VOIRe ● Yvan Poulain

Vous voyez le lien, vous… ?

 

J’ai ouvert un petit carnet. J’y griffonne des noms en cascades, des listes que je gribouille au fur et à mesure. Trois noms, il m’a dit. Trois artistes, « n’importe lesquels, fais-toi plaisir ».
Des semaines que je tente des connexions. Je joue aux perles. J’aurais sûrement le plus beau collier. Je me les enfile les unes avec les autres pour voir comment ça marche, si ça brille ou si ça dit quelque chose. Lors des dîners en ville, le soir, j’essaie mes petits assemblages du jour, je guette dans les figures amies la moue ou le sourire approbatif qui m’incitera à continuer ou raturer. Je crois que je panique un peu. Il me relance au téléphone. Alors ? C’est bien parti j’lui dis. Encore une petite semaine de trêve. Et puis…
Commissaire d’exposition. Ce drôle de titre qu’on croirait tombé du monde policier, pour ce petit statut d’auteur qu’on essaie de se frayer. Sa définition reste très réduite et un rien parcellaire : c’est la personne qui conçoit intellectuellement une exposition artistique. Mais comment conçoit-elle ses projets, avec quel héritage ? Grâce à l’apport de son parcours personnel et de sa formation, grâce aussi à sa proximité avec les oeuvres, les artistes et la légitimité de sa parole dans une création en débat, nous dit-on. Il y a quelque chose alors de la singularité d’une parole qui se construit avec le projet des autres, qui les ordonne et les met en scène à des fins de discours. Pour autant, la profession répond d’une certaine plasticité peu apparente au demeurant. Il y aurait donc autant de commissariats que de contextes d’exposition et surtout de commandes. Réaliser une exposition chez des gens, en milieu rural et pour un public brassé de connaisseurs et de curieux néophytes, voilà un contexte singulier qui impose des choix on ne peut plus précis. Mais lesquels…
Trois. Il m’en faut trois des noms. Il m’aurait dit dix, j’l’avais, j’crois, mais trois, la sainte trinité, impossible d’envisager une quille qui flanche… On imagine pas le père en fauteuil roulant ou le fiston à demi-aveugle… Reprenons. Pourquoi j’fais ça ? J’veux dire, pourquoi j’me suis engagé là-dedans depuis des années. Qu’est-ce qui fait que je continue ? J’vois bien que mes enfants me regardent bizarrement, qu’ils comprennent mal cette obstination à m’intéresser en apparence aux boulots des artistes plutôt qu’à leurs devoirs… Mais comment leur dire…
Il y a un truc que j’aime ici dans ce projet et que je tente de maintenir dans le petit musée dont je m’occupe. C’est cette idée du partage, la mise en commun de quelque chose, d’une forme, d’un savoir, d’une pensée qui ne se réduit pas à un groupe ou une classe mais qui tente de se donner à tous, sans a priori. C’est politique cela. C’est un programme qui s’autorise la présence de l’art partout, au plus près de la vie comme le disent les artistes, en tout cas, bien en dehors du cercle des élites qui font d’une partie de l’art, l’attribut mignon de leur pouvoir… Il n’y a pas je crois d’usage exclusif de l’art. Non pas qu’il n’y ait une intimité de l’art, une connivence de l’art, un plaisir propre qui ne vaut que pour nous. Mais je crois en un art d’altérité qui se construit – oh le beau slogan – sur le monde et pour le monde. Un art moderne, encore et toujours, qui mélange l’immuable et le temporel, un art que Baudelaire, prophétique, voyait dans l’entre-filage de « l’époque, la mode, la morale et la passion »…
« Oui, Patrick, déjà faut le rendre, si vite, si, j’ai commencé mais… »
Je sais, je sais… J’vais faire un portrait en creux. J’vais me dessiner par artistes interposés. J’vais tenter le discours par assimilation, l’anecdote par procuration. Je raye, je raye encore. Je pédale à fond. Y’a ceux qui ne sont pas là, où c’est trop tard. Y’a ceux qui ne répondent pas aussi, effrayés par la proposition. Il y a les fidèles par contre. Ceux qui nous suivent depuis longtemps, avec qui on entretient un cousinage plastique, politique et esthétique. Des compagnons de route en quelque sorte. Robert Milin fait partie de ceux-là. Je l’ai rencontré il y a 21 ans – j’en avais tout autant – sur un projet de Jérôme Sans, intitulé « Escales ». Sur la commune rurale de Lanvellec (22), à Saint-Carré précisément, il avait investi cours, fermes, ruisseaux, granges, poulaillers, rues, jeux de boule et prairies, distillant sur le site une oeuvre de mémoire à l’échelle du hameau. Au-delà du jeu esthétique qui s’opérait sur le site, ce qui m’a durablement marqué c’était le travail d’imprégnation et d’écoute auprès de la population nécessaire à la réalisation. Non seulement Milin avait conçu une oeuvre dont ils étaient les matériaux volontaires, mais il leur avait confié le soin d’en porter la médiation. C’est à l’Épicerie du village, sous une rocaille d’accent breton, que l’on nous servait sans fautes le discours de l’oeuvre. Cette même imprégnation de l’artiste, de l’habitant et du discours, je l’ai retrouvé intacte dix ans plus tard dans les projets de Fiac.
Cette passion pour la petite anecdote, les mythologies quotidiennes, pour les choses de rien, pour une lecture de l’art recentré sur sa personne, le micro événement et l’infra mince, je l’ai ressenti très tôt chez les «Nantais». De Fabrice Hyber à Christelle Familiari, de Laurent Moriceau à Anabelle Hulaut, de Joël Hubaut à Marie-Ange Guillemenot… ils ont rejoué à leur manière dans les années 90/2000, la participation dadaïste de l’art et de la vie. Pas un mouvement, pas un manifeste, pas une théorie, juste des noms qui s’accommodent des mêmes préoccupations. Un État d’esprit, pour résumer, qui se trouvait tout entier dans la figure de grand frère du poète et critique Pierre Giquel. Cette grande famille, je l’ai croisée pour la première fois en 1998, en pilotant l’exposition « Nous deux » de Michel Gerson et Béatrice Dacher. En guise de catalogue, nous avions conçu un vrai album de photos, où s’entremêlaient images du quotidien et projets artistiques familiaux. Tout un programme. En passe aujourd’hui, dans un sursaut formaliste, de quitter les radars, « Les Nantais » n’en ont pas moins marqué la création française de cette esthétique de l’événement léger, intime, dérisoire et drôle. David-Michael Clarke fait partie de cette famille et en poursuit à bien des égards la filiation, par ses projets immergés au plus près des gens et de leurs histoires…
Et puis il y a mon aventure avec le musée de Grisolles. Je dis aventure, comme il en serait d’une amourette. Un musée d’art et tradition populaire, coincé dans une élégante maison à colombage du 17e. Un musée de poche mis en scène à la manière d’un cabinet de curiosités, déclinant de belles collections d’art décoratif, textiles, ethnographiques et historiques. Un Laboratoire aussi, clandestin à bien des égards, où se tente l’étrange alchimie du patrimoine et du contemporain. 10 ans que ça dure, que j’éprouve l’irrépressible envie de laisser glisser le regard et la pensée, d’un concept à l’autre… Je peste en vrac contre les a priori et les idées toutes faites. J’attends le dialogue, je le provoque même, le verbe libre mais instruit de la (re)connaissance de l’autre…
Il est un autre nom qui me vient. Celui de Rodolphe Huguet. Globe-trotter infatigable, Huguet irrigue ses réalisations faussement naïves, portée par l’expérience de la rencontre, le goût des savoir-faire et la relecture des cultures des bouts du monde, d’un soupçon amer de politique et d’écologie. Elles feraient rire ces têtes de soupières insérées sur des panneaux de vannerie, montées sur des ballots de paille leur donnant des bedaines de Père Ubu, si elle n’arboraient d’effrayantes bouches gueulantes, grimaçantes et dévorantes face au premier visiteur venu. Un air de rien qui vous prend par surprise, qui vous ronfle dessus à l’orée du bois, qui vous endort de ces petites histoires pour mieux vous faire vivre le cauchemar que vous ne voulez pas voir… De l’humour en pilule qui cache mal les faillites à venir et rend à nos faces plus flagrant les constats déjà là. De l’artisanat politico-relationnel ? En douceur, en douceur….Vous voyez le lien, vous…?
Oui, Patrick, je l’ai là, j’crois c’est bon, on se voit bientôt, hein. On en discute…

