AFIAC/Café/Performance | Delphine Trouche

AFIAC/Café/Performance | Delphine Trouche

Commissariat Patrick Tarres

Rendez-vous vendredi 3 novembre 2017 à  21H au POP UP Café de Fiac

Une homme sans vulgarité, Paris Galerie l’inlassable

 

Delphine Trouche construit des ponts et des espaces de transition pour accéder à d’autres états de conscience. À travers la performance et la peinture, elle explore les possibilités de ces médiums afin d’évoquer des sujets relatifs au genre, à l’identité, et plus généralement à une transformation de notre manière d’être au monde. […] Elle s’amuse également à transgresser les normes dans ses performances, comme lorsqu’elle se revêt entièrement de poils laissant seulement ses seins apparents, où lorsqu’elle enfile un costume d’escargot, hermaphrodite de sexe masculin et féminin. Le caractère subversif et amusant ainsi que le mélange des genres et des références dans son travail sont autant de preuves que le désir ne se construit plus seulement entre les lignes qu’ont dessinées les hommes, mais bien dans les formes que se sont appropriées les femmes. À travers la sexualité, l’amour et la spiritualité, elle invoque un nouvel état mental libéré du carcan masculin. Chez elle, le caractère jouissif du travail est essentiel. « Je prends plaisir à peindre, ce n’est pas forcément cérébral », dit-elle. Elle cherche à construire une identité hors du genre, des classes sociales et des origines. Elle aborde en filigrane la notion d’égalité et de liberté. Les formes qu’elle reproduit deviennent siennes. Ses performances et sa peinture sont autant de clefs de lecture pour l’émancipation. Car si le fait d’atteindre un nouvel état de conscience peut s’apparenter à une transe religieuse, à une jouissance sexuelle ou à une décharge d’adrénaline, n’est-il pas aussi synonyme de liberté, de cette liberté que Delphine Trouche rencontre lorsqu’elle peint ?

Marion Vasseur Raluy

plus sur Delphine Trouche

AFIAC/Exposition | Denise Bresciani

Denise Bresciani | KTF | 2017

Restitution publique des ateliers artistiques de recherche sur l’expérimentation de matières alimentaires, menés au mois de juillet 2017 par l’artiste Denise Bresciani au sein de l’EPM (Etablissement pénitentiaire pour mineurs) de Lavaur.

Dans le cadre du dispositif Culture /  Justice

Vernissage le 5 décembre 2017 à partir de 18h30

 

KTF 

Le projet mis en œuvre entre l’EPM et L’AFIAC consistait à la mise en œuvre d’ateliers de cuisine à l’EPM de Lavaur, basé sur la recherche et l’expérimentation de matières alimentaires.

Il s’agissait pour les jeunes mineurs d’engager un dialogue entre les arts plastiques et la cuisine pour vivre une découverte de l’art culinaire, avec l’appui des éducateurs et de Denise Bresciani, artiste plasticienne invitée par L’AFIAC. Cette dernière a amené les jeunes à se confronter au « faire » et à l’expérimentation par le biais de la mise en œuvre de savoir-faire simples et le partage de l’imaginaire autour des saveurs, du goût et de la composition visuelle.

Des traces (photographies, matériaux écrits et comestibles) du processus prolongeront l’expérience, éphémère de fait. Elles feront l’objet d’une restitution publique à l’extérieur de l’établissement, au sein du Musée du Pays Vaurais à Lavaur du 5 au 21 décembre 2017.

 Plus d’infos sur Denise Bresciani

Brunch médiation

AFIAC | Brunch | POP-UP Café

Pour ce 3ème rendez-vous l’AFIAC et le POP-UP Café propose de venir discuter et échanger du festival Des artistes chez l’habitant intitulé cette année « Frontières effrangées », le tout autour d’un brunch !

RDV de 9h30 jusqu’à 14h30

Plus d’infos sur le POP-UP Café

AFIAC/Résidence | Estelle Vernay | 2017

Estelle Vernay | PLAYTIME | 2017

Artiste en résidence au Foyer de vie La Planésié – APAJH du Tarn, Castres, dans le cadre du dispositif Culture, Handicap et Dépendance
un partenariat DRAC/ARS

Vernissage le 9 novembre 2017 à partir de 18h

 

Estelle Vernay consacre sa pratique à la vidéo et à l’installation.  En puisant ses références dans la peinture classique, le romantisme mais aussi le grand guignol et les clichés du film d’horreur, elle investit la dynamique de l’image ainsi que les limites du spectacle et la manipulation du spectateur. En jouant avec les mécanismes de création de l’illusion elle nous invite ainsi à questionner notre relation à l’image et à la fiction.

plus d’infos sur Estelle Vernay

des artistes chez l’habitant 2017 | FRONTIÈRES EFFRANGÉES

18ème édition de « des artistes chez l’habitant »
Titre : Frontières effrangées
Lieu : Fiac
Période : 08.09 > 10.09.2017
Vernissage : 08.09.216

Commissaire général : Patrick Tarres, directeur artistique de L’AFIAC
Commissaires invités : Annabelle Ténèze, directrice générale des Abattoirs-FRAC Occitanie Toulouse et Jackie-Ruth Meyer, directrice du centre d’art Le LAIT, Albi

FRONTIÈRES EFFRANGÉES

« Ce qui me semble le plus beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style, […] un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible ». À l’époque où Flaubert veut écrire un livre sur rien, Edouard Manet peint une peinture littérale, des touches de couleur sans Moi ni narration.
Si la réflexion sur les frontières entre les genres artistiques ne nous permet pas d’appréhender à ce jour la notion d’art total, cette dix-huitième édition de des artistes chez l’habitant souhaite offrir une lecture féconde du dialogue entre la littérature et les arts visuels. Pour ce faire, il sera proposé à chaque artiste invité à participer à Frontières effrangées de choisir un livre ou un texte auquel il est particulièrement attaché et de proposer une projection de son imaginaire de lecteur sous la forme d’une oeuvre d’art. Ces lectures seront-elles fidèles aux nôtres ? Il ne nous restera qu’à lire les écrits choisis par les artistes pour nous en faire une idée.
Patrick Tarres

