboliques indéniables. L’insecte chez Damien Hirst, avec Entomology Cabinets et Entomology Paintings, est un memento mori constant, un effet miroir contre le sentiment d’immortalité qui anime selon lui nos sociétés. Jean Fabre est connu entre autres pour ses oeuvres créées à partir de scarabées qu’il voit comme anges de la métamorphose mais aussi comme symboles de beauté et d’éternité.
Hubert Duprat spécule sur les capacités constructives et plus précisément reconstructives des larves de phryganes. Il a imaginé un dispositif expérimental dans lequel il les contraint à travailler à l’aide de matériaux singuliers pour fabriquer leur fourreau mobile et composite : des paillettes, des pépites d’or et des fils d’or, des perles ainsi que des pierres précieuses et semi-précieuses taillées en cabochon ou à facettes, les insectes devenant ainsi joailliers et leur écrin pièces d’orfèvrerie. Yokinori Yanagi, avec The world flag ant farm, présente les drapeaux de presque tous les pays du monde constitués de pigments de différentes couleurs contenus dans des boîtes de plexiglas. Ces boîtes sont reliées entre elles par des tubes, un grand nombre de fourmis vivantes sont introduites dans ce dispositif et creusent des tunnels, les drapeaux se dégradent progressivement au cours de l’exposition. Dali était un grand passionné des mouches qu’il considérait comme l’insecte paranoïaque-critique par excellence. Cependant, il exprimait une aversion atavique pour les fourmis. Adolescent, dans ses rites de sublimation de l’angoisse et de l’exorcisme de la mort, il avait l’habitude de se risquer à regarder une caisse pleine de ces insectes illuminés par des gouttes phosphorescentes afin de conjurer le funeste destin.
Quant à nous, l’entomophagie nous guette pour des raisons écologiques et économiques de première urgence. À l’instar de nombreux peuples qui trouvent cela délicieux depuis fort longtemps, nous devrions nous habituer à côtoyer ces bestioles dans nos assiettes.
Et si ces créatures étaient non seulement bonnes à manger, mais également bonnes à penser?
Telle fut la piste réflexive que je proposais à deux acteurs du réseau d’art contemporain de Midi-Pyrénées auxquels je faisais l’invitation de m’accompagner dans cette aventure. À vrai dire, William Gourdin et Paul de Sorbier ne furent pas spontanément enthousiastes à l’idée de travailler autour des insectes. Surtout William qui afficha son aversion sans ambigüité pour ces hexapodes, qu’ils soient sociaux ou pas. Par contre l’idée de faire Fiac à Lautrec ou ailleurs les enthousiasma. Je tiens à les en remercier chaleureusement tout comme les artistes qui ont répondu à nos sollicitations.

Patrick Tarres


Commissariat

Commissaire général : Patrick Tarres
Commissaires invités : William Gourdin assistant de direction Frac Midi-Pyrénées, chef de projet d’exposition et de diffusion en Région, et Paul de Sorbier directeur de la Maison Salvan à Labège.

Les artistes à Lautrec

insect-like-content002Julien Salaud, Pierre-Laurent Cassière, Nicolas Fenouillat, Denise Bresciani, Agnès Rosse, Suzy Lelièvre, Le collectif IPN, Collectif Ding, Benedetto Bufalino, Linda Sanchez.


AFIAC/Café/Performance | PASHIAS

SOIRÉE DE CLÔTURE DE LA SAISON 2015/2016 DES AFIAC/Café/Performance

Une performance de PASHIAS, Grèce
& la participation de Bonella Holloway avec FISH SLAPS  (boucle vidéo)

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Photos : Naomi Burlet

Action :