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Commissaires :

Patrick Tarres : Directeur Artistique de l’AFIAC,
Manuel Pomar : Directeur du Lieu Commun à Toulouse,
Yvan Poulain : Directeur du musée Calbet à Grisolles en partenariat avec les Abattoirs, FRAC Midi-Pyrénées.

Les artistes : David Mickael Clark, IKHÉA©SERVICE N°58, Marie Aerts, Jeremy Laffon, Marion Pinaffo, Marie-Johanna Cornut et Marie Sirgue, Robert Milin, Rodolphe Huguet, Régis Perray, LASSIE / ARLT

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VOIRe – Manuel Pomar

I ♥ FIAC

Lorsque l’on vous propose une thématique comme « Art et embarras du choix », il n’y a qu’un mot à retenir, c’est choix. Depuis quand trop de liberté serait-il dangereux ?
Si j’ai choisi la voix artistique, c’est pour jouir d’un maximum de liberté, pouvoir jouer avec les contraintes aux multiples formes. En 15 ans de programmation, j’ai eu la chance de pouvoir déterminer de nombreuses pistes de réflexion en m’attachant au maximum à creuser entre elles des souterrains. Si j’use d’une métaphore cryptique, c’est que je ne crois pas en la pertinence de ligne curatoriale ultra définie. La pratique de l’exposition s’accorde à l’évolution perpétuelle du monde. C’est pour cela qu’une ligne plastique ne saurait figer une pratique curatoriale. L’exposition est le lieu d’expériences primordialement plastiques. C’est une sorte de jeu entre forme et contre fond qui fait résonner les oeuvres.
+ si affinité offre de nouvelles règles. Dans un village du Tarn, dix artistes travaillent, chacun immergé dans l’univers domestique d’une famille. J’ai découvert cette recette singulière il y a déjà plus de dix ans. J’ai été tellement conquis par la formule, j’ai alors fait tout mon possible pour y exposer avec le collectif ALaPlage. Nous y avons introduit la notion de collectif tout en revendiquant une position d’artistes opérateurs, inter agissant avec le travail des autres invités. Année après année, tous ont en permanence bousculé les lignes. Je me souviens de nombre de ces propositions. La fête électronique et païenne de Sabine Anne Deshais, sous des marabouts militaires où les convives, sans couverts, dévorèrent leur viande avant de danser et s’enivrer sous la lune, écho distant et pertinent au Stonehenge en meules de foins érigé au milieu d’un pré par Bruno Peinado. D’autres expériences plus intimes, comme devoir trouver mon chemin dans l’obscurité, parmi les fils tendus fluorescents de Florence Carbonne ou repérer le « parasute » de Véronique Boudier adopté par le chêne centenaire des Huc. Mais peut-être plus que les artistes et leurs oeuvres ce que l’on retient d’un passage à Fiac, c’est l’accueil, les rencontres nombreuses et le dialogue constant entre les visiteurs qui partagent enthousiasmes et déconvenues dans un élan décomplexé cher à Truffaut. Tous les Français, s’ils sont critiques de cinéma, le sont aussi d’art. Quand Patrick Tarres m’a enfin proposé de participer au projet en tant que co-commissaire, je me souviens avoir été partagé entre appréhension et envie. Ne pas décevoir. « Art et embarras du choix », oui il y a un embarras qui traîne quelque part…
Certaines des pistes esquissées se sont révélées des impasses, certains artistes préférant décliner une invitation en dehors des sentiers battus. J’ai alors articulé ma proposition autour de deux axes forts, confronter l’oeuvre objet à un contexte relationnel et tenter, à l’opposé, de jouer l’immatérialité avec des artistes sans oeuvre au sens physique. D’un côté des fabricants, des manuels, de l’autre ceux du concept et du protocole. Pas de dichotomie ici, juste le plaisir d’une expérience aux contours extrêmes.
Dans la famille des artistes sans oeuvre, j’ai choisi Jean-Baptiste Farkas, tenant du moins mais aussi adepte de la rencontre. Une relation profonde dont l’enjeu est de révéler et faire se déplacer les comportements des personnes volontaires à ses projets. Un art de la profondeur en quelque sorte. Nous avons travaillé ensemble à trois reprises depuis 2001, je n’ignorais pas que la surprise serait au rendez-vous.
J’ai ensuite contacté Régis Perray, découvert la même année lors d’une exposition proposée par Lise Viseux au Confort Moderne à Poitiers, où seau après seau, il érigeait une pyramide de sable. Nous étions là face à une expérience simple, un geste du quotidien orienté vers l’absurde. Le « centre d’entraînement pour retourner au Pilat et à Saqqara » faisait écho à deux de ses actions antérieures où, en vain, il balayait le sable récalcitrant de ces deux hauts lieux touristiques.
Même si je connaissais leurs travaux respectifs pour avoir précédemment travaillé avec elles, c’est « confettis », leur proposition en duo, qui m’a motivé à inviter Marie-Johanna Cornut et Marie Sirgue à participer à + si affinité. Ce travail de sape de l’univers domestique montre des objets du quotidien présentés comme dans une vitrine, systématiquement oblitérés. Du canapé en passant par la plante verte, une paire de chaussures, des revues d’art, des tableaux, un tapis, des rideaux et autres sont tous troués, ajourés, pour certains pratiquement jusqu’à la transparence. Un intérieur fantôme, comme si les objets les plus anodins étaient en transit entre deux dimensions, à la fois présents et absents. Dans le cadre de + si affinité, tout est cas particulier et on s’applique toujours à augmenter le niveau de difficulté.
Finalement, Marie Sirgue et Marie-Johanna Cornut reçues par la même famille, Stéphanie Barreau, Richard Lauga et leur fille Léonie, choisissent de travailler chacune de leur côté. Dans cette grande maison de village, elles optent pour la réhabilitation des parties extérieures. Le jardin est investi par Marie Sirgue et Marie-Johanna Cornut jette son dévolu sur une petite cour cachée. Dans cet espace exigu qui jouxte la route et que surplombe la salle de bain, elle crée un jardin zen où le gravier, matériau principal, symbolise l’eau. Les rochers, la mousse et l’unique fleur sont les composants de cette image idéalisée de la nature. Sorte d’interface entre espace privé et public, placé idéalement près d’une source, la salle de bain.
C’est depuis la fenêtre de celle-ci, à l’aide d’un râteau de plus de six mètres spécialement fabriqué par un menuisier de la région, que les visiteurs peuvent modeler à leur gré le jardin. Fidèle à la tradition, composé rigoureusement dans une économie de moyens, il peut être contemplé ou recomposé. Tout comme l’art, les jardins japonais exigent un effort du regard. Un effet si loin si proche fait de cette proposition une sorte de jardin frustrant. Même si le râteau est là, adossé à la fenêtre, il est lourd, imposant, peu maniable et son usage entraînerait à coup sûr un saccage. Environnée du bruit des automobiles cachées par la palissade, c’est une zénitude pratiquement hors e portée. Comme si aujourd’hui il était impossible d’aménager un endroit propice à la relaxation et à l’abstraction.