Les artistes ont forcément des liens aux textes. Certains en écrivent. Tous s’en nourrissent. Les textes alimentent les idées et l’imaginaire, transmettent la mémoire, produisent des images mentales, s’infiltrent dans notre identité. Ils permettent aussi d’échapper au réel et de le retrouver, en le traduisant.
Les écrivains et les artistes traquent le réel et créent des univers. Ce sont des capteurs sensibles et ils se déplacent constamment dans l’espace et le temps. Une phrase ou une oeuvre peuvent changer la perception du monde pour toujours. Les artistes et les écrivains n’ont pas de certitudes, ils construisent quelque chose qui apparaît soudain, entre des pages ou dans l’espace.
Nous avons invité des artistes à s’inspirer d’un texte de leur choix et à le transposer librement en formes visuelles. Son souvenir, sa lecture, sa matière, son sujet, sa langue, sa forme, tout peut être un point de départ pour le voyage. Les oeuvres se réalisent avec la complicité d’une famille du village, sur son lieu de vie, selon les règles de la manifestation.
Jackie-Ruth Meyer

Si le rapport entre les mots et l’art, entre le livre et la peinture, est une constante de l’histoire de l’art, l’art du XXe siècle a battu en brèche les frontières entre l’écrit et l’image : Dada, avec la poésie phonétique et son goût de l’absurde, a marqué une rupture avec le langage établi de l’art, tandis que l’art conceptuel a énoncé que l’idée, et donc les mots, précèderait l’oeuvre. Dans notre ère numérique s’ouvre une nouvelle multiplication des écritures, des réseaux sociaux au langage SMS. Comment peut aujourd’hui s’écrire une oeuvre plastique face au récit littéraire, le lieu de toutes les fictions et toutes les vérités, face au livre, ce répertoire de formes comme de sens, ou encore à la bibliothèque, la masse des récits rendue disponible à tous ? L’artiste est-il un lecteur ou un écrivain comme un autre ?
Annabelle Ténèze

 

les artistes de FRONTIÈRES EFFRANGÉES

Edwige Armand, Occitanie

Edwige Armand travaille sur la question du corps, du temps et de l’espace à l’heure du paradigme rhizomique. Son approche plastique s’articule avec des questionnements théoriques et ses créations relèvent le plus souvent d’interactions avec les milieux scientifiques. Elle a réalisé divers projets avec Valérie Bergoglio (INSERM) et Nicolas Langlade (INRA) qui interrogeaient la question du progrès, des représentations scientifiques et l’idée de ce que signifie être vivant. En collaboration avec Thomas Breton (IRIT, Vortex), elle construit une pièce dont le résultat plastique est indéterminé et intègre des algorithmes de vie artificielle. La question de l’indéterminé, une des caractéristiques du vivant et de la création, reste au centre de ses préoccupations. Son travail, bien qu’il découle d’interrogations personnelles est toujours le fruit d’une collaboration avec des domaines scientifiques, d’une co-création, où le partage des connaissances et des doutes de l’humain l’intéresse particulièrement.  Le doute de nos connaissances lié à nos limites corporelles est aussi une thématique récurrente dans sa pratique plastique.

Photo : « Endophonie Mécanisée », 2012
Installation Interactive-organique réalisée dans le cadre du Master Création Numérique à Toulouse 2 Jean Jaurès ©Sandra Garcia

 

Emma Dusong, Ile de France

À travers la voix humaine, parlée ou chantée, Emma Dusong recherche des expériences vivantes. Telle une respiration, sa voix suit les émotions, se transforme et devient pour nous la source vivante d’un mouvement intérieur.
Née en 1982 aux Lilas, Emma Dusong vit à Paris. Diplômée de l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris avec les félicitations du jury en 2008 puis résidente au pavillon du Palais de Tokyo, elle présente son travail en France et à l’étranger depuis le début des années 2000. Elle réalise des œuvres à regarder, à écouter, à manger ou à sentir sous divers médiums : son, vidéo, installation, objet, gravure, chocolat, photographie et performance. Elle est également docteur en sciences de l’art et esthétique, maître de conférences à l’université de Picardie-Jules Verne et écrit sur le chant dans l’art contemporain et le cinéma. Son travail est représenté en Suisse par la galerie Laleh June. En 2016, elle expose Suivre sa voix au CRAC Languedoc-Roussillon à Sète, Source sonore au CAIRN, Centre d’art à Digne-les-bains, et également Robines dans le cadre de l’exposition Polyphonies au Centre Pompidou à Paris. En mars 2017, Annette Messager choisit Emma Dusong parmi ses cinq coups de coeur qu’elle présente lors d’une exposition virtuelle sur Arte, dans un documentaire de Claudia Müller. Suite à une résidence au sein de la Maison Bernard (dont l’habitologue est Antti Lovag), son oeuvre sonore Et O rejoint la collection du Fonds de dotation. Elle fait également partie de la collection du Musée Gassendi et du FRAC Languedoc-Roussillon. Dans le cadre de In Situ Patrimoine et art contemporain, son oeuvre vocale En haut est exposée au sein du chevalement de la mine de Decazeville dans l’Aveyron du 6 juillet au 17 septembre 2017. vers le site de l’artiste

Photo : « Robines », juin 2016
Installation vidéo sonore,  Collection Musée Gassendi, 1/3

 