Les spectateurs entrent dans un espace et l’artiste leur tourne le dos. Debout, il observe un ballon de gym perché en haut d’un escalier à l’autre bout de la pièce.
Une fois le public réuni autour de l’artiste, ce dernier se met à marcher lentement en direction de l’escalier sans quitter le ballon des yeux, jusqu’à l’atteindre. Il se saisit alors du ballon à bout de bras, le lève au-dessus du vide et le laisse tomber au centre du public. Lorsque le ballon s’est immobilisé, l’artiste redescend par l’escalier et  le fait rouler à proximité du mur. Il s’assied sur le ballon, face au mur.
Face à lui, sur ledit mur, sont scotchées 9 feuilles A4, en 3 rangées de 3 feuilles. Sa main gauche sur l’estomac et tenant dans sa main droite un marqueur noir sorti de sa poche, l’artiste se penche en arrière sur le ballon puis se relève pour tracer un trait horizontal sur l’une des 9 feuilles.
Il répète ce mouvement à 90 degrés, aux allures d’exercice d’abdominaux, jusqu’à avoir tracé, sur chacune des 9 feuillets, quatre traits horizontaux barrés d’un cinquième à la verticale. Les tracés achevés, sans se relever du ballon, il se déplace jusqu’au mur opposé et recommence « en miroir » le même processus de traçage sur 9 autres feuilles A4.
Puis, toujours assis sur le ballon, il rejoint le centre de la pièce, marque une pause et retire son t-shirt. Il se met debout, passe derrière le ballon, pose un genou à terre et, s’aidant de ses bras et de sa nuque, se relève lentement avec la sphère sur les épaules. Une fois debout, immobilisant le ballon d’un bras, il reprend le marqueur dans sa poche et trace sur sa paroi abdominale le même pattern de 5 traits, avant de reprendre la position bras levés, le ballon derrière la nuque.
Il entame alors une lente rotation dans le sens des aiguilles d’une montre, le regard fixé sur les membres de l’audience. L’inconfort occasionné par cette position transparaît sur son visage au fur et à mesure de ses mouvements.
Une fois achevée une rotation complète sur lui-même, l’artiste approche un spectateur au hasard et, sans dire un mot, lui propose dans un jeu de regards de lui accorder un moment de repos en le délestant du pesant objet. Le ballon confié au spectateur, l’artiste va jusqu’au mur, détache une des feuilles A4 tracées précédemment et vient la scotcher sur le ventre du spectateur. Puis, remettant un genou à terre, toujours en silence, il invite ce dernier à lui remettre le ballon sur les épaules. L’artiste répète ce processus en proposant à chaque fois à un membre du public différent de soulager son effort, et le récompense de la même manière.
Au bout de quelques « cycles », l’artiste, après avoir confié une dernière fois le ballon à un membre de l’audience, se poste immobile parmi cette dernière. Après quelques instants d’inactivité, le public prend spontanément le relais du processus, tandis que l’artiste se cantonne à remettre les « récompenses » aux volontaires. Lorsqu’il ne reste plus qu’une feuille au mur -sur les 18 de départ- il quitte la pièce, permettant de manière implicite aux transmissions de se poursuivre sans son intervention.