Quant à elle, Marie Sirgue investit un jardin des plus classiques. Pelouse verte, arbres et fleurs bien alignés s’épanouissent simplement de toute l’attention qui leur est portée. Un détail peut-être apporterait à la maison tout le lustre du modèle idéal de la villa classique. Une sculpture de jardin ! Réminiscence lointaine de celles des dieux et des ancêtres qui ornaient l’atrium des riches villas romaines. Marie Sirgue érige une naïade à la nudité parfaite parmi bégonias et marguerites. Coutumière des combinaisons incongrues, elle réalise sa sculpture en terre crue et dispose à ses côtés un système automatique destiné à l’arroser durant les trois jours de la manifestation. L’intention est limpide, détruire par l’eau cette divinité des rivières grecques. Jour après jour, la statue se désagrège lentement, formant aux pieds de la nymphe une flaque boueuse. OEuvre rassurante au départ que ce nu féminin, à l’image des sculptures de jardin qui vous sourient au bord des routes. Mais le spectacle plaisant vire très vite au cauchemar, la terre dégoulinante défigure la belle, boursoufle son corps puis laisse apparaître le squelette de la silhouette, armature bricolée, sorte de squelette hybride de bois et de plastique qui confère au drame un caractère encore plus monstrueux. L’oeuvre n’existe ici que par sa propre dégradation. De cette visite au départ bucolique d’un jardin philosophique japonais à un autre jouant du recyclage décoratif des mythologies grecques l’on ressort un goût amer à la bouche, une oeuvre se détruit, l’autre demeure inaccessible.
Pour Jean-Baptiste Farkas, après avoir expérimenté ses protocoles à différentes échelles, la dimension, la proximité et le rythme qu’engendre + si affinité me semblait le nouveau terreau idéal à l’application d’un protocole d’Ikhéa Service, sa marque. Trouver la famille susceptible d’animer ce service fut le défi relevé par Patrick Tarres qui sut dénicher à Saint-Paul-Cap-de-Joux la perle rare en la famille de Sabine, Djemel Bessioud et leurs enfants. Non pas que Jean-Baptiste soit quelqu’un de difficile, au contraire, mais il fallait oser honorer ce contrat ! L’application du service 58,  » c’est bien assez que d’être !  » a nécessité aplomb, constance ainsi qu’une bonne dose d’humour et d’inconscience. Depuis des années, Ikhéa Service attaque de front l’aliénation consumériste. La marchandisation, la technologie et le spectacle nous rendent de plus en plus étrangers à nous-mêmes. C’est ce drame politique de perte d’identité que Jean-Baptiste met en jeu dans son travail. Son esthétique du moins n’est pas celle de la déflation, l’enjeu n’est pas uniquement de ne pas rajouter d’objets au monde mais surtout de faire prendre conscience de nos conditions de domination et des moyens d’émancipation possible. Chacun de ses services est un accident, où l’absurde le dispute au tragique. Comme le déclare Jean-Baptiste, il faut rompre l’enchaînement des actions efficaces ! Pour une exposition où la présence de l’artiste est primordiale, quoi de plus perturbateur que de le faire disparaître ! Trois jours où Djemel a fait patienter les visiteurs ou les a envoyés sur de fausses pistes.
Jean-Baptiste était le grand absent. Tel un Daft Punk archaïque, il a plus fait parler de lui que si il avait été là. La contrariété fut au rendez-vous, visiteurs déçus voire offusqués. La moindre bizarrerie dans le village était naturellement de sa responsabilité puisqu’il était le grain de sable du week-end. La banderole de la fermeture définitive du bar du village, les dizaines de bouteilles vides déposées devant la gendarmerie pendant la nuit, il était partout et nulle part. Djemel fut réellement le chef d’orchestre de ce général et joyeux élan de douce désobéissance civile. Une fois de plus, en confiant un de ses protocoles à une personne extérieure au milieu artistique, Jean-Baptiste, absent et n’ayant produit aucune oeuvre, est parvenu à faire entrer l’art de plein pied dans la vie du village. À méditer…
D’une autre façon, Régis Perray a su se faire rare. Il fallait aller chez Kathy et Claude Peyrard au bar des Glycines pour goûter à sa proposition. Si Régis est connu pour être un artiste laborieux et dans son cas rien de péjoratif, c’est un travailleur, actif. Il peut nettoyer, astiquer, refrain bien connu mais plutôt rare dans le champ des pratiques artistiques. S’il a balayé la route qui menait aux pyramides, c’était évidemment en vain. Mais ce geste n’est pas celui du performeur, pas de mise en spectacle ici, l’effort est central, la détermination le moteur. Même s’il lave et frotte, Régis n’est pas un nettoyeur. Il n’est pas venu à Saint-Paul-Cap-de-Joux pour pallier un manque de propreté. Il a participé à la vie du restaurant en offrant lui aussi à manger. Ici la force est dans la modestie du geste artistique.
Si au siècle dernier les avant-gardes se sont coltiné les grands sujets pour un résultat mitigé et si aujourd’hui le marché entraîne dans sa démesure certains artistes appâtés par le gain, les années 90 ont vu apparaître des artistes dont l’expérience de l’oeuvre intensifie le rapport au réel. En évitant le pittoresque ils pointent la banalité et ses qualités tout en révélant aussi l’accident, les faiblesses et les failles nous rappelant toute l’humanité contenue dans ce qui est soit disant laid ou monstrueux. Régis fait partie de cette famille qui s’attache à des positions complexes. Il ne se pare pas de la panoplie ridicule de l’artiste satisfait de ce dont il encombre le monde.
Il se demande juste quelle est sa place sur terre et comment partager son point de vue. Ici, c’est en offrant des madeleines amoureusement préparées, une recette personnelle confectionnée avec les ingrédients de son pays nantais, dont le rhum, produit pris dans la boucle du commerce triangulaire. Entre les heures bouillantes passées en cuisine et celles enjouées et bavardes passées à les faire déguster en salle, Régis passera son séjour à Saint-Paul-Cap-de-Joux au plus près des visiteurs mais aussi des clients des Glycines, auxquels il a offert une plus-value artistique inattendue. C’est peut-être lui qui s’est le plus rapproché du mythique visiteur lambda.
Le grand public n’existe pas et c’est tant mieux ! Nous sommes tous potentiellement amenés à rencontrer l’art. J’ai découvert celui dit contemporain dans un club du lycée grâce à mes enseignants qui invitaient des artistes à conduire des ateliers en dehors du temps scolaire. Depuis, je n’ai cessé d’explorer ce territoire infini. J’ai appris en vingt ans qu’il fallait être exigeant et généreux, et montrer à tous les propositions les plus extrêmes, l’élitisme pour tous et non pas une hiérarchie inégalitaire qui ferait qu’il y aurait une version soft de l’art accessible au néophyte. Il n’y a pas de version light de l’art, c’est pour cela qu’il faut accompagner sur tous les terrains et vers tous les publics volontaires les formes les plus abruptes. Ne l’oublions pas, l’art n’est pas un divertissement, il n’est pas là pour endormir nos cerveaux au profit du consumérisme, mais pour nous éveiller à une autre approche sensible du monde. Alors oui, Fiac est un des endroits où tout se réinvente année après année. Longue vie !