Jean-Baptiste Janisset, Val de Loire

La démarche de Jean-Baptiste Janisset s’ancre dans une recherche autour d’une mémoire collective complexe liée à l’histoire de la France, et notamment de la colonisation, à travers sa manifestation dans les sculptures publiques. Ces traces et restes qui continuent à manifester ces faits historiques. La mémoire collective se joue dans la sculpture, dont les formes visuelles et sensibles, la puissance, la charge donnent présence à cette histoire. Souvent sous une forme spectrale, voire fantomatique.  Il élabore des processus et des gestes qui relèvent d’une volonté presque animiste de charger un matériau inerte d’une volonté propre, de rassembler des forces contraires en tension pour conférer à la sculpture une énergie « vitale ». Il s’agit de lui donner une puissance de résistance, de considérer son processus de croissance et de réduction, d’élévation et d’affaissement, son champ de force et d’action. Et ce afin de générer des expériences, des situations, des réflexions. vers le site de l’artiste

Photo : « Monkey*Poppy », Zinc, Étain, Cuivre, Plâtre, Bois 132x98cm, 2017 et « Reine*Rose_Bleu », Zinc / Étain / Cuivre / Plâtre / Bois 164x82cm, 2017 – Exposition-lancement de la revue Point contemporain #5 « SENSIBILITY » Villa Belleville, Paris

 

Eva Galtier, Provence Alpes Côte d’Azur

Diplômée de l’école des Beaux-Arts de Lyon en 2012, Eva Galtier mène une recherche autour des esthétiques populaires. Elle développe des formes qui valorisent une forme de kitsch, trouvées dans des éléments de décoration que l’on peut considérer «de mauvais goût». Ses dernières installations fonctionnent à la façon d’un display ; les différents éléments peuvent être disposés et choisis de façon différentes selon les espaces d’accrochage. Ces displays sont élaborés de façon à jouer avec la surenchère décorative afin de créer des ensembles dans lesquels les contraires seraient harmonieusement possibles. Qu’elles soient documentaires ou décoratives les formes qu’empruntent ses réflexions sont traversées par les notions de domestique, de jugement et de vernaculaire. vers le site de l’artiste

Photo : « L’hippocampe terne et la méduse constellée », en collaboration avec Benédicte Thoraval et Florent Dubois, Espace GT, Marseille Février 2017

 

Michèle Magema Ile de France

Michèle Magema est née à Kinshasa, en République démocratique du Congo, en 1977 et vit en France, à Paris, depuis 1984. En 2002, elle est diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy et participe ensuite à de nombreuses expositions, Africa Remix au Centre Georges Pompidou, Global Feminisms au Brooklyn Museum, New- York, Parade and Procession au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington DC.
Son travail est un dialogue permanent entre les histoires individuelles, l’Histoire, l’histoire de l’art et la mémoire collective Elle réalise des mises en scène qui se déploient dans divers espaces extérieur et intérieur. Son médium privilégié est la vidéo, mais elle utilise également le dessin, les installations et très régulièrement la performance. Une dernière en date, Picturing (THE) stories, présentée dans le cadre du Festival SUD au Cameroun, met en exergue des éléments marquant la période coloniale camerounaise que l’artiste s’est appropriée, pour donner à voir un tableau coloré, se déployant dans l’espace. vers le site de l’artiste

Photo : « L’envolée, un pas vers le ciel » – Mono vidéo- 6,5 mn- Michèle Magema©2017

 

Chloé Mathiez, Nouvelle Aquitaine

Dessinatrice, Chloé Mathiez a étudié à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême et à la Villa Arson de Nice. Elle utilise principalement le stylo-bille parfois réhaussé de couleur au crayon. Son interêt se porte sur l’expression de personnages, les détails et les motifs qui occupent nos champs de vision. Elle publie des pages pour différentes revues graphiques et artistiques notamment Freak Wave (Paris), Gestroco Club (Angoulême), Le Crachoir (Paris), Hopital Brut/Le Dernier Cri (Marseille), Mon Lapin (Paris), Équilibre Optimum (Paris), l’Armée Noire (Lille/Nantes) et réalise des fanzines, parmi lesquels Donald dépasse les frontières (2009). Elle est également co-auteure de la bande dessinée Guerriers amoureux (adaptée du roman de J.-L. Costes), sortie en 2016 chez Eretic-Art.

Photo : « Yekini », stylo bille noir sur papier A4

 

Camille Savoye, Occitanie

Aux Fourneaux du centre d’art et de design La cuisine, Camille Savoye explore l’alimentation à travers une pratique qui mêle médiation et création. Sa formation de cuisinière et de muséographe l’amène à tisser des liens entre les produits travaillés, les saveurs assemblées et l’espace de dégustation.
Attachée au plaisir de manger, son travail culinaire est à la recherche d’un équilibre entre la mise en scène et la gourmandise.

[Partenariat avec le centre d’art et de design La cuisine]

Photo : Vernissage de Marché noir, biennale de l’ISCID de Montauban, à La cuisine, centre d’art et de design, 2017 ©Lucie Guitard

 

Jeanne Susplugas, Ile de France

Jeanne Susplugas vit à Paris. Son travail est représenté par les galeries Valérie Bach (Bruxelles), Iragui (Moscou), Wild Project (Luxembourg) et New Square (Lille). De la vidéo à la photographie, de l’installation au dessin, Jeanne Susplugas évolue dans un univers aussi séduisant qu’inquiétant avec comme préoccupations principales nos addictions et autres aliénations. Sa démarche engagée aborde toutes les formes et stratégies d’enfermement tant pour interroger les relations de l’individu avec lui-même qu’avec l’autre. Sa façon de traiter les pathologies du monde contemporain s’applique à en traduire les signes et les symboles dans le champ des arts plastiques. vers le site de l’artiste

Photo : « All the world’s a stage », installation, production Centre d’art Le LAIT, Albi, 2013 © Jeanne Susplugas

 