Texte PASHIAS, traduction Mathieu Lacaze

Original version
Action : The audience enters a space to face the artist’s back, while he stands still looking up at an inflated gym ball, placed at the top of a staircase on the opposite side of the gallery. Once the audience has gathered around the artist, he slowly walks towards the staircase without removing his gaze from the ball. Grabbing the ball with both arms extended over the staircase, he drops the ball onto the floor amongst audience members. Allowing for the ball to stop moving, he descends the staircase and makes his way towards it. He moves the ball near the wall, sitting on top of it with bend knees. Attached to the wall with strips of white tape, there are 9 pieces of horizontally placed A4 paper, in rows of 3. The artist leans backwards, placing his left hand onto his stomach and holding a black marker with his right hand, removed from his pocket. He then rises up to draw a black line on the central piece of paper, and leans back horizontally. This 90-degrees movement is repeated until he draws 4 horizontal lines and a final vertical one at their middle, on all 9 pieces of paper, following an escalating rhythm of repetition. Once all pieces of paper have been marked, he crawls towards the opposite wall without detaching himself from the ball, in order to repeat the same process on a mirrored set of paper. He then moves the ball at center of the space and, whilst sitting on it, he takes off his shirt. By moving behind the ball, the artist kneels on the floor, places the back of his neck onto it and slowly ascends by attaching both arms on the ball. Whilst still holding the ball with one arm, he uses the black marker to draw the same diagram of 4 horizontal lines and a vertical one, onto his bare abdominal area. Remaining in this position with both arms raised, he carries the ball and engages in direct eye contact with each member of the audience, whilst slowly turning clockwise on the same position and the discomfort of holding the ball upwards becomes more evident. Once he completes the circle, the artist approaches a member of the audience and offers him to hold the ball, allowing himself a moment of relief. He removes a piece of paper from the ball and attaches it at the abdominal area of the audience member. The artist kneels in order for the ball to be placed again on his shoulders, and repeats this process of ‘awarding’ audience members that share his carrying weight. At the end of this activity, he places the ball into the hands of an audience member and then stands amongst the public, showing no sign of action. After a brief period of inactivity, the audience is encouraged to either take or give the ball to each other, whilst the artist has the sole role of ‘awarding’ the paper pieces. Once this flow of action is established, the artist leaves behind the last paper piece on the wall and exits the space, allowing for the process to continue without his presence.

Dans sa nouvelle série de travaux intitulés « training for performance », PASHIAS, artiste visuel et performeur, essaie d’établir une connexion active entre l’art de la performance et le champ de l’athlétisme en utilisant le positionnement du corps humain comme vecteur d’énergie, de compétence, de qualité et potentialité esthétique et ce de la même façon que dans l’activité sportive. Par le biais d’un examen de ce que signifie « rivaliser » et « atteindre » un but spécifique, le corps entre en contact avec une autre entité ou avec les paramètres de son propre moi, tout comme l’artiste atteint une audience par l’incarnation de sa propre présence.

En s’appuyant sur des références allant de l’Antiquité à notre présent socioculturel et contextuel, PASHIAS crée un sport interdisciplinaire où le corps « en action » est présenté comme un organe politique qui confirme, teste et perturbe le fonctionnement d’un ensemble social.

PASHIAS a présenté des expositions solo à Chypre et en Grèce tout en participant à des expositions de groupe et des festivals internationaux, Russie, Norvège, Finlande, Estonie, Suède, Bulgarie et Turquie. Plus spécifiquement, il a collaboré avec des organismes culturels tels que Marina Abramovic Institute, l’Estonie Contemprary Art  Museum, l’Institut Supérieur des Beaux Arts de Besançon, la Biennale méditerranéenne d’art contemporain et le Festival International d’Art de Toulouse. PASHIAS a cofondé en 2013 l’epitelesis – représentation Art Foundation, une plate-forme internationale pour le soutien des activités culturelles, il a été curateur dans des expositions et des événements sur la relation entre le réel et les pratiques artistiques et a travaillé en tant qu’enseignant /conférencier pour divers programmes universitaires.

Denise Bresciani | Insect-Like / Like-Insects | Lautrec 2014

Denise Bresciani

Lautrec 2014 | Insect-Like / Like-Insects
Un événement de l’AFIAC

Commissaires d’exposition : Patrick Tarres, William Gourdin, Paul de Sorbier

 

Biomimétique
et entomophagie

Les insectes organisés en sociétés sont capables de construire collectivement des architectures d’une remarquable complexité. Architectes, designers ou ingénieurs industriels se sont souvent inspirés des prouesses de ces activités bâtisseuses pour penser leurs projets. Denise Bresciani fut elle-même architecte avant de choisir le champ de l’art pour produire ses performances et installations culinaires sous le label/concept « Architectures de bouche ». À Lautrec, pour interférer dans les relations sociologiques, psychologiques et physiques que l’Homme entretient avec la nourriture, elle choisit de s’adonner au biomimétisme et à l’entomophagie.