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Commissaires :

Patrick Tarres : Directeur Artistique de l’AFIAC,
Manuel Pomar : Directeur du Lieu Commun à Toulouse,
Yvan Poulain : Directeur du musée Calbet à Grisolles en partenariat avec les Abattoirs, FRAC Midi-Pyrénées.

Les artistes : David Mickael Clark, IKHÉA©SERVICE N°58, Marie Aerts, Jeremy Laffon, Marion Pinaffo, Marie-Johanna Cornut et Marie Sirgue, Robert Milin, Rodolphe Huguet, Régis Perray, LASSIE / ARLT

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VOOIRe – Patrick Tarres

VOOIRe

Voire

 

De l’importance du choix en art, comme de l’inéluctable responsabilité qui en découle, naît l’idée de cette non-thématique proposée davantage aux commissaires de VOIRE qu’aux artistes invités par ces derniers. Il est donc important de préciser ce qu’est un commissaire d’exposition, autrement nommé curateur, avant d’avancer dans la présentation de cette treizième édition.
« Le travail d’un commissaire d’art contemporain consiste à définir le concept de l’exposition, choisir les artistes et assurer le suivi de la production, l’accrochage et l’installation des oeuvres. C’est donc un travail en partie abstrait de conceptualisation, un travail esthétique et social de sélection et un travail artistique d’installation. Viennent ensuite les tâches de conception des outils de communication et de rédaction ou de direction des publications de l’exposition. » (1) Produire et communiquer une pensée en opérant un rapprochement subjectif entre des oeuvres, tout en respectant leur spécificité et leur singularité, est donc le modus operandi du curatoring en art contemporain.
Cette ‘grammaire curatoriale’ agit comme celle qui, en écriture, consiste à juxtaposer des mots pour constituer une phrase faisant sens. Si cette pratique confère un statut d’auteur aux commissaires d’exposition, il n’en demeure pas moins que l’oeuvre d’art s’autonomise comme objet de pensée dès sa conception. C’est donc en organisant la mise en relation de préoccupations multiples et diverses que s’écrivent les expositions d’art contemporain. À la charnière de ce concept d’exposition et de ses variantes, il est une responsabilité majeure : introduire l’oeuvre d’art en société.
Telles sont donc, hâtivement résumées, les conventions définies par les curateurs eux-mêmes, lorsqu’il s’agit de préciser les modalités de leurs interventions. Une veille artistique sans lacune, face à la quantité et la diversité des informations afférentes au champ des arts plastiques, relève de l’impossible. Les commissaires sont donc amenés à opérer des choix selon leurs sensibilités en s’appuyant sur des critères d’excellence que le monde de l’art, dans son ensemble et dans sa complexité, transformera peut-être en critère de reconnaissance, si ce n’est déjà fait.
L’événement annuel + si affinité consiste en une résidence d’artistes en création dans les espaces privés d’habitants de communes rurales sur le territoire de la Communauté des Communes du Pays d’Agout dans le Tarn. Les oeuvres produites dans ce cadre sont montrées au public pendant trois jours sur leur lieu de création, en présence des artistes et de leurs hôtes, au domicile de ces derniers. Nous sommes donc en présence d’autant de lieux d’exposition que d’artistes invités. Il va de soi que ces endroits n’ont rien en commun avec les white cubes auxquels une nouvelle virginité est restituée entre chaque proposition artistique : ils sont habités. Après avoir articulé les précédentes éditions autour de propositions réflexives, confrontant le cognitif au fantasme, au magique et au mythe, avec la complicité de Pascal Pique, commissaire de ces expositions, « Anarchisations » a permis d’explorer, en juin 2011, les relations entre l’art et le politique sous le commissariat que je partageais avec Jackie-Ruth Meyer et Pascal Pique. Christian Ruby, philosophe invité lors de cette dernière exposition, a précisé ce qu’il avait observé durant les trois jours de cet événement dans un texte qu’il intitule « Anarchisation et / ou émancipation du spectateur ? » figurant dans le catalogue 2011.
« L’AFIAC s’acharne à rebondir sur ce qui constitue le fond de trop nombreuses manifestations culturelles : l’instrumentalisation des oeuvres d’art. La conviction d’avoir à mettre l’art et la culture au service de valeurs d’État, et à placer la délectation artistique en moteur de la promotion d’une utilité civique quelconque, le plus souvent conditionnée par le spectaculaire, ne cesse d’assigner, partout, à l’art la vocation de graver dans le coeur des femmes et des hommes ces valeurs spécifiques, et veut sceller l’empreinte de la société sur les esprits. En contrepoint, l’AFIAC ne se contente pas d’occuper des lieux publics, elle vise à donner corps à un espace et une parole publics. » (2)
‘VOIRE Art et embarras du choix’ tend donc à recentrer les choix artistiques sur la spécificité inhérente à la forme de monstration proposée ici. Pour ce faire, j’ai invité deux commissaires, Manuel Pomar, directeur du Lieu Commun à Toulouse, et Yvan Poulain, directeur du Musée Calbet à Grisolles, à n’envisager comme unique contrainte que l’embarras du choix, dix artistes pour dix expositions, hors sujétion aux règles de la ‘grammaire curatoriale’. Mes co-commissaires ont abondé dans le sens de cette proposition et c’est avec un plaisir non feint qu’ils ont composé une programmation artistique très féconde dans le contexte particulier de ce projet. Je les en remercie très chaleureusement. Vous trouverez leur témoignage dans ces pages. Les artistes ont quant à eux accepté l’enjeu, voire le jeu d’une expérience de création et d’exposition, en marge des pratiques conventionnelles.