Delphine Trouche, Ile de France

« Delphine Trouche construit des ponts et des espaces de transition pour accéder à d’autres états de conscience. À travers la performance et la peinture, elle explore les possibilités de ces médiums afin d’évoquer des sujets relatifs au genre, à l’identité, et plus généralement à une transformation de notre manière d’être au monde (…). Sur ses muraux en papier, elle appose des posters qui sont des espaces de projection. Accrochés dans la chambre d’un adolescent ou dans les toilettes de la maison, ils reprennent des images publicitaires telles une plage déserte ou un coucher de soleil. Ces posters sont aussi des fenêtres sur le monde et permettent de s’extraire du quotidien et de l’existence. L’artiste singe des signes déjà rencontrés dans l’histoire de l’art – chez Supports/Surfaces ou De Chirico – de manière burlesque afin de mieux les détourner. Elle s’affranchit des codes esthétiques imposés mais aussi de l’héritage pictural. Il ne s’agit plus tant de parler de peinture que de passer dans une nouvelle dimension de l’esprit. Elle s’amuse également à transgresser les normes dans ses performances, comme lorsqu’elle se revêt entièrement de poils laissant seulement ses seins apparents, où lorsqu’elle enfile un costume d’escargot, hermaphrodite de sexe masculin et féminin. Le caractère subversif et amusant ainsi que le mélange des genres et des références dans son travail sont autant de preuves que le désir ne se construit plus seulement entre les lignes qu’ont dessinées les hommes, mais bien dans les formes que se sont appropriées les femmes. À travers la sexualité, l’amour et la spiritualité, elle invoque un nouvel état mental libéré du carcan masculin. Chez elle, le caractère jouissif du travail est essentiel. « Je prends plaisir à peindre, ce n’est pas forcément cérébral », dit-elle ». Marion Vasseur Raluy vers le site de l’artiste

Photo : « Riverrun, past Eve and Adam’s », 2017, peinture murale, gomme laque et acrylique sur papier, dimensions variable, Exposition « Peindre, dit elle 2 » musée des Beaux-Arts de Dole 2017

 

Erwan Venn, Nouvelle Aquitaine

L’ensemble de la pratique artistique d’Erwan Venn repose sur une exploration mémorielle et sensible, à partir d’archives, de motifs, d’histoires, qui font mémoire. Son souci est de «Faire image», c’est-à-dire de trouver ce « petit sentiment d’extase que l’on éprouve quand nous retrouvons des souvenirs enfouis au sein de notre mémoire ». (…). Parallèlement, il pointe du doigt la prégnance de cette idéologie profondément ancrée dans les strates du contexte sociopolitique actuel. Une pensée moraliste basée sur une conception galvaudée de la nature humaine qui continue à dresser des barrières entre les individus en excluant toute forme de différence. En ce sens, l’artiste se démarque d’un héritage familial auquel il a refusé de se conformer et revendique son appartenance aux subcultures, aux marges. Dans les espaces numériques qu’il fabrique, il questionne, détourne et bouscule les méandres d’une histoire à la fois personnelle et collective.  Julie Crenn
vers le site de l’artiste

Photo : « Pierre », mine graphite sur papier aquarelle, 45 x 45 cm, Erwan Venn  @2013

 

les habitants de FRONTIÈRES EFFRANGÉES

Martine et Jean-Pierre Garouste reçoivent Michèle Magema
Alexia Grimalt et Dominique Lecorney reçoivent Delphine Trouche
Guilaine du Manoir et Jean-Yves Nédélec reçoivent Chloé Mathiez
Yasemin Henden et Julien Martinet reçoivent Eva Galtier
Nathalie Puech reçoit Emma Dusong
Mélanie Couraud et Olivier Delattre reçoivent Edwige Armand
Brigitte Cartier et Francis Bidault reçoivent Jean-Baptiste Janisset
Judith Ajchenbaum et Erwan Bonté reçoivent Jeanne Susplugas
Alain et Jean Sudre Bech reçoivent Erwan Venn

 

les infos pratiques de FRONTIÈRES EFFRANGÉES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vivre le festival

Pendant trois jours, le public est invité à visiter, sur le mode d’une déambulation libre, les dix lieux répartis sur la commune pour y rencontrer les artistes, leurs hôtes et découvrir les oeuvres réalisées pendant la résidence. Un dialogue s’engage alors : étonnant, enrichissant, parfois même catalyseur d’un changement sensible de son rapport à l’art, à l’esthétique et au(x) vivant(s).

L’exposition peut se parcourir à pied au gré de la journée ou du week-end – possibilité de restauration et gîte sur place ou dans les villes et villages alentours.
Infos auprès de l’Office de tourisme du Lautrécois – Pays d’Agout Tél. : 05 63 97 94 41 www.lautrectourisme.com

Entrée libre et gratuite sur les lieux d’exposition

Karine Mathieu | Plastic Queer

Queer Center

par Karine Mathieu
Si la théorie Queer s’oppose à l’hétérosexisme et plus généralement à toute tentative de catégorisation du genre, elle vient déshabiller la norme pour mieux la regarder. Car il s’agit bien de défaire les frontières du genre vers de nouveaux possibles.
Plastic Queer, cette invitation de commissariat d’exposition, claque comme une véritable destinée artistique, m’amenant, sans que je le sache, à accéder au coeur même du genre plastique.

………………………….la suite …………………………..