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Quatre dispositifs fabriqués avec des matériaux du bâtiment, chenaux en zinc, plaques d’aggloméré et grilles en inox, réinterprètent les constructions des termites et autres petits génies de la cellule hexagonale.
L’ensemble est très aérien et opère un contraste saisissant avec les halles et arcades médiévales de la place centrale. Des aliments sont disposés en cohésion avec la forme et la fonctionnalité du support. Dans les chenaux, qui dessinent une vue en coupe de galeries souterraines, on distingue ici et là quelques formes suspectes à six pattes, le reste ressemble à une salade de riz ou à des oeufs de lump. Le public s’approche et observe, contrairement à son habitude il semble prendre le temps. Les regards se croisent, interrogatifs et perplexes. Chacun est persuadé que des insectes entrent dans la composition des mets et chacun a bien raison de le croire. Les plus courageux goûtent du bout des lèvres, les autres vont suivre et finalement tout sera mangé.

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AFIAC/Café/Performance | Florent Bailly

affiche_site_8avril » Aux cours de voyages plus ou moins lointains, je cherche des paysages à vélo, seul, après avoir pratiqué le cyclisme en compétition.

“Non mais, tu te rends compte, une foule t’attend là-bas avec micros et caméras télé, ce sera le délire, la gloire et le fric à la pelle !“ C’était devant Cape Town, où j’ai catapulté sur la passerelle d’un pétrolier ce bref message au Sunday Times : “Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer …” Bernard Moitessier, Tamata et l’Alliance, Mémoires, éditions Arthaud

Différentes impressions de paysages sont mémorisées et rythment mes déplacements qui sont adaptés aux découvertes de paysages, alternant des séquences d’effort et de pause, enfractionné. Ma première échappée à vélo longe les côtes des mers et lochs d’Ecosse à l’été 2005.

Après un petit raidard à 14 %, j’aperçois du coin de l’oeil une forme et reconnais le castle Stalker … Appin, Écosse été 2005

La fatigue (physique et visuelle) et les conditions météorologiques influencent mes impressions, qui sont notées, photographiées et dessinées sur le motif, devant les paysages, comme les artistes-voyageurs du 18ème siècle.

Mes recherches de paysages m’ont amené à découvrir et revisiter l’Ecosse (été 2005 et automne 2007), le littoral atlantique français, en particulier la Bretagne et la Normandie (été 2006 et mai -juin 2012), et plus récemment la Scandinavie, du sud de la Suède au Cap Nord, du 11 avril au 23 juin 2014.  »

Traces / diaporama

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vidéo-poème SOLSTICI | 5 mars au cinéma Vertigo

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Vidéo-poème, Français-Occitan, 15 mn 04, 2015
Texte / Voix : Aurélia Lassaque
Musique : Jodël Grasset-Saruwatari
Image / Réalisation : Gaël Bonnefon
Afiac / Film Flamme / Cinéma Le Méliès
Avec le soutien du Département du Tarn, au titre de l’Education Artistique et Culturelle

L’Afiac réunit trois artistes : la poète Aurélia Lassaque, le musicien Jodël Grasset-Saruwatari et l’artiste plasticien Gaël Bonnefon pour la création d’une oeuvre poétique expérimentale. Solstici repose sur un dialogue singulier entre poésie, musique et image.

Solstici est composé de plusieurs mouvements correspondant à la partition du jour (Jour, Soir, Nuit, Prime Aube d’Été), l’atmosphère y est envoûtante, presque primitive. Chaque mouvement est à son tour composé de fragments, poèmes brefs, impressions, images saisissantes invitant au dialogue avec d’autres formes d’art. Ces fragments donnent libre court à l’imagination du spectateur, mais aussi à celle des artistes invités à dialoguer avec le texte, à le revisiter de sorte à déplacer à nouveau les frontières qui distinguent et parfois réduisent les différentes formes d’art.