Tout a commencé le vendredi 29 juin 2012. Il est 19 h 30, la place de Saint-Paul-Cap-de-Joux connaît un déréglage de temps et d’espace. Les pétanqueurs se sont déplacés sur l’aile gauche des allées de platanes, en lieu et place de leur aire de jeu habituelle, deux rangées d’échafaudages encadrent un grand bassin dont l’eau est du même bleu que l’affiche de l’événement. La foule des invités grouille autour d’un buffet multicolore flottant parmi des petits canards en plastique ; il est agité par des bateaux à moteur miniatures télécommandés par des enfants médusés et heureux. Non moins enthousiastes, les adultes sont transportés dans une ambiance balnéaire poétisée. Des serviettes en papier sont accrochées en guirlandes de fanions imprimés vichy. Les rayons du soleil s’égarent en éclats de joie en traversant un mur de bouteilles déjà vides mais très colorées. La magie opère et je ne serais pas surpris de croiser Monsieur Hulot en vacances dans le coin. J’ai invité Marion Pinaffo à concevoir un vernissage et son buffet, elle a ouvert une porte qui donne sur la plage, en guise de mise en bouche. Une fois les pieds dans l’eau, on se laisse aller à rebondir de jeux de mots en formes sensées, d’humour en gastronomie, de goût en ergonomie… On retrouvera l’univers de cette jeune designeuse quelques heures plus tard dans une chapelle rénovée par les artisans bénévoles de l’association Sainte-Cécile de Plane-Sylve qui reçoit Marion. Le grand bassin est ici maquetté, on retrouve les objets de l’installation festive dans une ambiance plus sacrée ; cette deuxième étape nous éclaire sur le sens détourné des mots et des formes utilisés sur la place du village ; il est bien question, entre autre chose, de religion et de canards, ceux-là mêmes dont la chair entrait dans les recettes de tous les petits fours dégustés tout à l’heure. Sur l’autel, un téléviseur diffuse une vidéo qui montre sans emphase les recherches et expérimentations préparatoires de ‘Péchés aux canards’ ; c’est filmé dans une ambiance familière et tendrement drôle.
Ce vernissage a été inspecté par Auguste Legrand en personne, écrivain, éditeur et critique gastronomique français qui nous a attribué la note maximale (six cacahuètes) dans le guide Legrand des buffets de vernissage.
Mon deuxième invité est installé dans une belle demeure non loin de la place, au centre du village. Jérémy Laffon à investi le jardin majestueux de Carole et Charley Puyelo. Nous n’y accèderons pas par la maison, mais par une ruelle qui conduit directement sur le lieu d’intervention de l’artiste. Dès que nous nous engageons dans cette voie étroite, un bruit sec et répétitif rythme et accompagne nos pas jusqu’à un portail auquel est accrochée une mise en garde très électrique sous forme de pictogramme. Nous comprenons dès lors que la pièce proposée ici fonctionne en tension avec le spectateur, nous vérifierons très vite que c’est l’ensemble du contexte qui est mis sous tension dans un épilêpsis (3) radical. Le rythme perçu dans la rue ne nous quitte pas, il change juste de tonalité et de source. Ici il provient d’un poste à clôture généralement utilisé pour parquer les animaux. L’appareil est connecté à une Jaguar Sovereign accidentée et sans roues posée sur une sorte de socle en bois. Les feux du véhicule clignotent au rythme impulsé par le poste à clôture. De toute évidence la voiture-sculpture est entièrement sous tension, le jeu (cher à Jérémy Laffon) consistera à vérifier l’hypothèse en s’armant de courage pour poser ses mains sur l’objet de luxe et d’art. Une deuxième forme est alors perceptible, celle invisible de l’électricité, peut-être la plus aboutie, sûrement la moins objectale. En s’éloignant un peu de la Jaguar, le premier claquement entendu dans la rue revient à notre oreille et nous attire au fond du jardin. Au détour d’un massif se dresse un vieux portique en béton, carrément austère, franchement disgracieux, c’est le support idéal pour un pic vert mécanique fait d’un piolet articulé animé par un moteur d’essuie-glace. L’animal métallique et électrique s’attaque à un arbre aussi dur et froid que lui dans un concert minimal, obsédant et cruel comme un supplice chinois. À quelques mètres de là, une dépendance un peu délabrée s’appuie sur le mur d’enceinte du lieu. La porte de ce hangar à outils est percée de quatre hublots sans fonction apparente. Une lumière blanche et crue jaillit de ce nulle part mystérieux et stroboscopique. ‘Enlever les roues, couper les fils, sans perdre la masse’, est le titre général, il comprend ‘epileptic sovereign’, ‘pic vert’ et ‘hublots’. Le tout est épileptique au sens grec, le nouveau comme l’ancien, Jérémy Laffon a mis la main sur le jardin et nous prend par surprise.
C’est après avoir reçu Marie Aerts en tant qu’artiste de la performance, dans le cadre de la saison dernière des AFIAC/Café/Performance que j’ai eu envie d’aller plus loin en invitant la plasticienne. Nul ne saura ce qui s’est dit entre Marie et Marianne Delaunoy, son hôte belge récemment installée dans cet ancien presbytère. C’est du domaine du privé. Si la pièce réalisée par l’artiste a quelque chose à voir avec le contenu de ces discussions, nous déduirons qu’elles furent intenses, profondes et révoltées. ‘Révolte’ produit un choc visuel certain. Sous le chêne séculaire et majestueux en façade de la maison, un homme pendu haut et court, a quitté son enveloppe charnelle pour ne laisser que son costume strict et impeccable au bout de la corde. Un groupe de drapeaux aussi stricts que l’habit du pendu semble organisé en une assemblée protocolaire quelque peu inquiétante. Marie Aerts nous en dit davantage dans les pages qui lui sont consacrées dans ce livre. L’homme sans tête, vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche (façon trader à la City) est omniprésent dans les performances de l’artiste, son corps est habité et se meut. Peut-être faut-il voir la fin de cette récurrence dans la disparition de toute humanité à l’intérieur de ce qui n’est plus ici qu’un pantin inerte.
(1) Rapport d’enquête remis à l’association Commissaires d’exposition associés. Laurent Jeanpierre, Université Paris 8-Saint-Denis. Séverine Sofio, Université Paris 1.
(2) Christian Ruby, Anarchisation et /ou émancipation du spectateur ? Catalogue « Anarchisations » Fiac 2011.
(3) En grec, le mot epilêpsis ou epilêpsia signifie : « action de saisir, de mettre la main sur quelque chose, attaque, interception, arrêt soudain ». Il tire son origine du grec ancien : « » (epilambanein) qui signifie « prendre par surprise ».

Docteur Francois Courbe – Anarchisations – + si affinité 2011

Docteur Francois Courbe

Fiac  2011  –  + si affinité  Anarchisations

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique, Patrick Tarres, Jackie Ruth-Meyer

L’artiste était reçu chez Sandrine Dominin.

« Passer sur le billard  »

Cabinet Artiologique Docteur François Courbe Artiologue Café Fiac 81500 Fiac

Docteur.Courbe.1

Mi-Fiac / mi-raisin, 2011
Café Fiac / Centre névralgique des opérations artiologiques.
Installation vive en vue d’une transfusion vinicole à base d’une cuvée spéciale «FIAC» de Médoc, opérée par mes soins suite à un passage sur le billard.
Salle d’attente avec projection d’oeuvres vidéos d’actions : «Autour de la Santé» (Prison de la Santé, Paris -1999) ; «In memoriam Imhotep» (Egypte – 2001) ; «Diabète Experience» (Diabat, Maroc – 2004) ; «La Grande Evasion – Aux prisonniers de la Santé» (Gouvernorat de Tataouine, Tunisie – 2005).