Je revois encore le regard amusé de Patrick Tarres, directeur artistique de l’Afiac, lorsqu’il m’offrit cette carte blanche. Je lui ai confessé mes doutes lors de mon ablution dans le monde du genre, il m’a guidée dans la liberté de suivre mes instincts et porter mes convictions.
Tel un chef d’orchestre, il sait mieux que quiconque convoquer la mixité pour tisser des expériences sans pareil : convier des artistes à vivre un moment unique de création chez l’habitant autour d’une réflexion commune.
Au départ, je ne pouvais me résoudre à inviter des artistes sans comprendre les enjeux liés à ce Plastic Queer. L’approche sociologique orienta mes premières recherches. La rencontre avec Jams fut un moment fondamental. En m’éclairant par ses lectures, ses références et ses convictions, il m’a ouvert la voie. Très vite une confusion m’envahit : comment aborder cette notion d’identité ? Doit-elle nécessairement impliquer l’invitation d’artistes queer pour parler du queer ? Et le genre artistique dans tout ceci… Comment décloisonner les codes ?
Du photographe Claude Cahun aux vierges sous serment en Albanie, je me retrouve fascinée par cet interstice dépassant le piège d’une terminologie. Car le queer des uns n’est pas le queer des autres. Alors, quitte à dérouter dans cet exercice délicat, j’ai décidé de dériver en marge de la marge.
Les artistes invitées pensent l’identité dans un panorama où se croisent les mythes et les croyances, où les corps s’unissent dans une autre nature. Par un militantisme feutré, nous avons adopté l’aventure Afiac en vous livrant ce que nous sommes : des femmes hétéros et homos, des chercheuses de sens, des aventurières de l’autre où la norme ne guide pas nos pas.
L’envie de vivre intensément cette sollicitation a dicté ma conviction de construire une relation à la fois ultime avec les artistes et les hôtes. Les inégalités persistent, les mouvements réactionnaires s’attaquent à l’identité du genre. Le temps d’un week-end, Fiac est devenu notre queer center : une trêve où la générosité des habitants croise la force de création, où le public s’abandonne au plaisir festif, troublant délicatement l’ordre normatif des genres.
Chaque étape de l’Afiac a insufflé son instant exclusif : avoir un réel sentiment d’abandon de l’artiste le premier soir chez l’habitant / partager des strates de vies éclatées / bousculer l’intime par l’art / se révéler en silence une émotion partagée / remercier cet intervalle éphémère qui nous est accordé.

Un grand merci aux artistes pour leurs confiances et leurs honnêtetés, au directeur artistique de l’Afiac et à son équipe, aux habitants, aux publics… aux queers.

 


Commissariat général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Karine Mathieu, Chef de projet d’exposition et de diffusion en région / les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées et Magali Gentet, directrice et commissaire des expositions du Parvis, centre d’art contemporain

Les artistes

Anna Burlet, Hélène Mourrier, Tony Regazzoni, Evor, Jean Biche, Pascal Lièvre, Romuald Dumas-Jandolo, Red Bind, Delphine Balley


Magali Gentet | Plastic Queer

Queer as we are

par Magali Gentet

Lorsque Patrick Tarres m’a invitée à assurer, avec Karine Mathieu, le co-commissariat de l’édition 2015 de l’Afiac Des artistes chez l’habitant, j’en ai été ravie d’autant que je connais et apprécie l’aventure fiacoise de longue date. Des artistes chez l’habitant est un concept pertinent et original. Ni galerie, ni centre d’art, l’Afiac est un lieu hybride, un espace de résidences artistiques, de partages et de co-création qui favorise la rencontre entre l’art contemporain et le monde rural.

………………………….la suite …………………………..

Invités en résidences chez les familles fiacoises, dix artistes créent des oeuvres spécifiquement conçues pour l’occasion et le temps d’un long week-end de trois jours, accueillent, avec leurs hôtes, les milliers de visiteurs pressés de découvrir et d’admirer les pièces qui ont été ainsi créées dans les demeures, les jardins ou les champs.Un must see en ex Midi-Pyrénées… Toutefois, je dois avouer que lorsque Patrick nous a parlé de sa thématique, sa proposition nous a laissées, Karine et moi, quelque peu pantoises. Intriguées aussi et par ailleurs amusées, tant nous voyions dans ce sujet une volonté (pour lui et nous ?) de ruer dans les brancards et de provoquer les esprits et les réactions.

Plastic Queer kesako ??