Le poème choisi, « Solstice, le brame de Janus » – lu dans la bande son de la vidéo par Aurélia Lassaque, est une invocation fantasmagorique, intemporelle et sensuelle du solstice d’été.
Ce poème semble dissoudre les frontières. En premier lieu celles que l’on pose entre les langues. L’auteur adopte un processus de composition bilingue au sein duquel aucune des deux langues n’est la traduction de l’autre. Les deux formes textuelles, occitane et française, – relevant d’un processus spécifique d’écriture, translation, réécriture – coïncident grâce au pouvoir créateur issu de leurs différences. Ainsi, les langues ne sont jamais choisies ni l’une avant l’autre ni l’une au détriment de l’autre mais toujours ensemble, engendrant un poème unique en deux langues, à l’instar de Janus aux deux visages, divinité tutélaires du poème, gardien de tous les passages.

AFIAC/Café/Performance | SKALL

skallaffPortrait noir 2, série noire - 2005Black portrait 2, black seriesTirage lambda 130 x 104 cmTirage, Print: 1/3 + 2 EA (2 AP)En association avec Thierry Demarquest

Médusa, série blanche - 2003Medusa, white seriesTirage lambda 80 x 80 cmTirage, Print: 1/5 + 2 EA (2 AP)En associration avec Thierry Demarquest

 
Skall cultive un jardin secret, c’est le souvenir d’un Orient lointain où il passa une partie de sa jeunesse. Des images de « pudja » avec des offrandes de fruits et de fleurs restent gravées dans son regard. Désormais, il vit comme un sâdhu dans la jungle des villes, un moine du XIIIe arrondissement, un paysan de Paris aux rayons de supermarché des frères Tang.
Mais Skall n’a rien de dogmatique. L’archaïsme et l’exotisme de sa production sont vite rejoints pas une extrême modernité. C’est une expérience corporelle, la somme des perceptions et des affects d’un homme qui ouvre les yeux sur le monde et qui est capable, de révéler un paradis dans l’enfer de la banalité.
Skall est lui-même la plus convaincante de ses créations. Il faut avoir vu ses performances, parfois splendidement photographiées, où il apparaît quasi-nu, chaussé de cothurnes en boîtes de conserves ou en pantoufles de poulets crus, le corps enrubanné, la tête coiffée de branches ou de plumes. Il se métamorphose alors en nuage, en oiseau de paradis, en cerf en rut… On comprend alors qu’il se trouve à la tête d’un univers dont il ne livre, à chaque apparition publique, que quelques aperçus rapides, mais dont il contrôle la cohérence et l’unité.
Il ne s’agit, en aucun cas, d’un programme intellectuel. Plutôt de l’incarnation d’une certaine sagesse, d’une certaine étrangeté, aussi, car, s’il se sent bien partout, Skall n’est chez lui nulle part.
Olivier Goetz

Traces | vidéo

AFIAC/Café/Performance | Betty Bastié

bettyaff affiche« Suite à une formation de graphiste je suis entrée aux Beaux-Arts de Toulouse où je suis actuellement en 5ème année option art.
Qu’il s’agisse de l’alimentation, de la couleur ou encore de l’image, dans ma pratique plastique j’interroge toujours les apparences. Je tente de révéler au spectateur l’inconnu derrière le si familier et lui propose de se risquer à plonger à son tour dans son étrangeté. » Betty Bastié

http://bettybastie.tumblr.com

la vidéo de la performance au Café de Fiac | 5 février 2016

 

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SUBTERRANEAN DUPLEX SOLUTION | David Michaël Clarke

David Michaël CLARKE
en résidence au Foyer Occupationnel et Thérapeutique La Planésié, APAJH 81, Castres
Septembre 2015 – Janvier 2016
Dans le cadre des Projets Culture-Santé (DRAC-ARS)affsite copie

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Rencontres publiques autour de :
– Performance artistique SUBTERRANEAN DUPLEX SOLUTION | 15 décembre au FOT La Planésié, enfouissement public d’un duplex réalisé dans le cadre de la résidence en vue de l’hébergement d’une famille de lapins
– AFIAC/Café/Performance le 8 janvier 2016, au Café du village à FIAC
– exposition du 21 au 24 janvier 2016