Docteur.Courbe.2

Cette installation contemplative et/ou participative (après l’effort, le réconfort), se compose du billard fonctionnel du café, surmonté de la structure en médium de type pharmaceutique, formant ainsi le logo en vue aérienne de la croix verte, mise en abîme par les croix miniatures des rampes.

Docteur.Courbe.4

Au mur, deux tirages photographiques de moi-même vêtu en médecin, avec une cuvée de Médoc, devant les panneaux signalétiques des villages de «Bû» (département des Yvelines – depuis 1992) et de «Pabu» (département des Côtes d’Armor – depuis 2007) ; s’ajoute une vidéo apparition/disparition du docteur devant les panneaux signalétiques de Fiac, accompagnée d’un mixage du morceau «I don’t need no doctor» interprété par Ray Charles.
Centre de transfusion, composé d’une table-sculpture liquide SANTAT (Santé en occitan) pour le remplissage des verres de la cuvée spéciale (65 trous nécessaires pour écrire SANTAT avec verres intégrés), faisant ainsi une allusion à « Santé », trinquer et guérir !

Docteur.Courbe.5

Consultations et transfusions de Médoc, non remboursées par la Sécurité Sociale mais gratuites (licence XXXIII°), au sein de cet établissement stratégique (licence IV) en ce qui concerne l’échange, la transmission, les transfusions, la convivialité, à l’année. Retrouver une certaine culture du café, je dirais même plus «une culture certaine» à la manière du 19e siècle, comme milieu de contestation, de critique, de création.

In situ, cette installation active, singulière et conviviale, amène un regard, une réflexion, une authenticité, une liberté d’expression tant physique que morale, une ivresse de la pensée.
Bien Ami Calmant, Santé !

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Commissariat :
Patrick Tarres, Directeur artistique de l’AFIAC
Pascal Pique, Directeur du FRAC Midi-Pyrénées
Jackie-Ruth Meyer, Directrice du centre d’art Le LAIT

Les artistes : Christian Ruby, Pablo Garcia, Medhi-Georges Lahlou, Thierry Boutonnier, Mathieu Beauséjour, Laurent Pernel, Estefania Penafiel Loaiza, Docteur Courbe, Magali Daniaux et Cédric Pigot

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Magali Daniaux et Cédric Pigot – Anarchisations – + si affinité 2011

Magali Daniaux et Cédric Pigot

Fiac  2011  –  + si affinité  Anarchisations

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique, Patrick Tarres, Jackie-Ruth Meyer

L’artiste était reçu chez Magali Outtier, Vincent Verlinde et Séverine Cassez

« Soleil noir »

Tirages sur papier Kodak métallique

« Cyclone Kingkrab et Piper Sigma »

«Voyage à travers la jungle », «Dieu-bite » et « Lait frelaté »

Magali.Daniaux.Cedric.Pigot.1

Révolution
C’est la queue au pied du plongeoir du grand bassin itinérant, 20 000 mètres cube d’une eau japonaise dite “profonde” javellisée. Quelques pistoleros de l’avant-garde s’y baignent comme un livre d’histoire quadri faisant la planche. Certains ont cru aux nouvelles armes bactériologiques qu’ils ont manipulées ardemment dans des laboratoires secrets, s’inoculant ainsi quelques maladies infectieuses incurables, d’autres, plus malins, ont simplement explosé sur les mines antipersonnel qu’ils fabriquaient dans des caves, perdant ainsi jambes, bras, souvent les deux. Peu sont morts et tous sont à la charge des nations qui les ont motivés et vivent cachés dans des villages-vacances bon-marché réquisitionnés. Le bruit des groupes électrogènes couvrent le long râle de leurs femmes qui depuis ont perdu tout appétit, oubliées très vite de leurs enfants devenus hippies pour la plupart, ou banquiers.

Magali.Daniaux.Cedric.Pigot.2

Vaisseau Divin atterrit par erreur en haut du plongeoir, il a appuyé sur la mauvaise touche de son téléportateur, ce qui lui rappelle le jour où il est tombé amoureux d’une interférence nommée ZX, sorte de drapeau olfactif, gadget infantilisant vendu à bas prix dans les magasins Storq. Il mit dix jours à s’en débarrasser, et perdit un mois de salaire pour cause de déconcentration.
En bas, sur les bords de la piscine, les femmes transpirent et une odeur nauséabonde sort de leur corps visqueux. Elles portent des maillots de bain bleu marine et des copies de Ray-Ban masquent leurs yeux livides. Elles jouent au bridge, tricotent, lisent d’affreux magazines remplis de belles histoires tordues, d’interviews truqués, de photos loupées. Elles s’échangent des tuyaux et discutent des programmes télé dont elles raffolent, des séries pitoyablement infinies où des actrices hystériques se lamentent en 5.1, des reportages répétitifs sur l’avenir de la planète, la fonte des glaces, la disparition du marsouin, la dernière prouesse technique et architecturale d’un stade de foot. Elles sont devenues écologistes et font partie d’associations véreuses qui balancent d’hélicoptères des sacs de céréales et du coca sur des gamins maigrichons. Ensemble, elles se rendent à des meetings politiques et distribuent des prospectus remplis de slogans merdiques tirés de livres de philosophie qu’elles impriment sur des petites rotatives récupérées. Elles sont remplies d’espoir et s’entraînent mutuellement à devenir plus minces et plus sexy.

Magali.Daniaux.Cedric.Pigot.3

Aujourd’hui, à 10 mètres de haut, un étrange sentiment de déjà vu envahit Vaisseau Divin et ces mots lui viennent à l’esprit : caresse du consolateur. Pour se sortir de ce traquenard, il imagine rapidement un saut acrobatique qui lui permettra de vaincre une nouvelle fois la perméabilité du temps et de l’espace, un saut qu’il nomme Singleton Ajouré et qu’il scande et annonce aux pistoleros barbotant tout en bas et à leurs femmes pétrifiées. Quelques images d’un vieux souvenir scabreux lui reviennent aussi à l’esprit mais déjà sous ses pieds la planche se fait plus souple, plus liquide. Il se lance dans le vide, la bouche encore grande ouverte.

Magali.Daniaux.Cedric.Pigot.4

Traces | vidéo


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Commissariat :
Patrick Tarres, Directeur artistique de l’AFIAC
Pascal Pique, Directeur du FRAC Midi-Pyrénées
Jackie-Ruth Meyer, Directrice du centre d’art Le LAIT

Les artistes : Christian Ruby, Pablo Garcia, Medhi-Georges Lahlou, Thierry Boutonnier, Mathieu Beauséjour, Laurent Pernel, Estefania Penafiel Loaiza, Docteur Courbe, Magali Daniaux et Cédric Pigot

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Mathieu Beauséjour – Anarchisations – + si affinité 2011

Mathieu Beauséjour

Fiac  2011  –  + si affinité  Anarchisations

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique, Patrick Tarres, Jackie Ruth-Meyer

L’artiste était reçu chez Hubert Javelot

« This is Not a Riot »

Oeuvre sonore, durée 13’13, diffusion intermittente

« Reconstitution »

Performance

Mathieu.Beausejour.1

J’ai réalisé une trame sonore d’émeutes urbaines. Les échantillons proviennent de manifestations turbulentes captées en vidéo disponible sur YouTube, en Égypte, en Grèce, à Londres et à Toronto. Le résultat est assez violent, entre la détresse, la casse, la police, la panique et le chaos. J’ai délibérément laissé de côté les manifestations festives pour rendre compte de la rage des peuples contre les autorités policières, financières et gouvernementales.