Sans doute étions-nous, au départ, déconcertées par un sujet que nous craignions (à tort) trop connoté « gay, bi & trans friendly ». Avec pour crainte première de n’inviter que des artistes qui questionneraient l’identité de genre ou la sexualité. Car, avouons-le, pour nous comme pour la majorité des personnes extérieures au mouvement, le queer se réduisait sans aucun doute à une représentation sexuelle, corporelle et identitaire caricaturale incluant avec force fêtes et
paillettes. Or, on le verra au cours de la manifestation, en art comme dans la société, le queer touche nombre de sujets, pourvu qu’ils visent à la déconstruction d’un monde binaire, où dominations et hiérarchies s’imposent comme des normes.
Nous étions par ailleurs en 2015, en plein débat sur la question du genre et le mariage pour tous venait d’être légalisé dans la douleur… Voilà qui ne manquait pas non plus d’ajouter à l’intérêt du sujet tout en posant en effet d’importantes questions : Pourquoi refuser l’égalité des droits pour tous sous prétexte d’une identité ou orientation sexuelle différente ?
Comment comprendre un autre qui se refuse à quoi son sexe de naissance l’assigne ? Qu’estce que le queer ? Qu’a-t-il à faire en art ? Existe-t-il un art queer et si oui comment les artistes d’aujourd’hui s’emparent de ses problématiques ? De l’agir et des pratiques queer ? Quels usages et réflexions apportent-ils aux théories genrées et « queerées » ? Enfin, qu’ont-ils à dire sur l’état de notre société, sa tolérance et ses extrémismes ? L’histoire du queer est ancienne mais sa théorie toute récente. Elle est une réaction à l’héritage du discours sexologique du 19e siècle, qui classe et norme tout, notamment les identités sexuelles. « Queer » est un terme américain qui signifie étrange, louche, peu commun, à part. On peut également le traduire par tordu, qui s’oppose dans ce cas à « straight » (droit), désignant alors les hétérosexuels, représentants d’une société assimilationniste, normalisée et binaire (hétéro, blanche et bourgeoise).
Souvent considéré comme une insulte envers la communauté LGBT dans les pays de langue anglophone, le mot « queer » s’est pourtant vite vu récupéré par les mêmes qu’il moquait. Le mouvement queer est ainsi né dans les années 80, au moment de l’apparition du sida, quand les militants remettent en cause les politiques identitaires et les représentations sexuelles, considérant par exemple que la distinction entre homme et femme ne dépend pas du seul fait biologique mais de la société qui conditionne les comportements et le choix de l’identité.
Comme l’écrivait Simone de Beauvoir, donc « on ne naît pas femme, on le devient ». Et c’est Judith Butler avec son ouvrage majeur Trouble dans le genre, publié en 1990 aux États-Unis (et 15 ans plus tard en France !), qui jette la première les principes de la « Queer Theory », bousculant l’hétéronormalisation (1) de la société et refusant l’existence des identités de genre (homme et femme) et de l’orientation sexuelle. Pour Butler il y a en effet autant de genres que de manières d’agir et de vivre sa vie. Or, c’est à cet endroit précisément que la thématique Plastic Queer démontre toute sa pertinence.
Il y a d’abord avec cette édition 2015 une part d’audace à traiter d’un sujet si clivant au sein d’un village agricole de 800 âmes en plein coeur du Tarn ; avec, rappelons-le, une théorie encore à peine maitrisée par les penseurs, philosophes et sociologues d’un pays qui découvre actuellement et avec retard les écrits relevant du queer. Non pas qu’il fût par ailleurs mieux abordé en ville, mais tout de même cette édition autour du queer promettait d’être un des plus beaux morceaux de bravoure de l’aventure fiacoise depuis quelques années…
Puis il y a également la nature même de l’identité queer : évolutive, mutationnelle et multiple, qui laisse entendre finalement qu’elle pourrait s’adapter à presque tous les vécus et donc intéresser plus de monde que prévu… Le queer est en quelque sorte en chacun de nous, un monstre, un freak, une personne à part, inadaptée aux normes d’une société. Ne nous
sommes-nous pas tous sentis en effet, à un moment ou un autre, en marge des normes ? N’avons-nous jamais souffert du rôle que nous assignait notre biologie ou notre extraction ? Qui n’a jamais été frustré face aux restrictions des codes hétérosexuels ? À celles des rôles masculin et féminin, dominant et dominé(e) ? Une femme fan de foot par exemple est-elle
queer ? Un petit garçon jouant à la poupée est-il honteusement féminin ? Autant de questions et de réflexions qui doivent être posées dans tous les milieux sociaux et peut-être même de manière plus vitale encore dans le monde rural, quand les études épidémiologiques montrent aujourd’hui encore une forte prévalence du taux de suicides chez les (jeunes) homosexuels,
bi, transsexuels et intersexuels (2).
Ainsi, la pensée queer pourrait nous extraire du carcan des normes et des règles pour nous permettre de repenser le monde de manière plus libre, plus plastique et plus poétique. En nous donnant l’opportunité de former de nouvelles façons d’être et de vivre… et si on
veut bien comme ici, laisser les artistes s’en mêler, de nouvelles façons de créer. Car en effet, finalement, qu’est-ce que l’art (et l’art contemporain a fortiori) si ce n’est, comme le queer, une façon de dépasser les codes, les normes et de s’affranchir des références et des traditions ?
En réfléchissant au sujet et après avoir lu quelques textes (3), j’ai choisi d’agir en complémentarité avec l’apport poétique et ritualisé des artistes que programmait Karine Mathieu, puis celui plus militant de Patrick Tarres. Il fallait également varier les formes, ne pas rester uniquement dans l’image, la vidéo ou l’installation, mais aborder la question de la performance, au sens de l’acte ou de la praxis. L’autre gageure était de choisir des artistes capables de pénétrer l’intimité et le quotidien d’une famille, tout en partageant avec elle, avec respect et amour, leurs univers artistiques parfois complexes. C’est ainsi que j’invitai trois créateurs issus du monde de l’art contemporain, du cirque et du cabaret, proposant autant d’expériences humaines, artistiques et de projets ouverts aux dimensions du genre, des philosophies identitaires et post féminisme (pour ce qui concerne l’intervention de Pascal Lièvre), de l’étrange, de la figure du monstre et de la dissidence (avec Romuald Dumas-Jandolo), et également de la transcendance, de la fête et du travestissement (chez Jean Biche). Et le pari fut réussi ! Il tint d’ailleurs en partie à la douce alchimie que Patrick Tarres sut créer entre les artistes et leurs familles, choisissant qui allait vivre chez qui.
Ainsi le truculent Romuald Dumas-Jandolo était-il accueilli chez la non moins joviale famille Nogues Larroque à l’accueil et aux cocktails incomparables. Pascal Lièvre et Jean Biche étaient quant à eux hébergés par Alain et Jean Sudre Bech qui se sont impliqués dans leurs projets artistiques de manière aussi sincère qu’engagée. Qu’ils en soient tous profondément remerciés, ainsi que toute l’équipe de l’Afiac, son directeur artistique, les bénévoles et tous les habitants, sans qui cette incroyable aventure liant l’art et la vie ne saurait exister.

 

(1)  L’hétéronormativité n’est pas que l’hétérosexualité mais plutôt la dominance de deux catégories de genre (masculin et féminin) excluant les autres. C’est également un système de valeurs qui impose des comportements liés à la fidélité, la monogamie, le mariage, les enfants…

(2) Le taux de prévalence de risque suicidaire est de 3-4 % dans la population globale, alors qu’il est de 12-13 % chez les personnes LGBT. Et le taux de suicide est 4 fois plus élevé chez les adolescents gays que chez les hétérosexuels. Ce risque est augmenté dans les régions rurales.