Texte rédigé et lu par Isabelle VASILIC en introduction du vernissage, 22 janvier 2016

« Nous sommes très heureux de vous accueillir aussi nombreux parmi nous ce soir pour partager le troisième événement de cette journée, le vernissage de DMC. David a trouvé abri au Foyer La Planésié en Septembre 2015, dans le cadre de la résidence d’artiste liée au projet Culture Santé DRAC/ARS, APAJH/AFIAC. Il repartira vers de nouvelles aventures artistiques la semaine prochaine.
David s’est glissé dans le contexte en multipliant les rencontres formelles et informelles avec les Planésiens et les personnels. Il est arrivé ici avec une IDEE qui avait déjà germé ailleurs. Mais les idées sont aisément transportables et transposables. DAVID a l’art de l’idée. « Quand quelque chose est fait dans l’esprit, il ne peut être défait » disait SOL LEWITT, artiste conceptuel. « Qu’est ce que j’ai vu dans votre jardin ? » « Des lapins ». Construire une cité radieuse, un duplex souterrain pour des lapins voilà l’idée ! Chercher une solution pour améliorer la vie quotidienne de nos amis lagomorphes ! Ainsi David a inventé un problème qui n’existait pas pour créer une solution ! Il a bousculé tous nos repères pour nous entraîner dans la construction d’une oeuvre à priori absurde, déconcertante. La logique de l’absurde
est venue renverser nos représentations habituelles et rationnelles du monde.
Cette proposition architecturale, cette utopie, nous a déstabilisé, à la fois rieurs et consternés, découvrant des émotions inexplorées et leurs pouvoirs. Puis cheminant avec David, nous avons joué avec ce non-sens, l’apprivoisant jusqu’au bout du processus artistique. Faire abstraction de l’utile nous a conduit jusqu’à l’ oeuvre. Je ne vais pas ce soir vous raconter comment toute cette histoire d’architecture moderne s’est déroulée, mais vous pourrez échanger tout à l’heure avec David et les Planésiens. Cette histoire est la leur. Ils ont été témoins du projet et donc du processus créateur depuis le début. Ils ont contribué à la réalisation de l’ oeuvre de par leurs idées et leurs rencontres avec la matière : argile et béton. Vous avez peut-être aperçu au-dehors les bas-reliefs. Ce travail de moulage s’est répété, en écho peut-être à la profusion des lapins, un processus infini de reproduction, ou encore une tautologie. Une maison pour les lapins, un chantier comme prétexte pour évoquer les architectes les plus grands : LE CORBUSIER, Walter GROPIUS, Oscar NIEMEYER . Plus encore, David a proposé un voyage de recherche autour de l’architecture moderne à ROYAN, mais aussi la visite du Mirail et du Sidobre. Des contextes variés et réunis ici pour exploiter des
territoires et des débats toujours actuels : projets urbains, disparition du patrimoine, architecture brutaliste, échec des habitations sociales, des grands ensembles…
Maintenant quelques mots sur un moment exceptionnel de la résidence : la cérémonie de l’enfouissement de l’oeuvre, de la cité radieuse, du duplex. L’oeuvre a disparu le 15 décembre 2015, a été enfouie en grandes pompes. Je ne le savais pas mais il existe une Agence d’Enfouissement des oeuvres et d’oeuvres d’art. L’Agence explique que ce processus transforme « le productivisme antérieur en un commentaire évènementiel dans l’invisible actuel ».
L’ oeuvre vous ne la verrez pas dans sa réalité, vous verrez seulement son réel que vous essaierez d’attraper dans la vidéo installée au Club des Planésiens. Cet art de la disparition a fait son apparition depuis peu dans l’ère contemporaine. Ces performances s’inscrivent à contre-courant de la visibilité en constante progression qui conditionne la logique commerciale. L’accessibilité de l’art et le tout spectaculaire valorisent l’art dans ce qu’il n’est pas, l’objet du musée, des collectionneurs, de la marchandisation. Ce pied de nez renvoie aux valeurs fondatrices de l’art qui ont à voir avec le mystère, le « bruit secret » dirait DUCHAMP.
Les Planésiens sont ainsi devenus les « Story tellers » ou en français, la mémoire individuelle d’une histoire commune entre eux et l’artiste. Ils raconteront cette histoire et renoueront ainsi avec la tradition orale et les mythes. Marina ABRAMOVIC énonce que l’art est une question d’énergie et que l’énergie est invisible ! Cette cérémonie a immortalisé l’oeuvre dans notre mémoire et nous a rappelé le cycle de la vie, et son renouvellement.
Comme vous avez pu l’entendre du moins je l’espère, cette résidence nous a propulsé dans une rêverie sérieuse et joyeuse avec des lapins qui se sont certainement installés à l’heure où je vous parle dans ce merveilleux subterranean duplex.
Je vous souhaite un agréable vernissage. Le vernissage à l’origine permettait aux peintres de vernir leurs tableaux sur place, le peintre exposant avait la possibilité de vernir ses toiles…BIENVENUE DANS LE SALON DE DAVID MICHAEL CLARKE. »