Mathieu.Beausejour.2

J’ai besoin de ce bruit. J’ai eu besoin de le reproduire à l’échelle publique et de le faire entendre à Fiac et à Montréal dans des contextes spécifiques. À Montréal, dans un quartier industriel, où une communauté d’artistes se voit délocalisée par la spéculation immobilière. À Fiac, du haut de la colline, les émeutes se faisaient entendre, elles sortaient de nulle part. Dans le contexte paisible du village, le grabuge sonore nous rappelait que nous sommes tous révoltés face aux injustices. Peu importe où nous sommes, la machination de la brutalité peut être contrecarrée par l’organisation de chaos, par la mise en commun des forces humaines contre la machine normalisante.

Traces | vidéo


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Commissariat :
Patrick Tarres, Directeur artistique de l’AFIAC
Pascal Pique, Directeur du FRAC Midi-Pyrénées
Jackie-Ruth Meyer, Directrice du centre d’art Le LAIT

Les artistes : Christian Ruby, Pablo Garcia, Medhi-Georges Lahlou, Thierry Boutonnier, Mathieu Beauséjour, Laurent Pernel, Estefania Penafiel Loaiza, Docteur Courbe, Magali Daniaux et Cédric Pigot

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Estefania Penafiel Loaiza – Anarchisations – + si affinité 2011

Estefania Penafiel Loaiza

Fiac  2011  –  + si affinité  Anarchisations

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique, Patrick Tarres, Jackie-Ruth Meyer

L’artiste était reçu chez Christophe Tellez

« Vent d’Est » et « Lectures-performances » 

Estefania.Penafiel.Loaiza.1

 

Initié en 2005, le projet compte à rebours consiste à lire à l’envers toutes les constitutions politiques approuvées depuis la fondation de la République de l’Équateur (17 constitutions), en commençant par le dernier phonème du dernier mot de la constitution la plus récente (1998), jusqu’au premier phonème du premier mot de la première constitution (1830). Chaque séance de lecture est enregistrée en son et vidéo, et les images ainsi obtenues sont ensuite éditées à l’envers, dans un dernier retournement du temps, des mots et des espaces parcourus.
Lors de mon passage par la ville de Fiac, dans le cadre du Festival + si affinité, j’ai tamponné sur le feuillage des arbres qui entourent l’église au centre-ville, une phrase écrite en caractères grecs. On y lisait : «ϒπάρχει Λόϒος». Cette phrase, qui peut se traduire par « Il y a des raisons », a été reprise par les manifestants grecs lors des mouvements de protestation sociale advenus notamment à Athènes, en 2008. Les arbres porteront ces mots sur eux pendant quelques mois. Ensuite, les feuilles tomberont à l’automne et seront disséminées par le vent.

Estefania.Penafiel.Loaiza.2 Estefania.Penafiel.Loaiza.3 Estefania.Penafiel.Loaiza.4 Estefania.Penafiel.Loaiza.5 Estefania.Penafiel.Loaiza.6.

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Commissariat :
Patrick Tarres, Directeur artistique de l’AFIAC
Pascal Pique, Directeur du FRAC Midi-Pyrénées
Jackie-Ruth Meyer, Directrice du centre d’art Le LAIT

Les artistes : Christian Ruby, Pablo Garcia, Medhi-Georges Lahlou, Thierry Boutonnier, Mathieu Beauséjour, Laurent Pernel, Estefania Penafiel Loaiza, Docteur Courbe, Magali Daniaux et Cédric Pigot

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Laurent Pernel – Anarchisations – + si affinité 2011

Laurent Pernel

Fiac  2011  –  + si affinité  Anarchisations

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique, Patrick Tarres, Jackie-Ruth Meyer

L’artiste était reçu chez Heidi et Finn Bosky, Franck Jelken.

« Finnland  » 

Vidéo, 7’30, 2011

« Le Manège   »

Panneaux électoraux et trampoline, 2011

« Garde à vous  »

Hamac en fil de pêche, 2011

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Plus que le terme Anarchisations, le sous-titre Conspire aujourd’hui/Inspire demain a toujours résonné en moi comme un leitmotiv, une injonction de résistance. Avec l’invitation de Fiac, ce fut également l’occasion d’éprouver un contexte de travail particulier : une famille dont on ne connaît rien et pourtant avec qui dans l’urgence de la création, des liens se tissent et les échanges permettent d’échafauder des plans… Conspire aujourd’hui… L’état, l’état de soi, de la vie, de l’État, l’image que l’on donne de soi. Le manège de la vie, le grand cirque des élections dans sa version 2012, et le printemps arabe qui nous donne une leçon : non, sous le soleil la misère n’est pas moins pénible.
Alors une première envie : investir le jardin avec Le Manège. Douze panneaux électoraux mariés à un improbable trampoline noir dans ce jardin ouvert sur le paysage environnant. Puis, avec le hamac bleu blanc rouge Garde à vous, une invitation à la contemplation, à la rêverie, à la sieste dans les bras de la République.

Laurent.Pernel.1

Une rencontre avec la famille. Un adolescent qui apparaît timidement au petit déjeuner. C’est Finn, chevelure abondante, visage d’ange. Un feeling qui s’installe à coups d’échanges brefs, entre céréales, oeufs à la coque et thé. Une proposition de faire un film ensemble. Une réponse : «Oui, je pense que c’est une bonne idée ». Ce sera Finnland. Un film dont la trame se déploie autour de ce jeune adolescent. Le silence de la campagne rendant perceptible l’épreuve de son isolement. Seules les notes de sa guitare et le moteur pétaradant de son quad, viennent témoigner de sa présence. L’adieu à l’enfance passera par la révolte adolescente, mais aussi par le gouffre de sa solitude… Inspire demain.

Traces | Vidéo

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Commissariat :
Patrick Tarres, Directeur artistique de l’AFIAC
Pascal Pique, Directeur du FRAC Midi-Pyrénées
Jackie-Ruth Meyer, Directrice du centre d’art Le LAIT

Les artistes : Christian Ruby, Pablo Garcia, Medhi-Georges Lahlou, Thierry Boutonnier, Mathieu Beauséjour, Laurent Pernel, Estefania Penafiel Loaiza, Docteur Courbe, Magali Daniaux et Cédric Pigot

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Thierry Boutonnier – Anarchisations – + si affinité 2011

Thierry Boutonnier

Fiac  2011  –  + si affinité  Anarchisations

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique, Patrick Tarres, Jackie Ruth-Meyer

L’artiste était reçu chez Natasha Brunher et Louise Daley.Marie-Claude Cassan

« Sempervirens »

Dispositif à côté d’un buis multicentenaire. Feuilles de buis, table de manipulations, verrerie, bec bunsen, pipette, fioles de 40 ml. 2011. Action : Service d’une infusion de feuilles de buis.