(3) Patrick Cardon, Post-queer : pour une approche trans-genre, Diogène, 2009.
Judith Butler, Trouble dans le genre, La Découverte/Poche, 2006 (1990).
Marie-Hélène Bourcier, Queer Zones : Tomes 1, 2 et 3, Éd. Amsterdam, 2001, 2005 et 2011.
Teresa de Lauretis, Théorie queer et cultures populaires. De Foucault à Cronenberg, La Dispute, coll. »Le genre du monde », 2007.
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, tomes I et II, Éd. Gallimard, 1949.
Marie-Émilie Lorenzi, Une approche des pratiques queer dans l’art contemporain. Rencontre avec Jean-Baptiste Biche – Créature transgenre, Éd. 2.0.1, revue de recherche sur l’art du XIXe au XXIe siècle.

 


Commissariat général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Karine Mathieu, Chef de projet d’exposition et de diffusion en région / les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées et Magali Gentet, directrice et commissaire des expositions du Parvis, centre d’art contemporain

Les artistes

Anna Burlet, Hélène Mourrier, Tony Regazzoni, Evor, Jean Biche, Pascal Lièvre, Romuald Dumas-Jandolo, Red Bind, Delphine Balley


Patrick Tarres | Plastic Queer

Plastic Queer

par Patrick Tarres

Héritière du féminisme, la théorie queer s’oppose à l’hétéro-sexisme et plus généralement à toute tentative de catégorisation du genre, des sentiments amoureux et/ou de la sexualité.
Le mouvement éponyme, né aux États-Unis dans les années 80, regroupe des gays, des lesbiennes, des transsexuels, des bisexuels, des travestis, des transgenres…, tous ceux qui ne correspondent pas à la conception morale américaine du monde de la famille chrétienne et hétérosexuelle.

………………………….la suite …………………………..

La plasticité du genre n’a rien à envier à celle de l’art, qui n’a lui-même aucun problème à assumer le trouble, la confusion, la perturbation ou la transgression occasionnés par la transformation des formes et de la pensée. De l’androgynie chère à l’idéal antique, à Marcel Duchamp (1) travesti en une Madame Rrose Sélavy, personnage féminin créé et incarné par l’artiste, la représentation du corps et des pratiques sexuelles traverse l’histoire de l’art en une métamorphose permanente, faite d’allers-retours entre progrès et régressions de la doxa. Les artistes d’aujourd’hui semblent, eux, vouloir nous montrer un sexe dégenré, déconstruit, politique et culturel, loin de tout fantasme de provocation, mais plutôt, comme l’écrit Paul Ardenne (2) à propos du travail de l’artiste Aurélie Dubois, « pour nous pacifier, quoique sans ménagement ». Ces deux dernières années ont été marquées par une opposition très forte au mariage homosexuel comme à l’interrogation sur les stéréotypes à l’école. Nonobstant les tensions autour de l’affirmation de l’égalité des personnes, c’est avec calme et plasticité que cette 16e édition de Des artistes chez l’habitant souhaite questionner la notion de genre et l’usage que nous pouvons en faire dans d’autres champs en fertilisant de nouveaux possibles, comme l’ouverture à un autre, un soi non totalitaire, ou la possibilité d’une mutation de notre pensée binaire, vers ce que Friedrich Nietzsche (3) décrit comme « la merveilleuse richesse des types, l’exubérance dans la variété et dans la profusion des formes ». Au moment où je me penche sur l’édition du catalogue de Plastic Queer, une tuerie
homophobe et fanatique vient de frapper la communauté LGBT à Orlando aux États-Unis. C’est habité par une grande compassion pour les victimes directes et indirectes de ce drame que je reviens sur ce que fut cette expérience artistique et humaine sensée, par le prisme de l’art, ouvrir nos esprits parfois obtus à la pensée de Nietzsche précitée dans mon préambule.
C’est bien loin de cette tension dramatique que Karine Mathieu, Magali Gentet, mes deux co-commissaires, et moi-même, nous lancions dans une programmation sensée questionner le sujet des genres, des identités et des libertés (le pluriel seyant aux trois mots). Ni présupposé ni postulat ; le choix de mes deux invitées pour composer ce commissariat à trois se voulait plastique voire élastique. Je ne me posais donc pas la question de leurs liens ou affinités avec la communauté LGBT, afin d’éviter les pièges d’un propos monolithique de forme propagandiste. À l’instar de mes deux complices, certains artistes eurent quelques difficultés à considérer cette invitation comme évidente. D’autres furent ravis de l’opportunité qui leur permettrait de mettre en oeuvre, sans détours, leur pratique d’un art engagé. D’aucuns, peut-être personnellement concernés, n’en firent pas plus étalage qu’à leur habitude. Comme chaque année depuis le millénium, dix artistes ont répondu favorablement à cette proposition singulière ; ils se sont immiscés dans la sphère privée de leurs hôtes pour y réaliser un projet artistique spécifiquement conçu en lien avec la thématique, leur lieu d’accueil et ses habitants. Au cours des ans, certaines oeuvres pérennes produites dans ce contexte sont entrées dans la collection du FRAC Midi-Pyrénées, d’autres ont été conservées ou acquises par des habitants de Fiac, de Lautrec ou d’ailleurs, mais aucune trace de l’évènement n’avait jusqu’ici pris place sur l’espace public. Avec Plastic Queer, c’est chose faite. En effet, lors d’une performance pensée et mise en action par Pascal Lièvre, la place du village s’est vue rebaptisée Place Monique Wittig (4) le temps du festival. Sophie Gilbert, Maire de Fiac, a participé à la cérémonie fictive en écharpe tricolore et son discours s’est achevé par une promesse : l’élue s’engageait à baptiser une nouvelle rue de la commune du nom de cette militante féministe très radicale et ce de façon pérenne.