Isabelle VASILIC, psychologue clinicienne, référente des projets Culture et Santé | FOT La Planésié, APAJH 81

AFIAC/Café/Performance | Violaine Lochu

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Lors de sa résidence au 116 (centre d’art contemporain de Montreuil) Violaine Lochu a développé le projet Mémoire Palace, en s’inspirant de l’ars memoriae — un moyen mnémotechnique pratiqué depuis l’antiquité —, avec pour ambition de donner à voir et à entendre une mémoire orale — subjective et hétéroclite — de la ville de Montreuil. Lors de rencontres sur des marchés,bibliothèques, centres sociaux, établissements scolaires, maisons de retraite, théâtres… il s’agissait pour les participants de transmettre à l’artiste quelque chose qu’ils connaissaient par cœur (chant, poésie, prière, recette de cuisine, etc.). À partir du matériau recueilli, Violaine Lochu a «re-joué» cette mémoire subjective et protéiforme, sous la forme de pièces radiophoniques, d’une performance et d’une édition.

Née en 1987, vit et travaille à Montreuil (93).

Le travail de Violaine Lochu est une exploration du langage et de la voix. Dans ses performances, vidéos, pièces radiophoniques, elle croise ses propres recherches vocales avec une relecture libre de différentes traditions écrites ou orales (mythes, contes, chansons populaires…), des réflexions théoriques (nourries de psychanalyse, de linguistique, de sociologie…), et un matériau sonore recueilli lors des nombreuses rencontres auxquelles sa pratique donne lieu. La performance créée pour le projet Mémoire Palace par exemple, est une ré-interprétation des paroles des 200 personnes de tous horizons rencontrés durant les 3 mois de sa résidence au Centre d’art le 116 (Montreuil). A chacune de ses interventions, Violaine Lochu explore tout le spectre et toutes les possibilités esthétiques de sa voix, y compris les plus inattendues, pour tenter de l’emmener vers un au-delà du dicible.

Diplômée de l’ENSAPC (Ecole nationale supérieure d’art de Paris Cergy) et titulaire d’un Master II de recherche en arts plastiques (université Rennes 2), Violaine Lochu a exposé et performé en France et à l’étranger (Friche la Belle de Mai, Espace Khiasma, Centre d’art Béton salon, Galerie du Jour Agnès B., Galerie Justina M.Barnick à Toronto, North End Studio à Detroit…). La Box, Le 116, Mains d’Œuvres, Le Générateur l’ont accueillie dernièrement en résidence. Elle a également improvisé avec des musiciens (Serge Teyssot-Gay,Mounir Troudi, Marie Suzanne de Loye ), des danseuses (Maki Watanabe, Imen Smaoui), et des circassiens (Hélène de Vallombreuse, Nathan Israël), dans des lieux comme les Bouffes du Nord, le Cirque Electrique, Les Instants Chavirés, le Théâtre du 4e art à Tunis…

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