« Epiméthée »

Insectarium, maillet en bois, criquets pèlerins.

Thierry.Boutonnier.1

À Fiac, dans le jardin de Natasha Brunher, un buxus sempervirens trône, il est multicentenaire. Ce buis est le personnage silencieux d’une exposition qui s’administre de telle manière que le spectateur s’automédicamente grâce à une posologie sensible. À travers l’expérience proposée par « Sempervirens », je prescris une utilisation de cette ressource thérapeutique locale en réalisant une infusion pour un public averti. Plus de 250 personnes ont testé cette infusion. Le buis est notre médiateur. Dans la demeure de mon hôte, lieu d’expérience, je conçois un parcours pour passer de l’ombre à la lumière, de l’intérieur vers le dehors. À l’heure du scandale du « médiator® », d’une industrie pharmaceutique qui pratique la biopiraterie à tout va et la destruction des savoirs traditionnels qui empêche la transmission de pratiques médicinales en rapport avec son environnement, je propose de penser nos poisons. Le public rencontre une nature au-delà de la morale, ni bonne, ni mauvaise, qui exige de l’Homme qu’il prenne sa mesure. L’insectarium, cette boîte de pandore pleine de criquets migrateurs prêts à dévorer la campagne, présente cet équilibre précaire. Il repose sur le jugement de quelqu’un qui réfléchit après coup.
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Commissariat :
Patrick Tarres, Directeur artistique de l’AFIAC
Pascal Pique, Directeur du FRAC Midi-Pyrénées
Jackie-Ruth Meyer, Directrice du centre d’art Le LAIT

Les artistes : Christian Ruby, Pablo Garcia, Medhi-Georges Lahlou, Thierry Boutonnier, Mathieu Beauséjour, Laurent Pernel, Estefania Penafiel Loaiza, Docteur Courbe, Magali Daniaux et Cédric Pigot

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Medhi-Georges Lahlou – Anarchisations – + si affinité 2011

Medhi-Georges Lahlou

Fiac  2011  –  + si affinité  Anarchisations

Un événement de l’AFIAC

Commissaire d’exposition : Pascal Pique, Patrick Tarres, Jackie Ruth-Meyer

L’artiste était reçu chez Marie-Claude Cassan.

« Salât ou autoportrait dirigé »

et

« Devout with the Niqab performance »

3 jours / 7 heures par jour

Mehdi.Georges.Lahlou.1

« Salât ou autoportrait dirigé » est une installation/sculpture constituée de neuf moulages de corps en prière musulmane. Cela faisait déjà longtemps que je voulais réaliser cette installation/sculpture. L’événement + si affinité 2011 « Anarchisations » a permis la naissance de cette pièce. « Salât ou autoportrait dirigé » est la suite logique de l’installation « Cocktail ou autoportrait en société » que j’ai réalisée en 2009 et qui a suscité quelques polémiques en Belgique. Cette pièce représentait un espace de prière fictif dans un magasin à Bruxelles où était disposée une série de tapis de prière au sol en direction de La Mecque. Chaque tapis était associé à une paire de chaussures masculines, à l’exception d’un tapis vert, au centre de l’installation, qui accueillait une paire d’escarpins rouges. Les talons aiguilles rouges, un motif que j’utilise souvent dans mon travail, reviennent également dans mes performances comme dans « Marche de 30 km entre deux lieux d’art, de la galerie Transit (Malines) à Lokaal 01 (Anvers) » qui a duré plus de neuf heures.
Dans cette même idée d’autoportrait, chacune des neufs sculptures /moulages de « Salât ou autoportrait dirigé » est une représentation de mon corps en position de prière (huit dans un mouvement de prosternation et une en position agenouillée) recouvert par un drapé de plâtre blanc. Il s’agit ici de confronter deux conceptions différentes de la couleur blanche, celle de la culture musulmane pour laquelle le blanc est associé au deuil et celle du christianisme qui en fait un symbole de pureté.

Mehdi.Georges.Lahlou.2

Le drapé est aussi présent dans l’histoire de la sculpture occidentale, en particulier dans l’esthétique liée à la religion catholique, comme c’est le cas pour la robe de la Vierge ou les tissus cachant les parties intimes. L’association de ce drapé à la position agenouillée visible dans la neuvième sculpture de « Salât ou autoportrait dirigé » crée une ambiguïté. Cette neuvième sculpture devient une sorte de Vierge, qui semble résister à l’envie de se prosterner. Compte tenu du contexte de l’événement, la réalisation de « Devout with the Niqab performance » m’a semblé nécessaire. Pendant trois jours, j’ai essayé de tenir une pose proche de l’extase mystique. En Niqab, pendant des heures sous un soleil brûlant, j’ai tenté de questionner la durée, l’endurance du corps, mêlant un symbole lié à la culture musulmane à un mouvement lié à l’imagerie catholique, travestissant cette statue en Madone. La question du corps et de l’identité intervient souvent comme un axe primordial dans ma pratique associée à une bonne dose d’humour qui appuie l’ambiguïté de la représentation.
Dans le dernier texte que Pierre Giquel (critique et poète, professeur aux Beaux-Arts de Nantes) a écrit sur mon travail, je retiens ce passage :
‘A le voir les bras en l’air pendant un temps qui s’étire, on s’étonne. Mais ici, nous est-il précisé, le temps est tel parce qu’il suit les heures d’ouverture du lieu. Mehdi-Georges Lahlou exclut d’emblée toute intention victimaire. Le martyre change de ciel mais n’ajoute pas à la confusion. Il s’agissait de tester la durée et non pas réactiver un quelconque attachement à un souvenir. Ailleurs c’est pourtant bien la conscience d’une double appartenance, aux rites chrétiens et musulmans, qui conduit l’artiste à faire des choix paradoxaux. Brouiller les pistes reste le moyen le plus sûr pour ne jamais être capturé. A la violence qui transpire dans chaque geste des fidèles, répond l’irrégularité d’une dérobade. Aux foules enivrées Mehdi-Georges Lahlou oppose une attitude sereine qui emprunte autant à l’enfance qu’aux parures du clown. Aux saveurs du pastiche sont associées les joies du détournement’.

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À Fiac en 2011 – Anarchisations, restera une expérience inoubliable. Il est impossible d’oublier la générosité des Fiacois et de toutes les personnes qui ont participé à cet événement, directement ou indirectement. À refaire !
Grand Merci à Patrick Tarres, Pascal Pique et Jackie-Ruth Meyer, à toute l’équipe et aux bénévoles.
Mehdi-Georges Lahlou, Bruxelles, le 30 avril 2012

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Commissariat :
Patrick Tarres, Directeur artistique de l’AFIAC
Pascal Pique, Directeur du FRAC Midi-Pyrénées
Jackie-Ruth Meyer, Directrice du centre d’art Le LAIT

Les artistes : Christian Ruby, Pablo Garcia, Medhi-Georges Lahlou, Thierry Boutonnier, Mathieu Beauséjour, Laurent Pernel, Estefania Penafiel Loaiza, Docteur Courbe, Magali Daniaux et Cédric Pigot

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