Je viens d’apprendre que le conseil municipal a validé ce choix et que Fiac sera donc le premier et le seul endroit au monde à rendre hommage à cette femme romancière et théoricienne française dont l’oeuvre a marqué le mouvement féministe et les théories de dépassement du genre.
Pascal Lièvre se joint à moi pour remercier et féliciter Madame le Maire de Fiac et son conseil municipal.

Patrick Tarres est directeur artistique de l’Afiac et commissaire des expositions

(1) Marcel Duchamp est né à Blainville-Crevon (Seine-Maritime), le 28 juillet 1887 et mort à Neuillysur-Seine, le 2 octobre 1968. C’est un peintre, plasticien, homme de lettres français, naturalisé américain en 1955. Depuis les années 1960, il est considéré par nombre d’historiens de l’art et de critiques comme l’artiste le plus important du xxe siècle.
Déjà, André Breton le qualifiait d’homme le plus intelligent du siècle. Notamment grâce à son invention des ready-made, son travail et son attitude artistique continuent d’exercer une influence majeure sur les différents courants de l’art contemporain.
(2) Paul Ardenne est né le 4 octobre 1956, il est curateur, historien de l’art contemporain (Art, le présent,2009), écrivain (Sans visage, 2012 ; Comment je suis oiseau, 2014), universitaire (Faculté des Arts, Amiens) et collaborateur, entre autres, des revues Art press et Archistorm, Paul Ardenne est l’auteur de plusieurs ouvrages ayant trait à l’esthétique actuelle. Dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme, Paul Ardenne est l’auteur de plusieurs monographies et études.
(3) Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philologue et poète allemand né le 15 octobre 1844 à Röcken, en Prusse, et mort le 25 août 1900 à Weimar, en Allemagne. Peu reconnu de son vivant, son influence a été et demeure importante sur la philosophie contemporaine de tendance continentale, notamment l’existentialisme et la philosophie postmoderne.
(4) Monique Wittig est née le 13 juillet 1935 à Dannemarie dans le Haut-Rhin, et morte le 3 janvier 2003 à Tucson (Arizona). En 1964, son premier roman, L’Opoponax, considéré comme un texte d’avant-garde sur les questions du genre, reçoit le prix Médicis, avec le soutien de l’écrivain Marguerite Duras qui en dit : “C’est à peu près surement le premier livre moderne qui ait été fait sur l’enfance… C’est un livre à la fois admirable et très important parce qu’il est régi par une règle de fer, celle de n’utiliser qu’un matériau descriptif pur, et qu’un outil, le langage objectif pur… Un chef d’oeuvre.”

 


Commissariat général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Karine Mathieu, Chef de projet d’exposition et de diffusion en région / les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées et Magali Gentet, directrice et commissaire des expositions du Parvis, centre d’art contemporain

Les artistes

Anna Burlet, Hélène Mourrier, Tony Regazzoni, Evor, Jean Biche, Pascal Lièvre, Romuald Dumas-Jandolo, Red Bind, Delphine Balley


PLASTIC QUEER – 2015

Des artistes chez l’habitant à Fiac

Commissaire général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Magali Gentet, Directrice et commissaire des expositions du Parvis, centre d’art contemporain et Karine Mathieu, Chef de projet d’exposition et de diffusion en région / les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées

 

Plastic Queer

par Patrick Tarres

Héritière du féminisme, la théorie queer s’oppose à l’hétéro-sexisme et plus généralement à toute tentative de catégorisation du genre, des sentiments amoureux et/ou de la sexualité.
Le mouvement éponyme, né aux États-Unis dans les années 80, regroupe des gays, des lesbiennes, des transsexuels, des bisexuels, des travestis, des transgenres…, tous ceux qui ne correspondent pas à la conception morale américaine du monde de la famille chrétienne et hétérosexuelle. Lire la suite

 

Queer as we are

par Magali Gentet

Lorsque Patrick Tarres m’a invitée à assurer, avec Karine Mathieu, le co-commissariat de l’édition 2015 de l’Afiac Des artistes chez l’habitant, j’en ai été ravie d’autant que je connais et apprécie l’aventure fiacoise de longue date. Des artistes chez l’habitant est un concept pertinent et original. Ni galerie, ni centre d’art, l’Afiac est un lieu hybride, un espace de résidences artistiques, de partages et de co-création qui favorise la rencontre entre l’art contemporain et le monde rural. Lire la suite

 

Queer Center

par Karine Mathieu

Si la théorie Queer s’oppose à l’hétérosexisme et plus généralement à toute tentative de catégorisation du genre, elle vient déshabiller la norme pour mieux la regarder. Car il s’agit bien de défaire les frontières du genre vers de nouveaux possibles.
Plastic Queer, cette invitation de commissariat d’exposition, claque comme une véritable destinée artistique, m’amenant, sans que je le sache, à accéder au coeur même du genre plastique. Lire la suite

 


Commissariat général : Patrick Tarres
Commissaires invités : Karine Mathieu, Chef de projet d’exposition et de diffusion en région / les Abattoirs / Frac Midi-Pyrénées et Magali Gentet, directrice et commissaire des expositions du Parvis, centre d’art contemporain

Les artistes

Anna Burlet, Hélène Mourrier, Tony Regazzoni, Evor, Jean Biche, Pascal Lièvre, Romuald Dumas-Jandolo, Red Bind, Delphine Balley


AFIAC/Résidence | Benedetto Bufalino | 2017

Benedetto Bufalino | Téléphonie mobile | 2017

Artiste en résidence aux Etablissements Jacques Besse, Lavaur, dans le cadre du dispositif Culture, Handicap et Dépendance
un partenariat DRAC/ARS.

La résidence s’est déroulée entre le 4 mai et le 16 juillet 2017.
L’oeuvre « Téléphonie mobile » en est le fruit.


« Téléphonie mobile », pièce réalisée dans le cadre de la résidence

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